La Hanse galactique, tome 2 : Aux comptoirs du cosmos
Titre : Aux comptoirs du cosmos
Cycle/Série : La Hanse galactique, tome 2
Auteur : Poul Anderson
Éditeur : Le Bélial’ [site officiel]
Date de publication : 22 juin 2017 (dans les années 1950 et 1960 en VO)
Synopsis : En ce XXIIIe siècle trépidant, l’humanité s’est implantée sur nombre de planètes, se frottant à un univers exotique grouillant de vie. Afin de protéger leurs intérêts, les négociants interstellaires ont formé une alliance : la Ligue polesotechnique. Nicholas van Rijn, fondateur de la Compagnie solaire des épices et liqueurs, est le plus flamboyant de ces princes-marchands : le présent volume, totalement inédit, réunit le deuxième volet de ses aventures picaresques…
Apparu en 1956 dans les pages d’Astounding Science Fiction, personnage falstaffien hâbleur et roublard, infatigable arpenteur de mondes et négociateur hors pair, Nicholas van Rijn incarne pour beaucoup la figure majeure du héros andersonien. Les cinq volumes de « La Hanse galactique » proposent, pour la première fois en français, l’intégrale des aventures du plus populaire des personnages de Poul Anderson, sans oublier celles de ses compagnons emblématiques : David Falkayn, Chee Lan et Adzel.
Moi je ne sors pas de l’université. J’ai été élevé à l’école des coups tordus. Mais j’y ai appris au moins une chose : faire travailler les autres pour moi et tirer profit de leur travail par la suite.
(dans la nouvelle « Cache-cache »)
Les éditions Le Bélial’ sont en pointe quand il s’agit de mettre en avant certains auteurs anglo-saxons trop peu publiés, voire complètement oubliés, en France. Concernant Poul Anderson, il était déjà forcément connu, mais son œuvre dense méritait de bien meilleures éditions et donc après L’Épée brisée, les intégrales de La Patrouille du temps et tant d’autres romans, les aventures de Nicolas Van Rijn, nommées pour des raisons commodes, la Hanse galactique, se prolongent avec un deuxième tome (il y en a cinq de prévus en tout).
Après un premier tome consacré à une nouvelle et un court roman sur le personnage central qu’est Nicholas Van Rijn, fondateur de la Compagnie solaire des épices et liqueurs, prince-marchand dont le pouvoir repose le plus souvent sur sa faconde et sa façon d’enrôler les autres dans ses projets, ce deuxième tome est un recueil plus hétéroclite de différentes nouvelles présentant d’autres personnages intéressants. Ainsi, après un avant-propos de Jean-Daniel Brèque (qui, outre la traduction de qualité, s’occupe de quelques aspects éditoriaux quand il s’agit de Poul Anderson), nous sommes amenés à enchaîner « La Route triangulaire », « Un soleil invisible », « Ésaü », « Cache-cache » et « L’Ethnicité sans peine ». De fait, donc, c’est un volume qui est tout à fait lisible sans rien connaître à ce monde de science-fiction daté du XXIIIe siècle et qui cherche à mettre en valeur l’ingéniosité de cette Ligue polesotechnique pour créer toujours plus de marchés capitalistes au fur et à mesure que de nouvelles planètes sont accessibles. Parmi ces acteurs, le rôle central n’est pas toujours attribué à ce Nicholas Van Rijn dont nous avons déjà parlé, mais également à quelques novices comme l’humain David Falkayn qui sait, lui aussi, se tirer de situations rocambolesques l’emmenant aux confins et aux comptoirs du cosmos (d’où le nom de ce volume).
L’exotisme est fortement marqué dans ce volume. En effet, chaque nouvelle essaie de mettre les personnages dans des postures inattendues et qui vont leur demander davantage d’ingéniosité. Au passage, la plupart de ces récits sont quand même des énigmes rondement menées : les personnages principaux doivent faire preuve de débrouillardise pour rester en vie, ou pour le moins se sortir d’un événement tragique. C’est ludique à lire, d’autant que des considérations sur l’économie capitaliste et sur la nature prédatrice des « héros » sont régulièrement incorporées ; c’est pratique pour nous faire découvrir à chaque fois une nouvelle situation, une autre technologie ou une civilisation inconnue ; toutefois, certains pourraient se lasser du processus et n’y voir qu’un artifice. Pour autant, cela permet de lire ces différents récits à la vitesse décidée par le lecteur, et finalement dans l’ordre souhaité.
D’ailleurs, pour finir, la construction du volume est à saluer. Il y a notamment l’érudition humoristique à travers les textes précédant certaines nouvelles, faux articles ou fausses préfaces écrites par l’auteur pour ajouter du contenu, du fond à son monde. Cela est bien pratique pour prendre un peu de recul sur les situations proposées, car au premier abord, certaines pourraient sembler totalement à sens unique, ou plutôt à visée politique unique. De même, la chronologie finale collectée par Sandra Miesel à propos de la « Civilisation technique » permet de replacer ce volume dans une (très) longue bibliographie de Poul Anderson, signe que Le Bélial’ a encore de belles publications à préparer et à nous faire découvrir.
Finalement, ce deuxième tome de La Hanse galactique se révèle un peu moins surprenant ou passionnant que son prédécesseur, mais a l’avantage de pouvoir se lire comme tout recueil de nouvelles, dans le sens que nous voulons. Quand on ne connaît pas davantage ces personnages de Poul Anderson, il n’y a pas trop d’indications sur la construction des tomes suivants ; qu’importe ! Savourons déjà ces petits récits exotiques.
Voir aussi : Tome 1 ; Tome 3 ; Tome 4 ; Tome 5
Autres critiques : Apophis (Le culte d’Apophis) ; Célindanaé (Au pays des Cave Trolls) ; Lecture 42 ; Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres) ; Lutin (Albédo) ; Scribouillard (C’est pour ma culture) ; Yossarian (Sous les galets, la page)
4 commentaires
lutin82
Ah! c’est vrai que la surprise est passée et que le receuil souffre de l’absence partielle de Van Rijn. Mais, c’est un petit délice en soi qui se déguste comme un chocolat. Une impression de connu mais de savoureux. Du coup, c’est un peu plus positif chez moi. 🙂
Dionysos
J’aurais peut-être dû me relire alors car mon souvenir est plutôt positif aussi : des petites histoires énigmatiques avec à chaque fois des trouvailles sympathiques. 🙂
Dionysos
J’aime bien ton image de chocolat à déguster. 😉
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