Valcrétin
Titre : Valcrétin
Auteur : Régis Messac
Éditeur : Ex Nihilo
Date de publication : 2009 (1ère édition en 1973)
Synopsis : Sur une île perdue du Pacifique sud, les membres d’une expédition scientifique et civilisatrice partent à la recherche des crétins. Ils observent puis se heurtent à un groupe d’êtres humains dégénérés, aux « os ramollis », au « crâne en cône tronqué ». Après plusieurs mois passés sur l’île, les membres de l’expédition sombrent peu à peu dans la folie, et tombent sous l’influence des Crétins. Leurs esprits vacillants n’ont plus ni référence ni valeur.
Valcrétin est le dernier roman écrit par le facétieux Régis Messac, entre novembre 1942 et mars 1943, peu avant une déportation sans retour. C’est le roman messacquien par excellence, caractéristique du style noir, acide et satirique d’un auteur en avance sur ses contemporains.
Plus d’espaces inexplorés sur le globe ? Quelle plaisanterie !
[Incipit]
Valcrétin porte bien son nom. Dans son tout dernier roman avant de succomber pendant la Deuxième Guerre mondiale, Régis Messac y tisse un récit d’exploration singulier parti d’une idée toute simple : et si, sur notre planète que nous pensons bien connaître (déjà en 1943, date de publication originale), nous trouvions une vallée où s’est développée une civilisation dite « crétine », en marge de toutes les autres populations dites « civilisées » ? L’aventure ne semble résolument pas positive pour l’auteur de Quinzinzinzili…
À l’image de beaucoup d’autres récits d’exploration de terres jusqu’alors inconnues (Voyage au centre de la Terre, de Jules Verne, en est le parfait exemple), le récit débute sur une découverte toute bête mais significative selon ce que l’expédition en tirera. En l’occurrence, nous suivons l’expédition de quelques savants organisée vers une île qui abriterait une colonie d’humains n’ayant pas côtoyé d’autres civilisations depuis des lustres et des lustres, et qui est bien évidemment considérée par nos « héros savants » comme des dégénérés. L’expédition est financée par le richissime Charles Corrabin, mais elle est narrée par le dénommé Le Bret, qui est également accompagné de son supérieur, le professeur Baber. Les expériences débutent dès leur arrivée sur cette île au large du Chili, mais rapidement rien ne tourne rond dans cette végétation exubérante, mais en déliquescence programmée.
Nous suivons donc cette descente aux enfers, dans les corps et les esprits. Il est dommage que le récit soit si court, à mon humble avis, car l’histoire n’est pas totalement aboutie. Le style est très ancré dans son époque, malgré un hygiénisme qui se poursuit de nos jours et des justifications médico-scientifiques qui pourraient malheureusement avoir encore cours dans notre « charmante » société. Les personnages, malgré quelques fausses pistes, évoluent en fait assez peu, et il est plutôt difficile de s’y attacher, même pour le plus sensible de tous, le dénommé Peignouf, En revanche, notons quelques passages très réussis sur le dégoût des visiteurs pour cette proto-civilisation aussi étrange que répugnante à leurs yeux.
Avec Valcrétin, Régis Messac ne réalise pas un texte d’une grande valeur ; toutefois, ce sont les idées qu’il y propose et développe qui auront une valeur pour le lecteur du début du XXIe siècle.
Aucun commentaire
Sandrine
Très intéressant, je ne connais ce texte. Quand on pense que la même année sortait l’insupportable ‘Ravage »…
Dionysos
Je ne l’ai pas lu, mais c’est autre chose en effet (du point de vue que je m’en fais en tout cas).