Sintonia

Titre : Sintonia
Auteur/Autrice : Audrey Pleynet
Éditeur : Le Bélial
Date de publication : 2025 (septembre)
Synopsis : Terre, année 2354. Deux cents ans après la guerre des Ires, un conflit qui a lui-même couru sur près d’un siècle, le monde a changé de visage. Ayant brisé le cycle infernal des luttes armées et des catastrophes écologiques par la grâce de la nanotechnologie, l’humanité se protège d’une nature résolument hostile au cœur de cités-États. Les plus avancées ont connu l’Élévation, un procédé nanotech qui leur a permis de gagner les nuages, loin du Sol et de ses pollutions délétères. Dont la puissante Venise, pionnière des villes-tiges, qui étend son emprise par l’entremise de ses guildes ancestrales riches d’une maîtrise technologique bien gardée. Mais dans la Sérénissime, les haines sont tenaces et les jeux de pouvoir incessants. La séculaire, lignée de redoutables femmes assassins usant du Diapason, un contrôle mental issu d’une nantie dont elles seules détiennent l’apanage, s’apprête à en faire les frais — jusqu’aux dernières de ses membres. À moins que… Dans ses sombres ruelles chargées d’histoire, au cœur de ses palais vertigineux, par-delà ses ponts suspendus et ses gondoles volantes, la Cité des Doges protège ses secrets derrière de nombreux masques…
…
Venise : ville du futur
Audrey Pleynet est une figure montante de la scène de l’imaginaire français que j’ai découvert il y a peu par le biais de sa novella « Rossignol » parue dans la collection Une Heure Lumière du Bélial. Jusqu’ici plutôt habituée au format court, l’autrice publie en cette rentrée un long roman, « Sintonia », dans lequel elle met en scène nos villes du futurs. Imaginez un peu à quoi pourraient ressembler nos capitales européennes en 2354, entre villes-tiges ayant réussi à échapper à la pollution en s’élevant parmi les nuages grâce à une technologie novatrice, et villes-bulbes, toujours clouées au sol et contraintes de mettre au point un dispositif permettant d’isoler la population de l’extérieur. Venise est l’une des premières villes-tiges et, en dépit de son apparente modernité, elle a décidé de renouer avec les vieilles traditions et remis au goût du jour le titre de doge ainsi que les guildes. Les Sintonia figurent parmi les familles les plus prestigieuses mais aussi les plus dangereuses et fascinent leurs concitoyens pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’il s’agit d’une guilde composée uniquement de femmes et spécialisée dans les assassinats, ce qui en fait le centre névralgique de la plupart des intrigues de la capitale. Ensuite parce que les plus âgées disposent toutes de la capacité à contrôler leurs descendantes par la pensée. Entraînées depuis leur plus jeune âge à se laisser manipuler aussi bien psychologiquement que physiquement par leur mère et leur grand-mère, les jeunes Sintonia sont devenues des armes redoutables, craintes dans tout Venise et même au-delà, plusieurs branches de la famille ayant essaimé dans d’autres villes comme Londres ou Paris. Le prestige dont elles jouissaient jusqu’ici est toutefois brusquement mise à mal lorsque, suite à un contrat passé pour éliminer une autre famille, elles se retrouvent prises au piège et massacrées. Seules quatre Sintonia échappent au massacre, chacune persuadée d’être la dernière de sa famille, et leur réaction aussi bien que les opportunités qui vont s’offrir à elles vont se révélées complètement différentes.
Lecture en demi teinte
J’avais beaucoup aimé « Rossignol » et pourtant, en dépit des recommandations dithyrambiques de la quatrième de couverture, je ressors pour le moins mitigée de ma lecture. Parmi les aspects que j’ai apprécié figure l’esthétique de l’univers d’Audrey Pleynet et l’originalité de ces villes futuristes ayant réussi leur mutation et tutoyant désormais les nuages ou au contraire cernées par la pollution et vivant sous la menace permanente de leur annihilation. Le récit manque quelque peu de descriptions pour se sentir pleinement immergé dans le décor mais on apprécie malgré tout la ballade. Le mélange entre un décor très futuriste et des références historiques datant de l’époque moderne est également bien trouvé et contribue à donner au roman cette atmosphère un peu hors du temps. L’intrigue m’a en revanche moins convaincue, le récit peinant à démarrer puis partant un peu dans tous les sens sans qu’on parvienne à bien cerner le rapport entre toutes les sous-intrigues auxquelles se retrouvent mêlées les quatre sœurs. On peut également regretter que les nanotechnologies occupent une place aussi déterminante dans l’intrigue dont les rebondissements sont, trop souvent, réglés grâce à cet artifice qui devient un peu l’équivalent du « ta gueule c’est magique » qu’on rencontre parfois en fantasy. Le plus gros bémol vient cependant pourtant pour moi des personnages auxquels je ne suis jamais parvenue à m’attacher. Là encore j’ai été gênée par le manque de descriptions, mais aussi par le manque de profondeur de ces quatre protagonistes qui m’ont parue assez interchangeables, comme si seule la direction prise après leur fuite permettait de distinguer les quatre Sintonia et non pas leur personnalité.
Rendez-vous manqué en ce qui me concerne pour ce « Sintonia », un roman pourtant ambitieux mettant en scène les rescapées d’une famille vénitienne décimée dans un décor futuriste où les nanotechnologies ont rendu possible l’élévation de certaines cités. Si l’esthétique de ces villes futuristes a bien produit son petit effet, j’ai en revanche eu beaucoup de mal à m’intéresser à l’intrigue et à m’attacher aux personnages. Je suis maintenant curieuse de connaître vos retours pour voir si j’ai vraiment loupé le coche ou si d’autres partagent mon ressenti.
Autres critiques : ?
