Dreamblood, tome 1 : The Killing Moon
Titre : The Killing Moon
Cycle/Série : Dreamblood, tome 1
Autrice : N. K. Jemisin
Éditeur : Pygmalion / J’ai lu
Date de publication : 2023 / 2025
Synopsis : Sur les toits et dans les rues pavées de l’ancienne Cité-État de Gujaareh, les collecteurs veillent. Ces gardiens de la paix ont pour mission de récolter la magie de l’esprit endormi et de l’utiliser pour guérir, apaiser… ou tuer ceux qui sont jugés corrompus. Mais lorsqu’une conspiration éclate au temple, Éhiru, le plus célèbre des collecteurs, doit remettre en question tout ce qu’il sait. Choisira-t-il de protéger la femme qu’il a été chargé de tuer, ou regardera-t-il la ville être dévorée par la guerre et la magie ?
…
Un système de magie bien ficelé…
N. K. Jemisin est une autrice américaine qui m’avait bluffée avec sa trilogie « Les livres de la Terre fracturée » et dont j’ai également apprécié les autres œuvres. Jusqu’ici… Parce qu’avec « The Killing Moon », premier tome d’un diptyque paru sous le nom de « Dreamblood », j’ai été relativement déçue. Publié en 2012 en version originale, le roman se déroule dans une cité-état nommée Gujaareh, une ville cosmopolite dont ses voisins de méfient en raison de son utilisation jugée abusive de la magie. La cité est en effet réputée pour ses collecteurs, un ordre religieux au service d’une déesse tutélaire et dont le quotidien consiste à purifier la ville de la corruption. Cette purification, elle passe par une « collecte » des individus désignés par l’ordre à qui ils offrent la paix (et la mort) en échange du contenu de leur esprit qui sera ensuite réparti au sein de la population en fonction des besoins (pour soigner, apaiser un deuil…). Ehiru est le plus célèbre de ces collecteurs qui commencent cependant à se faire de plus en plus rares. Alors quand ce dernier rate l’une de ses interventions, c’est tout l’équilibre de l’ordre qui est remis en question. Un ordre dont notre héros est amené à suspecter une possible perversion de son rôle après qu’on lui ait demandé de collecter une ambassadrice possédant des informations compromettantes sur les intentions du prince à la tête de la cité. Aidé de son apprenti Nijiri, Ehiru va enquêter aux côtés de celle qu’on lui a demandé de tuer et découvrir une machination d’une ampleur inédite qui pourrait bien signer la fin et de son ordre, et de sa ville, ainsi que celle des royaumes alentours.
… mais une intrigue et des personnages qui ne suivent pas
L’autrice a, comme toujours, pris beaucoup de soin à élaborer un univers et surtout un système de magie cohérents et complexes. Les collecteurs et la façon dont ils exercent leur sacerdoce sont ainsi au cœur de cette histoire et, si les précisions techniques sur le fonctionnement de cette source de pouvoir ne sont pas toujours des plus captivantes, elles n’en permettent pas moins de donner plus de poids et d’épaisseur à l’univers. N. K. Jemisin a pioché ici dans les mythologies de plusieurs civilisations antiques pour décrire le culte et la ville de Gujaareh, et c’est ce qui lui donne ce côté à la fois authentique et original. Là où le bat blesse, c’est en ce qui concerne l’intrigue qui s’avère trop classique et relativement prévisible. On suit en effet sans ennui mais sans grande passion non plus l’enquête de ce trio mal assorti qui, le plus souvent, se contente d’être mis devant le fait accomplis et ne parvient jamais à avoir un coup d’avance sur leur adversaire. Les protagonistes sont ainsi prisonniers d’une perpétuelle fuite en avant qui les empêche de prendre le temps de se poser pour réfléchir, ou même pour élaborer un plan suffisamment sophistiqué pour être efficace. La plus grande faiblesse du roman réside cela dit dans ses personnages qui, contrairement à l’univers, manquent de profondeur et auxquels on peine à s’identifier. C’est donc avec une certaine indifférence qu’on assiste aux péripéties d’Ehiru, Nijiri et Sunandi, tous trop fades et trop banales pour marquer. Le « méchant » de l’histoire est quant à lui très caricatural, de même que ceux qui gravitent autour de lui, ce qui n’aide pas à prendre le récit au sérieux.
Petite déception que ce « The Killing Moon », premier tome d’un diptyque consacré à une ville usant de magie par le biais de son principal ordre religieux et constituant une menace de plus en plus grande pour ses voisins. Si l’univers et le système de magie évoqués sont efficaces, ils ne permettent pas à eux seuls de compenser la fadeur des personnages ni le manque d’entrain qu’on éprouve pour cette intrigue finalement très classique. L’arc narratif entamé ici trouvant heureusement une conclusion satisfaisante, je pense que je m’abstiendrai de lire le deuxième volume.
Autres critiques : ?


