Fantastique - Horreur

Cristal qui songe

Titre : Cristal qui songe
Auteur/Autrice : Theodore Sturgeon
Éditeur : J’ai lu
Date de publication : 1952 / 2018 (pour la version la plus récente)

Synopsis : Renvoyé de l’école à l’âge de huit ans pour avoir mangé des fourmis en cachette, Horty fuit la demeure de ses parents adoptifs qui le martyrisent et trouve refuge au sein d’un cirque ambulant où il devient le partenaire de deux naines, Zena et Bunny. Mais les personnages les plus extraordinaires du cirque restent son féroce directeur, surnommé le Cannibale, et son étrange collection de cristaux : des pierres aux pouvoirs mystérieux et néanmoins gigantesques.

Un cirque itinérant et des cristaux magiques

Paru pour la première fois en France en 1952, le roman « Cristal qui songe » de Theodore Sturgeon est aujourd’hui considéré comme un classique des littératures de l’imaginaire et met en scène un jeune garçon prénommé Horty que la vie n’a pas particulièrement gâté. Après avoir été abandonné, ce dernier a en effet été adopté par un couple d’Américains qui, au fil des années, n’ont développé aucune affection pour cet enfant étrange et jugé décevant au point que le père multiplie les maltraitances, tant physiques que psychologiques. Jusqu’à la rupture. Un soir, alors qu’il apprend qu’Horty vient d’être renvoyé de son école après avoir été surpris à manger des fourmis, Armand s’acharne au point de coûter trois doigts au garçon alors âgé de neuf ans, et de précipiter sa fuite. Recueilli au sein d’un cirque ambulant, l’enfant va se lier d’amitié avec toute une galerie de personnages considérés au dehors comme des freaks mais qui lui donnent davantage de preuve de leur humanité que ses parents adoptifs ne l’ont jamais fait. C’est là que notre héros fait la connaissance de celui que l’on surnomme le Cannibale, le directeur du cirque, qui semble obnubilé par de mystérieux cristaux aux pouvoirs encore inconnus mais dont il sent le potentiel et qui sont capables de créer de véritables êtres vivants : arbres, animaux, et pourquoi pas… humains. C’est aux côtés de cette troupe hors du commun qu’Horty va grandir, jusqu’à ce qu’un événement inattendu ne vienne à nouveau le pousser à la fuite et à renouer avec son passé. Il retrouve alors Kay, une amie d’enfance, aux prises avec un maître chanteur qui va précipiter la confrontation entre le jeune homme et celui qui cherche depuis des années à lui mettre le grappin dessus.

Questionner l’humanité

Le roman a plus de soixante-dix ans et cela se sent parfois, sans que le caractère désuet du récit ne soit pour autant un véritable frein. Car le récit de Theodore Sturgeon se révèle par plusieurs aspects assez universel, notamment grâce à la manière dont il nous est raconté et qui peut s’apparenter à un conte. A travers l’histoire de ce petit garçon étrange, c’est l’humanité toute entière et ce qui la caractérise que l’auteur interroge par le biais de personnages certes très archétypaux mais qui possèdent néanmoins leur propre individualité et parviennent sans mal à émouvoir. Les protagonistes sont en effet la plus grande réussite de ce récit qui met en scène des individus qui, parce que marginalisés en raison de leurs différences, cherchent à tout prix à revendiquer leur humanité dans ce qu’elle a de plus belle, quand d’autres, en apparence parfaitement conforment aux attentes de la société, illustrent au contraire ce qu’elle a de pire. Je serai plus mitigée en ce qui concerne l’intrigue à laquelle je me suis laissée prendre pendant la majeure partie du roman mais qui m’a fait décrocher dès lors qu’était évoquée la question de ces fameux cristaux magiques. C’est cet aspect en particulier que j’ai trouvé un peu vieillot car, même si l’auteur parvient à se servir de cet outil narratif pour poser des questions intéressantes, les longs passages consacrés à leur origine, leurs capacités ou encore la fascination qu’ils exercent sur le Cannibale m’ont paru un peu longs et rébarbatifs. Les passages mettant en scène Horty et ses camarades circassiens sont en revanche assez palpitants, de même que ceux consacrés à Kay, une amie d’enfance du garçon qui va lui permettre d’enfin confronter les principaux antagonistes de son passé.

Roman paru en 1952 « Cristal qui songe » est un bon roman fantastique mettant en scène un jeune garçon recueilli par un cirque itinérant et un homme prêt à tout pour exploiter le potentiel de cristaux mystérieux dotés du pouvoir de créer la vie. Si le texte fait parfois son âge, on éprouve malgré tout beaucoup de plaisir à suivre les aventures d’Horty, Kay et des membres de la troupe, autant de personnages attachants et émouvants. Les questionnements de l’auteur sur ce qui nous rend humain sont quant à eux intemporels et traités ici avec beaucoup de finesse.

Autres critiques : ?

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

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