Batman Beyond, tome 1 : Le retour de Silence
Titre : Le retour de Silence
Série : Batman Beyond, tome 1
Scénaristes : Adam Beechen et Paul Levitz
Dessinateurs : Ryan Benjamin, Renato Guedes, Eduardo Pansica et Chris Batista
Éditeur : Urban Comics (DC Beyond)
Date de publication : 7 mai 2015 (2012-2013 en VO chez DC Comics)
Synopsis : 2049. Cela fait plus de 20 ans que Bruce Wayne a renoncé à porter le costume de Batman. Vieillard affaibli et aigri, reclus dans son manoir, le playboy milliardaire n’est plus que l’ombre de lui-même. Lorsque le destin conduit le jeune Terry McGinnis aux portes du manoir Wayne, ce dernier découvre le secret de son hôte et le convainc de devenir le nouveau Batman. Réticent, le vieil homme accepte et forme sa recrue. La relève est désormais assurée !
– Je n’ai jamais vraiment été à l’aise avec eux, en tant que Batman. Trop de variables. On ne sait jamais exactement ce que va faire un partenaire à un moment donné. Je n’aime pas m’appuyer sur les autres.
– Ah bon ? Moi y compris ?
– Hmm, tu ne t’en es pas trop mal tiré, pour l’instant.
– « Pas trop mal » ? « Pour l’instant » ? À toutes les équipes vidéo et fournisseurs d’informations ! Bruce Wayne vient de me faire un mini-compliment !
L’univers Beyond parle au fan des séries animées Batman des années 1990 que j’étais et que je suis encore. Dans ce contexte, le retour d’une série Batman Beyond dans la lignée de ce concept futuriste de Gotham ne pouvait que me ravir.
Pour attaquer ce premier tome de la nouvelle collection d’Urban Comics (DC Beyond), il faut déjà avoir à l’idée que ces tomes vont reprendre dans les grandes lignes les volumes que DC Comics reprend au numéro 0 à chaque changement de concept dans cet univers. Pour illustrer cela, nous débutons cet opus avec un Annual (équivalent ici à un double épisode) de la série Superman/Batman ! Et oui, cet univers avait besoin d’être réintroduit via une ficelle scénaristique grosse comme l’histoire des comics, mais qui ne biaise pas du tout la lecture ici (elle biaiserait plutôt celle de la série Superman/Batman). Au contraire, cette première aventure lance parfaitement les enjeux de l’univers Beyond, où les personnages ont évolué de quarante ans (par rapport à l’univers classique) dans un monde forcément bouleversé par la même occasion. Cette aventure se lit indépendamment du reste sans aucun problème, sachant que Paul Levitz officie au scénario de façon tout à fait lisible, alors que Renato Guedes est quand même un peu limite au dessin, car même si ce n’est pas moche, cela ne se concentre pas du tout sur les détails des visages, des corps, des textures.
Par essence, la série Batman Beyond se veut fun, distrayante et particulièrement énergique, du fait même de l’âge et de l’initiation de son héros. La bonne gestion générale de la trame narrative proposée est appréciable, surtout quand on s’attache à suivre les pérégrinations de tous ceux qui ont connu ou connaissent alors le costume de Batman, de Robin ou de Nightwing, et ça en fait du monde du coup ! Attendez-vous à réviser en pas mal de pages votre « histoire de Gotham » ! On risquerait même de découvrir parfois un Justice League Beyond trop rapidement, car la tentation est grande d’incorporer des éléments et des personnages venus de différents univers en dehors de Gotham. De fait, on a passé un cap quand on se rend vite compte qu’après le premier arc, nous sommes directement rendus au volume 4 ! Définitivement, cette série a une histoire éditoriale complexe et controversée.
Pour le reste, les détails de ce premier tome vont parfois spoiler quelques mini-intrigues et peuvent vous mener tantôt à l’excitation, tantôt à l’exaspération. Dans les premiers numéros « nouvelle génération » (volume 3 plus exactement, en VO, rappelons-le encore), l’arc « Le retour de Silence » vous résonnera fortement à l’esprit si vous avez déjà lu Batman & Robin, tome 1. Notez que, si Adam Beechen nous mène un scénario efficace, Ryan Benjamin est clairement dans une mauvaise passe au dessin vu sa qualité graphique sur ces numéros. Par exemple, le frère de Terry McGinnis ressemble étrangement à Damian Wayne qui est, par contre, étrangement zappé de la continuité (inventé après coup par Grant Morrison). Pour autant, il réussit au moins à faire correspondre le visuel d’Amanda Waller avec sa caractérisation, puisqu’elle est plus perverse et déterminée que jamais. À y réfléchir davantage, cette caractérisation des personnages devient un peu caricaturale quand Batman/Terry McGinnis affronte la Justice League nouvelle génération ; Bruce Wayne ne pense qu’à se venger et à se rappeler ses jeunes années sans jamais penser aux civils en danger, ce qui, malgré son âge avancé, ne correspond pas du tout à son tempérament. Heureusement, même si les relations Terry – Dana ne sont pas parfaites, l’histoire finit par se recentrer sur Gotham et ses habitants grâce au dernier arc de ce tome, « Révolution industrielle ».
Batman Beyond, tome 1 n’est donc clairement pas exempt de défaut, pourtant l’attrait de cet univers n’est pas à démentir, car cette lecture fut bien plaisante, malgré mes chipotages. Les quelques incompréhensions sur la construction du volume qui pourront vous apparaître au fil de la lecture seront nécessairement expliqués par la postface : Batman Beyond est plusieurs fois reprise à zéro en un nouveau « volume » de publications VO ; c’est pourquoi Urban Comics a senti la nécessité de créer une nouvelle collection, DC Beyond, regroupant des publications de cet univers s’étendant avant, pendant et après les aventures des New 52 (DC Renaissance). La série Batman Beyond est donc d’ores et déjà prévue en trois tomes afin de s’étendre aussi sur Batman Beyond Unlimited dans le tome 2 et Batman Beyond Universe dans le tome 3, avant de laisser le relais à Futures End qui fait la part belle au personnage de Terry McGinnis justement.
Autres critiques : CritiComics, DarthFry (DCPlanet) et Tibo (The Mighty Blog)