La Mort du roi Tsongor
Titre :
Auteur : Laurent Gaudé
Éditeur : Actes Sud (Babel) (puis Le Livre de Poche et Thélème)
Date de publication : 2002
Synopsis : Dans une Antiquité imaginaire, le vieux Tsongor, roi de Massaba, souverain d’un empire immense, s’apprête à marier sa fille. Mais au jour des fiançailles, un deuxième prétendant surgit. La guerre éclate : c’est Troie assiégée, c’est Thèbes livrée à la haine. Le monarque s’éteint ; son plus jeune fils s’en va parcourir le continent pour édifier sept tombeaux à l’image de ce que fut le vénéré -et aussi le haïssable -roi Tsongor. Roman des origines, récit épique et initiatique, le livre de Laurent Gaudé déploie dans une langue enivrante les étendards de la bravoure, la flamboyante beauté des héros, mais aussi l’insidieuse révélation, en eux, la défaite. Car chacun doit s ‘accomplir, de quelque manière, l’apprentissage de la honte.
Je suis le roi Tsongor, et j’ai sur mes joues et au creux de mes mains autant d’années que tu as de cheveux.
Laurent Gaudé a réussi son coup de main de maître : La Mort du roi Tsongor, on l’attend tout d’abord, on la pleure par la suite, on se la dispute pendant un moment homérique, et enfin on l’honore.
Comme c’est son but avoué, à l’instar de la Guerre de Troie dans l’Iliade, La Mort du roi Tsongor exprime toute la force des serments, quintessences de l’honneur par-delà la mort et les combats, ces serments qui parcourent des vies, en ravagent d’autres et emportent celles qui restent. Dans ces six chapitres d’une rare intensité, Laurent Gaudé exprime la face tragique de la fidélité sous toutes ses formes : du simple conflit de palais à la guerre ouverte, du conflit psychologique en chacun de nous à la haine vivace qui dure toute une vie, la fidélité, la passion et la haine sont plus que jamais présentes dans ce roman. Court roman d’ailleurs, environ deux cents pages (cinq heures et demie d’écoute en livre audio pour ma part), La Mort du roi Tsongor brille par ses six chapitres très bien découpés, où la situation est sans cesse bouleversée, une situation qui avance vraiment et cela apparaît même dans l’enchaînement et l’alternance des personnages principaux, chacun ayant son moment de gloire, ses monologues, ses décisions à prendre.
Et encore, je l’ai découvert non par l’écrit, mais par l’audio, aux éditions Thélème. Les mots s’y font précis et pesants (plutôt bien rendus par le voix du comédien Pierre-François Garel) et expriment toute la force de l’épopée par excellence. Le fait que tout cela se déroule dans une Afrique ancestrale, pour certains imaginaire, mais somme toute plausible, n’enlève rien, bien au contraire, à l’intérêt de lire La Mort du roi Tsongor ! On aurait tort de ne pas voir de la fantasy dans ce que certains pourraient voir comme de la littérature blanche/générale/contemporaine (au choix).
Une épopée magistrale aux accents homériques et au ton lourd de sens : une belle plongée dans le talent de Laurent Gaudé !
Autres critiques : Caro (Carolivre) ; L’Animal Lecteur
Aucun commentaire
belette2911
Je n’avais pas l’intention de le lire jusqu’à ce que je lise ta chronique :evil et je ne te dirai pas « merci » ! 😆
Dionysos
En revanche, je te dis « de rien ». 😛
belette2911
Évidemment ! 😀