Science-Fiction

Journal d’un AssaSynth, tome 1 : Défaillances systèmes

AssaSynth 1

Titre : Défaillances systèmes
Cycle/Série : Journal d’un AssaSynth, tome 1 (The MurderBot Diairies)
Auteur : Martha Wells
Éditeur : L’Atalante [site officiel]
Date de publication : 25 avril 2019 (2017 en VO)

Synopsis : « J’aurais pu faire un carnage dès l’instant où j’ai piraté mon module superviseur ; en tout cas, si je n’avais pas découvert un accès au bouquet de chaînes de divertissement relayées par les satellites de la compagnie. 35 000 heures plus tard, aucun meurtre à signaler, mais, à vue de nez, un peu moins de 35 000 heures de films, de séries, de lectures, de jeux et de musique consommés. Comme impitoyable machine à tuer, on peut difficilement faire pire. »
Et quand notre androïde de sécurité met au jour un complot visant à éliminer les clients qu’il est censé protéger, il ne recule ni devant le sabotage ni devant l’assassinat ; il s’interpose même face au danger, quitte à y laisser des morceaux.

Je ne sais pas m’y prendre avec les vrais humains, d’accord ? Ça n’a rien à voir avec mon module superviseur piraté (je ne suis pas paranoïaque), ni même avec eux ; c’est moi. Je suis un effroyable AssaSynth, on le sait tous, et ça rend tout le monde nerveux, ce qui me stresse encore plus. D’autant que, si je ne porte pas mon armure, c’est parce que je suis mal en point ; imaginez qu’un de mes composants biologiques se détache et s’éclate par terre. Personne n’a envie de voir ça.

Exceptionnellement, les éditions L’Atalante publient une novella en grand format, il s’agit de Défaillances systèmes, de Martha Wells, autrice de nombreuses fois éditée par eux par le passé.

Courte série de courts romans

Il y a plusieurs raisons à la publication de ce court roman. En effet, il s’agit en fait de la novella ouvrant la série Journal d’un AssaSynth, terminée en quatre opus et qui se trouve avoir été récompensée par les plus grands prix anglo-saxons : le prix Hugo 2018 de la meilleure novella, le prix Nebula 2018 de la meilleure novella, le prix Locus 2018 de la meilleure novella et le prix Alex 2018. Rien que ça ! Cette cascade de récompenses prestigieuses met forcément la puce à l’oreille. C’est Mathilde Montier qui s’est chargé de la traduction, sûrement au pas de charge vu le rythme de publication (avril 2019 pour ce premier tome et novembre 2019 pour le quatrième), mais déjà le jeu de mot du titre vaut le détour (AssaSynth pour MurderBot). C’est donc à une courte histoire qu’il faut s’attendre, raison pour laquelle j’ai exceptionnellement pratiqué la lecture numérique, c’est suffisamment rare pour le souligner.

La mission qui tourne au carnage

Nous suivons ici un androïde, un robot qu’on a agrémenté de différents organes biologiques, spécialisé dans la garde rapprochée en terrain hostile, puisqu’il est armé de la tête aux pieds. Or, dès les premières lignes, il nous dévoile son principal atout : il a secrètement réussi à pirater son logiciel superviseur et il est donc « libre » de ses faits et gestes, et surtout de ses pensées. C’est donc l’esprit tranquille qu’il aborde sa nouvelle mission : protéger une mission scientifique sur une obscure planète tout juste terraformée. Comme bien souvent, sa mission a également pour but de surveiller le groupe d’humains pour lequel il a été embauché, un employeur cherchant toujours à optimiser son profit. Or, ici, non seulement les choses se corsent quand la dite mission est attaquée par une créature hostile non répertoriée et que des données cruciales viennent à manquer, mais surtout ses rapports avec les quelques humains, dont certains augmentés, qu’il/elle (parfaitement traduit en « iel ») côtoie sont chamboulés par les découvertes qu’ils font. C’est armé de son meilleur équipement qu’AssaSynth, comme iel se surnomme iel-même, doit sortir son équipe de là et protéger son secret.

Du punch et de l’ironie

Le gros point fort de ce récit est évidemment son un héros vraiment pas comme les autres : AssaSynth a les réflexes d’un robot, les atouts d’une intelligence artificielle et les désagréments psychologiques d’un humain. Et en l’occurrence, des défaillances systèmes iel va en avoir, soit par méconnaissance des réflexes humains, soit suite à des combats plus que tendus. Il est d’autant plus un héros étonnant que son véritable plaisir est de regarder les millions d’heures de séries télévisées qu’il a téléchargées ; alors attendre patiemment que les humains, même augmentés, réfléchissent à la tournure des événements, cela a le don de l’ennuyer prodigieusement. Forcément, le style s’en ressent, puisque tout est à la première personne du singulier et d’une manière volontairement limpide et fluide : c’est un texte clairement sans prise de tête, on fonce vers l’objectif au risque de zapper des descriptions ou des détails utiles pour approfondir l’univers. Le lecteur pourrait d’ailleurs rester sur sa faim tant on évolue dans une intrigue « couloir » avec un début et une fin nets sans embranchements : cela encourage évidemment à aller creuser la suite.

En conclusion, ce début du Journal d’un AssaSynth vaut la sympathie accordée d’emblée par les prestigieux prix reçus. À voir comment l’univers s’étend sur les trois récits suivants.

Voir aussi :
Tome 2 ; Tome 3 ; Tome 4

Autres critiques :
Apophis (Le Culte d’Apophis)
Célindanaé (Au pays des Cave Trolls)
Jean-Claude (Les Chroniques d’Arrakis)
Jean-Philippe Brun (L’Ours inculte)
Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres)
Vert (Nevertwhere)
Yogo (Les Lectures du Maki)

Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

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