Fiction historique

Macbeth, roi d’Écosse, tome 1 : Le livre des sorcières

Titre : Le livre des sorcières
Cycle/Série : Macbeth, roi d’Écosse, tome 1/2
Scénariste : Thomas Day
Dessinateur : Guillaume Sorel
Éditeur : Glénat
Date de publication : 2019 (septembre)

Synopsis : Écosse, XIe siècle. De retour dans leur fief après un long combat contre les armées norvégiennes, Macbeth et Banquo, deux valeureux guerriers, rencontrent trois sorcières sous l’orage. Leur prophétie est formelle : le premier deviendra roi, tandis que le second verra ses descendants le devenir. La suite est connue : meurtres, drames et trahisons composeront l’un des plus célèbres textes de Shakespeare.

 

Facile, facile, tant que les hommes seront des hommes. Et tant que certaines femmes vaudront dix hommes.

Shakespeare en bande dessinée

Parmi les nombreuses pièces que l’on doit à William Shakespeare, « Macbeth » figure sans aucun doute parmi les plus célèbres. Écrite au début du XVIIe, l’œuvre se déroule dans l’Écosse du XIe siècle et met en scène un guerrier qui, après s’être distingué au combat, se voit récompenser par le roi d’un titre prestigieux. Un grand honneur pour Macbeth qui vise toutefois beaucoup plus haut : trois sorcières croisées sur la route au retour de bataille lui ont en effet révélées qu’il s’assiérait un jour sur le trône. Mais pour ce faire, il faut tuer le roi actuel : un sacrilège que le héros hésite à commettre tandis que son épouse le presse d’agir et de s’emparer de la couronne. C’est cette célèbre histoire que Thomas Day et Guillaume Sorel ont décidé d’adapter en bande dessinée : le premier est auteur de nombreux romans et recueils de fantasy et de science-fiction (« La voie du sabre » ; « Dragon » ; « Sept secondes pour devenir un aigle »…) ainsi que scénariste de bande dessinée (« Wika » ; « Juste un peu de cendres »), le second est un illustrateur à qui on doit plusieurs couvertures de romans ainsi que de nombreuses bandes dessinées (dont certaines consacrées elles aussi à des adaptations d’œuvres littéraires comme « Le Horla » ou « Alice au pays des merveilles »). L’histoire doit tenir en deux volumes si bien que « Le livre des sorcières » ne constitue que la première partie de l’œuvre. Dans ce premier album, les auteurs ont choisi de rester globalement fidèles à l’œuvre d’origine, tout en se permettant quelques libertés aussi bien avec le déroulé des événements qu’avec le texte. Parmi les transformations opérées, la plus frappante est sans aucun doute la place accordée à Lady Macbeth, personnage particulièrement ambigu qui joue ici un rôle bien plus prépondérant que dans la pièce originale. Loin de se limiter à susurrer à l’oreille de son époux, celle-ci prend plus directement les choses en main et participe activement à l’ascension du couple.

-Tout l’océan du grand Neptune réussira-t-il à enlever ce sang de vos mains ?
-Que m’importe, maintenant que je suis reine.

Beauté du texte et des images

Le parti pris n’est évidemment pas pour me déplaire tant il est vrai que Lady Macbeth a un rôle relativement restreint dans la pièce de Shakespeare. Ce choix scénaristique n’est toutefois pas sans inconvénient puisque les changements apportés à l’histoire et qui viennent limiter l’implication de Macbeth font que celui-ci endosse le rôle de victime des manigances de sa femme et non plus de véritable traître. Pour cette raison, le personnage parvient à plusieurs reprises à émouvoir quand son épouse ne suscite à l’inverse qu’horreur et crainte tant sa détermination et sa froideur sont redoutables. Ce bémol mis à part, il faut bien admettre que l’adaptation proposée ici est tout à fait convaincante. Le texte, d’abord, est très beau et mêle des citations de la traduction du texte de Shakespeare (réalisée par François-Victor Hugo à la fin du XIXe) et des passages remodelés par Thomas Day. Le résultat est saisissant et fait bien ressortir toute la dimension tragique du récit dont l’auteur a, à mon sens, parfaitement capturé l’essence. Les illustrations de Guillaume Sorel sont en parfaite adéquation avec le texte et nous offre notamment de magnifiques représentations de paysages : lande, châteaux, cercle de pierre, le tout sous un ciel toujours changeant, alternant des teintes de bleu, de rouge ou de jaune. L’artiste joue avec le contraste des couleurs, ce qui donne un rendu vraiment superbe qui n’est parfois pas sans rappeler certaines de ses couvertures de roman (les bannières rouges flottant dans un ciel bleu, par exemple). Les scène de banquet sont également réussies et nous permettent, grâce à l’abondance de détails et de personnages au second plan, de véritablement s’immerger dans l’ambiance. Je suis en revanche un peu plus nuancée concernant les personnages et notamment leur visage que je trouve trop anguleux et parfois un peu trop figés. J’ai aussi eu un peu de mal avec les formes exagérément plantureuses de Lady Macbeth sur lesquelles l’artiste s’attarde inutilement.

Thomas Day et Guillaume Sorel signent avec ce premier album une belle adaptation de l’œuvre de Shakespeare qu’ils se réapproprient à merveille, n’hésitant pas notamment à accorder à Lady Macbeth un rôle plus important que dans la pièce. L’album sort en librairie aujourd’hui même : n’hésitez pas à vous laissez tenter

NB : Si vous êtes curieux de voir une autre adaptation de la pièce, je vous conseille le film réalisé par Justin Kurzel en 2015 et reprenant le texte original de Shakespeare.

Voir aussi : Tome 2

Autres critiques : Célindanaé (Au pays des cave trolls) ; Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres)

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

3 commentaires

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