Porcelaine
Titre : Porcelaine
Auteur : Estelle Faye
Éditeur : Les Moutons Électriques
Date de publication : 2013
Récompenses : Prix Elbakin 2013 (meilleur roman)
Synopsis : Chine, vers l’an 200. Xiao Chen est un comédien errant, jeté sur les routes par un dieu vengeur. Un masque à forme humaine dissimule son faciès de tigre, tandis que son cœur est de porcelaine fêlée. Son voyage va durer plus de mille ans. Au cours de son périple, il rencontrera Li Mei, une jeune tisseuse, la Belle qui verra en lui plus qu’une Bête. Celle qui, sans doute, saura lui rendre son cœur de chair. Cependant Brume de Rivière, fille-fée jalouse et manipulatrice, intrigue dans l’ombre contre leur bonheur. Pendant presque quinze siècles, rivalités et amour s’entrecroisent, tissant une histoire de passion, de tendresse et de sacrifice, sur fond de magie et de théâtre.
Je ne m’attends pas à ce que tu crois tout ça ce soir. Je veux simplement que tu saches que lui et moi venons d’un temps différent. Un monde où la magie était présente partout, dans les fleuves, les bois, au cœur des villes et aux carrefours des routes. Et nous vivons avec la nostalgie de ces époques disparues.
Deuxième roman d’Estelle Faye paru aux éditions « Les moutons électriques », « Porcelaine » nous entraîne au cœur de la Chine et son histoire à travers la légende d’un homme tigre et d’une tisseuse. Tout commence au IIIe siècle, lorsque Xiao Chen, victime d’un dieu implacable et d’une bien curieuse malédiction, perd son visage au profit d’une tête de tigre. Banni de son village natal, le jeune homme embrasse alors la carrière de comédien itinérant au sein d’une troupe de théâtre où il fera notamment la connaissance de la fille-fée Brume de Rivière et de Pied-de-Cendre, contorsionniste en quête du secret de la vie éternelle. Et c’est alors que les choses se gâtent… L’originalité du pitch de base a de quoi surprendre et c’est ce qui m’a poussée à sauter le pas, ça et bien évidemment la sublime couverture d’Amandine Labarre (d’ailleurs récompensée pour cette illustration par le Prix Imaginales 2013). Bien m’en a pris ! Estelle Faye nous livre là un roman remarquable qui nous transporte pour quelques heures dans cet empire chinois presque hors du temps que l’on arpente aux côtés des personnages avec un plaisir et un émerveillement constants.
Le cadre, tout d’abord, constitue l’un des principaux points forts de ce roman qui nous embarque des steppes mongoles à la Grande Muraille en passant par d’humbles petites bourgades chinoises, simples mais chaleureuses, ou encore à la majestueuse et cosmopolite ville de Pékin. L’intrigue, quant à elle, est passionnante et maîtrisée de bout en bout par l’auteur qui nous propose une histoire aux allures de conte tour à tour édifiant, tragique ou émouvant. Du IIIe au XVIIIe siècle, le lecteur fait la connaissance d’un pays mystérieux aux paysages éblouissants où règne encore la magie et où l’on voue un véritable culte à l’art théâtral, culte que l’on ne peut s’empêcher de partager également à la lecture de certains passages du roman. Les personnages, enfin, ne sont pas en reste, qu’il s’agisse de Xiao Chen, homme-tigre bon et talentueux aux malheurs duquel on ne peut que compatir, de Brume de Rivière, cette fée solitaire aux pouvoirs surnaturels incroyables, et bien sûr de Li Mein, jeune femme dévouée au courage et à la détermination admirables.
Avec cette « Légende du tigre et de la tisseuse » on peut dire qu’Estelle Faye a brillamment réussi son entrée sur la scène de l’imaginaire francophone. Les livres qui vous bouleversent et vous emplissent d’émerveillement à chaque page sont rares, « Porcelaine » est de ceux-là.
Autres critiques : L’ours inculte (L’ours inculte) ; Nicolas Soffray (YoZone) et Vil Faquin (La Faquinade) ; Xapur (Les lectures de Xapur)