Anarchy in the U.S.E.
Titre : Anarchy in the U.S.E.
Auteur : John King
Éditeur : Au Diable Vauvert [site officiel]
Date de publication : 8 septembre 2022
Synopsis : UNITED STATE OF EUROPE : UNE SOCIÉTÉ SOUS CONTRÔLE – ENTREPRISES, PRESSE, ÉDITION, COMMUNICATION – OÙ SEULS LES BONS CITOYENS SONT RÉCOMPENSÉS. MAIS DERRIÈRE LES TERMINAUX, LA RÉSISTANCE S’ORGANISE.
Un hommage au 1984 de George Orwell, au Meilleur des mondes d’Aldous Huxley ou Fahrenheit 451 de Ray Bradbury par le champion du roman social anglais !
Les humains étaient des sadiques. Il suffisait de leur soumettre une cible facile et un semblant de justification, et ils étaient capables de tout.
N’ayant rien lu de John King auparavant, je ne pouvais qu’espérer une confirmation de ce qui pouvait être vanté à son égard lors de sa parution Au Diable Vauvert à la rentrée 2022 : sa veine sociale pour des romans chocs.
Dystopie ultralibérale
Rupert Ronsberger est un bureaucrate, un « Crate », il est un des rouages de l’administration des États-Unis d’Europe : il doit identifier les menaces contre l’U.S.E. (United State of Europe) à l’aide de son logiciel Suspic’ en repassant des bandes vidéo de citoyens européens. Or, il trouve assez vite des faits inquiétants, dont un meurtre choquant. La question se pose de ce qu’il doit faire de ces informations, de ce qu’il doit faire remonter à son supérieur Horace Starski. Non pas que Rupert soit un résistant au système ou un quelconque rebelle, au contraire il cherche par tous les moyens à devenir Contrôleur, et plus haut encore si jamais c’est possible de se rapprocher des Entreprises Bénéficiaires qui contrôlent les U.S.E. Pour cela, il a tout ce qu’il faut : une vie dédiée à son emploi et une adhésion viscérale à l’idéologie qu’on lui a inculqué depuis sa plus tendre enfance. Tout est bon pour faire partie des Bons Euros du moment qu’on vante l’idéologie néolibérale.
L’U.E. en mode déchaîné
Le principal atout de ce roman est son outrance, mais cela devient vite harassant. Ainsi, l’Union Européenne a dérivé en un United State of Europe, où les nations ont disparu (au sens où c’est un État qui a fédéré les anciens États-nations), mais qui surtout a imposé des principes particulièrement étranges. Il suffit de penser à retrouver le titre original pour sentir l’atmosphère : « The Liberal politics of Adolf Hitler ». L’auteur va très loin dans la pensée néolibérale adoptée par l’Union Européenne : surveillance généralisée, propagande en continu, révisionnisme automatique, carnisme à tout crin, pédophilie et prostitution particulièrement développées… tous les aspects de la société sont là pour tenir en respect la population vis-à-vis des dominants. Alors d’un point de vue dystopique, c’est très poussé et très bien vu ; par contre, d’un point de vue littéraire et politique, c’est plus problématique. Littérairement, l’ensemble est abrutissant : on comprend assez vite que même les plus dociles des citoyens sont à plaindre tellement la société est oppressé bon gré mal gré, difficile d’en sortir tant l’endoctrinement est généralisé et qu’aucune sortie ne semble possible. Politiquement donc aussi, c’est compliqué, car il y a bien peu de solutions envisagées et le « retour aux nations » apparaît comme la seule alternative à l’image de cette « britannicité » qui s’affiche comme un retour aux sources devant les dérives de la citoyenneté européenne. Tout cela fait bien peu de réflexions vraiment sociales, finalement…
Anarchy of the U.S.E. est choc, c’est sûr, mais pas dans le sens que j’attendais. Sa lecture me laisse dubitatif sur ce type de dystopie pure, sans espoir même esquissé.
Autres critiques :
4 commentaires
Le Nocher des livres
Je comrpends ton point de vue, car je me suis longtemps demandé, lors de la lecture de ce roman, sur quel pied danser. La charge est tellement violente, elle heurte tellement certaines de mes convictions, que je me suis demandé un bon moment « à quoi bon ? ». Mais l’histoire est quand même entrainante et, même si je ne partage pas le point de vue global, c’est un point de vue à entendre.
Dionysos
Merci. Oui, je n’ai pas réussi à passer le cap de l’overdose.
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