Pax Elfica, tome 1 : Le lanternier
Titre : Le lanternier
Cycle/Série : Pax Elfica, tome 1
Auteur/Autrice : Pierre Grimbert
Éditeur : Mnémos
Date de publication : 2024 (avril)
Synopsis : Voici sept ans, les elfes sont sortis de leurs forêts du nord pour libérer la cité humaine de Brenhaven. Ils étaient les seuls à pouvoir le faire, les seuls capables de vaincre le Nécromant et son armée de morts-vivants. Malheureusement, après leur victoire, les héros ne sont jamais partis. Ils sont devenus les nouveaux tyrans, imposant une « paix elfique » qui opprime la population sur bien des aspects. Certains citoyens résistent, dans l’ombre, en attendant un soulèvement populaire. Mais la plupart veulent seulement éviter les ennuis. C’est le cas du nain Tolan Dunkar, lanternier de profession, qui aurait préféré ne pas voir cet adolescent humain tomber à ses pieds depuis un arbre interdit… Avec Pax Elfica : le lanternier, Pierre Grimbert plonge le lecteur dans les ruelles d’une cité étouffant sous ses secrets.
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Du jeu de rôle au roman
Auteur de nombreuses séries ayant marqué l’imaginaire des années 1990-2000, Pierre Grimbert est bien connu des amateurices de fantasy et avait récemment fait son retour sur le devant de la scène avec l’excellent « Le Sang des Parangons ». On le retrouve aujourd’hui pour le premier tome d’un diptyque se déroulant dans l’univers de « Pax Elfica », un jeu de rôle publié par les XII Singes et écrit par Claude Guéant. L’univers y est ultra classique puisqu’on retrouve le traditionnel trio elfes/nains/humains (agrémenté de races plus marginales comme les orcs ou les halfelins) cohabitant tant bien que mal au sein d’une même cité. Là où on s’éloigne quelque peu du schéma conventionnel, c’est en ce qui concerne les Elfes qui, s’ils demeurent des créatures pleines de grâce et d’habilité, tout en étant de redoutables combattants, bénéficient ici d’un traitement beaucoup moins positif que d’ordinaire. En effet, après avoir été accueillis en libérateurs par la cité de Brenhaven après qu’ils l’aient libérée du joug d’un nécromancien, ces derniers n’ont pas regagné leur royaume d’origine. Encouragés par l’apparition soudaine et inexplicable d’une forêt en plein milieu de la cité, les elfes ont décidé de rester sur place pour administrer la ville, et ce sans demander l’avis aux principaux concernés qui se relevaient tout juste de longs mois de terreur. Après des années d’occupations, certains habitants en sont d’ailleurs au point de se demander s’ils n’étaient finalement pas mieux lotis avec leur nécromancien. Car les « libérateurs » maintiennent une pression permanente sur Brenhaven, contrôlant la population, l’incitant à se calfeutrer chez elle, et surtout réprimant implacablement tout acte pouvant être interprété comme séditieux. Alors que la capitale grouille de ces « enfaytés », citoyens lobotomisés par les elfes et servant désormais d’esclaves-soldats patrouillant pour veiller au respect du couvre feu, un nain sans histoire, Tolan Dunkar, va soudain se retrouver dans le collimateur des envahisseurs. Il faut dire qu’en l’espace d’une nuit, le petit lanternier d’ordinaire discret s’est rendu coupable de plusieurs actes interdits comme d’utiliser sa magie, mais aussi d’avoir porté secours à un mystérieux réfugié sortit tout droit de la sylve, pourtant interdite d’accès.
Une fantasy classique mais efficace
On l’a dit, on a affaire ici à un univers de fantasy ultra classique, avec les mêmes types de personnages, la même inspiration médiévale fantastique et les mêmes ressorts narratifs que d’habitude, mais force est de constater que la recette fonctionne toujours quand elle est bien appliquée. Le cadre dans lequel se déroule l’histoire est particulièrement immersif, si bien qu’on prend énormément de plaisir à arpenter les dédales de cette cité de Brenhaven dont on se familiarise avec l’histoire, l’architecture, et tous les us et coutumes originaux qui lui donnent de l’épaisseur et la transforme en plus qu’un simple décor de carton-pâte. L’auteur nous plonge rapidement et efficacement dans le bain, si bien qu’on ne tarde pas à se sentir à l’aise et à saisir les enjeux et le vocabulaire nécessaires à la compréhension de l’intrigue. Le roman a aussi l’avantage de se focaliser sur des personnages qui n’ont rien de héros exceptionnels mais sont au contraire des citoyens parfaitement ordinaires et, jusqu’à présent, anonymes. Tolan et son épouse Galaë sont en effet un couple de nains cinquantenaires tout à fait classique, qui s’inquiètent d’être sans nouvelle de leur fils devenu adulte et exercent respectivement les métiers de lanternier et de charcutière. Rien à voir avec l’élu d’une prophétie, le guerrier redoutable ou le mage surpuissant. En dépit de leur apparente vulnérabilité, le couple va se révéler capable d’affronter de terribles épreuves, avec l’aide d’une poignée de personnages considérés par l’occupant comme tout aussi anecdotiques, voire carrément marginalisés. Tout comme la cité, les personnages sont rapidement et efficacement caractérisé, si bien qu’on se prend vite d’affection pour cette bande de bras-cassés qui cumule les gaffes et joue de malchance. Je serai en revanche plus mitigée en ce qui concerne l’intrigue qui démarre bien mais commence à peiner dans le dernier tiers. La faute notamment à sa trop grande prédictibilité, puisque l’hypothèse semblant dès le départ la plus probable s’avère finalement confirmée, sans qu’aucune véritable surprise ne vienne prendre de court les lecteurices.
Avec « Le lanternier » Pierre Grimbert nous plonge dans l’univers du jeu de rôle « Pax Elfica » et donne vie à une ambiance classique mais immersive. On se plonge avec plaisir dans cette intrigue mettant en scène une cité en proie à la tyrannie des Elfes et dans laquelle un couple ordinaire tente tant bien que mal de se dépêtrer avec les embûches successives qui leur tombent dessus. Si l’intrigue n’est pas tout à fait à la hauteur, le décor et les personnages sont une réussite et donnent envie de continuer l’exploration de cet univers qui est sans doute loin d’avoir dévoilé tous ses secrets.
Voir aussi : Tome 2
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