Fantasy

Traquemage, tome 3 : Entre l’espoir et le fromage

Titre : Entre l’espoir et le fromage
Cycle : Traquemage, tome 3
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Relom
Éditeur : Delcourt
Date de publication : 2019 (janvier)

Synopsis : Bien que débarrassés de Merdin l’Enchianteur, la malchance n’en finit pas de poursuivre nos héros pour autant. Pistolin, Myrtille et Pompette sont capturés par des marchands d’esclaves et amenés à Grââvos, la capitale de la magie, pour y être vendus. La ville se prépare justement pour sa Grande Foire de la Magie et c’est une tradition pour les Mages de s’y retrouver pour leur banquet annuel.

-QUOI ?!? Un intermédiaire ?!!!
-Oui. Je vous donne deux cents pièces d’or la bourriche.
-Pour les revendre trois cents à l’unité ! Je suis au courant de vos marges, Monsieur !
-Attention avec votre couteau, là…
-Tu vas regretter d’avoir sévi dans le grossisme ! JE SUIS LE TRAQUEMARGE !

Suite et fin de la quête de Pistolin

« Une histoire. Un terroir. Des traditions. » Lupano et Relom clôturent avec ce troisième tome les aventures du Traquemage et renouent une dernière fois avec leur univers estampillé « rurale fantasy fromagère ». Tout un programme ! On retrouve donc Pistolin, berger et producteur du très réputé fromage de Pécadou, dans sa quête pour venir à bout des Mages, ces puissants sorciers qui se livrent régulièrement à des luttes de pouvoir dévastatrices et qui ont décimé son troupeau de cornebiques. L’affaire semble d’ailleurs en bonne voie, surtout depuis son passage mémorable dans la cité côtière de Saint-Azur en Lagune et sa victoire contre le mage Kobéron qui lui ont permis d’arracher aux mains des sirènes l’épée légendaire du Traquemage : Duranbar. Toujours accompagné de sa cornebique Myrtille (qui commence à ressembler à tout sauf à une cornebique), de Pompette (une fée toujours bourrée), et de Merdin l’Enchianteur (un homme affligé d’une malédiction qui a la flacheuse tendance à attirer des ennuis à tous ceux qui croisent son chemin), Pistolin prend désormais la route de Graavos où se déroule actuellement le grand forum de la magie. Seulement une fois sur place, tout ne se passe pas exactement comme prévu… On retrouve ici tous les ingrédients qui faisaient déjà le charme des précédents albums, à commencer par un humour dévastateur qui mêle habilement décor médiéval-fantastique et considérations plus actuelles. Le contraste entre les deux est des plus savoureux, surtout quand on connaît l’irrévérence et l’ironie dont Lupano est coutumier (si vous n’avez pas encore eu l’occasion, je vous conseille de vous pencher sur sa série « Les vieux fourneaux » qui est tout bonnement hilarante).

De l’humour, de l’humour et encore de l’humour

Comme les précédents, le scénario de ce troisième volume comprend de nombreuses références et remarques bien senties se moquant plus ou moins gentiment des travers de notre société : l’auteur renouvelle ses critiques à l’égard des intermédiaires ou encore de la grande distribution et des marges colossales qu’elle se fait sur le dos des petits producteurs (Pistolin en a fait les frais !). Il n’y a d’ailleurs pas que le texte qui soit bourré de clins d’œil, puisque les dessins recèlent eux aussi de nombreux effets comiques, qu’il s’agisse de pancartes (participez à une formation continue pour « parfaire votre rire sardonique » !), de décors en arrière-plan, ou tout simplement de l’expression catastrophée des personnages face à la maladresse ou l’incompétence notoire de Pistolin (je suis personnellement toujours aussi fan des mines tour à tour ahuries ou blasées de Myrtille, cornebique unique en son genre). Les dialogues participent bien sûr eux aussi à la drôlerie de l’ensemble, de même que le côté un peu « trash » de certaines situations ou du sort rencontré par la majeure partie des personnages. Attention aux âmes sensibles, donc, plusieurs passages se révélant peu ragoûtants (c’était certes déjà le cas dans les albums précédents, mais dans une proportion bien moindre) ! En dépit de toutes ses qualités, ce troisième tome n’est pas exempt de défauts, parmi lesquels on peut notamment citer l’utilisation redondante d’un ressort narratif particulier qui peut finir par lasser (même s’il faut admettre que le comique de répétition n’est pas sans un certain charme). La conclusion apportée à la quête de Pistolin est en tout cas satisfaisante, et on est d’ailleurs presque un peu triste à l’idée de ne plus revoir le Traquemage et ses compagnons, même s’il est appréciable d’avoir une série de bande dessinée qui se tient en trois tomes seulement et se suffit à elle-même.

Pari réussi pour Relom et Lupano qui signent avec cette trilogie une histoire qui fleure bon le terroir et qui vous fera passer de bons moments de rigolade. Qu’il s’agisse du scénario, des illustrations, des dialogues ou tout simplement de l’univers lui-même, absolument toutes les facettes de l’album font l’objet d’un détournement qui emprunte à tous les styles d’humour, du potache au trash.. Un excellent anti-dépresseur !

Voir aussi : Tome 1 ; Tome 2

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

2 commentaires

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