Super-Héros

Thor : Le monde des ténèbres

Thor 2 Le monde des ténèbres

Titre : Thor : Le monde des ténèbres (Thor : The Dark World)
Cycle : Thor 2 ; Univers cinématographique Marvel, phase 2
Réalisateur : Alan Taylor
Acteurs principaux : Chris Hemsworth, Tom Hiddleston, Christopher Eccleston, Anthony Hopkins, Natalie Portman
Date de sortie : 30 octobre 2013

Synopsis : Thor se bat pour restaurer l’ordre, mais une ancienne race, sous la conduite du terrible Malekith, un être assoiffé de vengeance, revient pour répandre les ténèbres.
Confronté à un ennemi que même Odin et Asgard ne peuvent contrer, Thor doit s’engager dans son voyage le plus dangereux et le plus personnel, un voyage qui va le ramener vers Jane Foster et l’obliger à tout sacrifier pour sauver l’espèce humaine…

Note 3.0

Certains pensent qu’avant l’univers, il n’y avait rien. Ils ont tort. Il y avait les ténèbres…

Le tonnerre gronde, il pleut des cordes : Thor est bien de retour et nous fait découvrir Le Monde des Ténèbres, à grands coups de marteau dans les étoiles.

Tout d’abord, c’est l’aspect visuel qui s’impose à nous. Non seulement le logo Marvel Studios a évolué (c’est anecdotique, mais c’est toujours à signaler), mais surtout l’ensemble de l’univers autour du personnage de Thor devient crédible. Les producteurs n’ont pas fini par contacter Alan Taylor pour rien, car le monde de fantasy composé des neuf royaumes soumis à Odin, le Père de toute chose, s’impose à nous comme quelque chose de tout à fait crédible. Décors grandioses, détails poignants et batailles avec un soupçon d’épopée : c’est ce qu’on demande à une adaptation du super-héros asgardien, issu du panthéon nordique. Et d’ailleurs cet aspect est souligné par l’ambiance « viking » qu’a voulu ingérer et insérer Alan Taylor ; un petit passage guerrier renvoie tout à fait à la série Vikings de la chaîne britannique History.

Mon ressenti visuel s’est accentué au moment d’entamer ce véritable voyage au sein des Neuf Royaumes (Asgard – Royaume des Dieux ; Vanaheim – Royaume des Vanes, peuple frère des Asgardiens ; Alfheim – Monde des Elfes de la lumière ; Nidavellir – Pays des Nains ; Midgard – La Terre ; Jotunheim – Royaume des Géants des glaces ; Svartalfheim – Monde des Elfes noirs ; Niflheim – Royaume des morts ; Muspelheim – Pays des Démons du feu et royaume de Surtur). Dès le départ, et ce jusqu’aux dernières secondes du film, nous voyageons d’Asgard à Midgard, en passant par Jotunheim et Svartalfheim sans aucune transition et sans problème aucun. L’enchaînement est donc à saluer puisque cela nous permet d’oublier la lancinante lenteur du premier opus qui nous attardait beaucoup trop sur notre chère Midgard. Les effets spéciaux mettant en scène ces transitions lors du combat final sont d’ailleurs ce qui relève le niveau des dernières minutes.

Un tel monde, vous en conviendrez, il faut le remplir. Disons-le tout de suite, pas de scénario rocambolesque ou d’intrigues formidables : ici, le scénario est très moyen, c’est le moins que l’on puisse dire, et comporte d’énormes facilités. L’aspect basique de la menace est là pour en témoigner, tant Christopher Eccleston et Adewale Akinnuoye-Agbaje semblent perdus avec leur poignée d’hommes en guise d’armée. Je passe sur la traduction malencontreuse de l’ « arme ténébreuse » (dite « éther », alors qu’un terme comme « arcane » aurait peut-être mieux correspondu et aurait fait clairement moins tâche du point de vue scientifique) et sur l’ensemble des inepties scientifiques que nous sort cette « chère » Jane Foster. Le final pâtit de tout cela et se termine de manière abracadabrantesque à coups de « nuage du Mal » (cf. Quatre Fantastiques et la Surfeur d’Argent ; Green Lantern ; etc.) et d’outils scientifiques (avec tous les guillemets possibles. Et finalement ce n’est pas le contenu du film qui enthousiasmera, mais plutôt ce qu’il promet au niveau visuel et ce qu’il sous-entend au niveau du monde mis en place (de gros indices impliquent de futurs films et ça promet beaucoup !).

C’est nous les méchants !C’est nous les méchants !

C’est le moins que l’on puisse dire, du point de vue des personnages, ce n’est pas la panacée non plus. Chris Hemsworth en Thor s’améliore de films en films, mais ne peut pas non plus inventer un charisme du jour au lendemain ; il a le mérite de camper enfin un Thor plus que puissant (très bien filmé surtout) et avide de traits d’humour bienvenus. Natalie Portman bénéficie d’un rôle et d’une exposition incroyables, mais n’est clairement pas à sa place dans ce contexte : on ne croit ni à son courage, ni à ses explications scientifiques (sa voix niaise en VF n’aide pas non plus, c’est vrai). Anthony Hopkins fait le minimum : il joue au talent, alors ça passe, mais il n’est pas passionné par ce qu’il fait, c’est évident. Les seconds rôles sont survolés pour la plupart et, pour ma part, seule Rene Russo m’a vraiment paru concerné par son rôle. D’ailleurs, Jaimie Alexander, Ray Stevenson et compagnie n’ont pas vraiment loisir à s’épancher entre des scènes réduites et des dialogues vaseux. Christopher Eccleston joue, lui, un Malekith finalement pas si terrible et pâtit aussi de son lourd maquillage qui le dévisage plus qu’il ne le crédibilise ; un visage comme le sien aurait pu être intéressant à mettre en valeur au lieu de le cacher. Non vraiment, de tous, seul Tom Hiddleston vit son personnage comme jamais. Il est Loki. Et pour la simple et bonne raison qu’il surkiffe ostensiblement de jouer le sordide, le resquilleur, le roublard dieu de la discorde et du mensonge. Devant son engouement et celui de ses fans, des scènes pour le mettre en lumière ont même été tournées en dernier recours ! Il justifie non seulement une bonne part de l’humour du film, mais également une quelconque suite à venir. En revanche, ce film bénéficie d’un des meilleurs caméos, si ce n’est le meilleur, des films Marvel (et pourtant je n’aime pas des masses l’acteur concerné, je vous laisse le plaisir de découvrir tout cela).

Tel père, tel fils, telle corneille (à deux yeux, ici)Tel père, tel fils, telle corneille (à deux yeux, ici)

Que l’on aime ou pas, on ne peut s’empêcher de voir des références partout dans ce film. La toute première scène penche clairement du côté J.R.R. Tolkien de la fantasy, et constitue d’ailleurs la seule bataille vraiment réussie (revoyez la bataille de la Moïra dans Le Hobbit : Un Voyage inattendu). On se retrouve dans Port-Réal (Game of Thrones) lors de quelques scènes plus intimistes à Asgard. Et surtout on multiplie les clins d’œil à la franchise Star Wars : des vaisseaux virevoltants dans des courses-poursuites dignes de La Menace Fantôme, des lasers sous toutes les formes (ça n’est d’ailleurs absolument pas gênant, au contraire, de voir comment la production artistique a transcendé l’héritage nordique et cosmique des peuplades asgardiennes), quelques scènes entre Chris Hemsworth et Natalie Portman (habituée de la franchise d’ailleurs) sonne comme une vague relation Anakin-Padmé, et enfin la symbolique de la main coupée (en dire davantage relèverait du spoiler). Alan Taylor postule peut-être pour un futur film Star Wars… mais au moment, c’est certain, il sait filmer de grandes scènes épiques aussi belles que poignantes.

Ça fleure bon « L’Attaque des Clones » avec Thor en AnakinÇa fleure bon « L’Attaque des Clones » avec Thor en Anakin

Enfin, il faut déjà être connaisseur pour déceler l’ellipse chronologique (d’au moins quelques mois) présente au sein du film. Tout comme il faut avoir un diplôme équivalent Bac+5 en comicsologie pour comprendre la scène de mi-générique (tout le monde, en revanche, aura reconnu Stan Lee dans son tout petit caméo habituel). Il semble incompréhensible que parmi les deux scènes « hors film », ce soit celle qui lit le film à une autre production Marvel qui apparaisse au milieu du générique et qu’il faut attendre la fin des crédits pour avoir la vraie fin de Thor : Le monde des ténèbres. Du point de vue commercial, ça semble évident car il faut intéresser les gens aux films suivants (même si je doute que l’aperçu donne vraiment envie aux profanes), mais du point de vue spectateur occasionnel, l’intérêt reste avant tout centré sur le film en cours.

Rira bien qui rira le dernier...Rira bien qui rira le dernier…

Un beau voyage qui se trouve être beaucoup trop vide et « grand public » pour être vraiment des plus intéressants. L’aspect fantasy et Tom Hiddleston en Loki survolté sauvent la barraque.

 

Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

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