Face au dragon
Titre : Face au dragon
Auteur : Isabelle Bauthian
Éditeur : Projets Sillex [site officiel]
Date de publication : novembre 2018
Synopsis : Polyxène est une jeune fille qui arrive très vite aux bonnes conclusions. Pourtant, confrontée à une île qui défie la science, entourée d’aventuriers qui prétendent appartenir à des époques différentes, il lui faudra toute la capacité d’abstraction dont elle est capable. Surtout quand le seul moyen de quitter sa prison est a priori de tuer un dragon et que sa seule arme est son intelligence…
Alors, elle avait planté là l’explorateur – qui avait semblé ravi de se retrancher dans une remise pour s’occuper de l’extraction du miel tout seul – et s’était précipitée jusqu’à sa couchette, sur laquelle elle s’était jetée, tremblante, comme ces héroïnes de soap opera après avoir appris que leurs maris étaient en réalité leurs demi-frères, qu’elles croyaient morts, vingt auparavant, dans un accident de voiture le long d’un virage traître d’une route de Californie.
De temps en temps, il y a encore d’irréductibles fans du livre qui montent de nouvelles librairies, de nouvelles maisons d’édition ou de nouvelles associations. En l’occurrence, à l’automne 2018, c’est une maison d’édition qui se monte autour d’un nouveau roman d’Isabelle Bauthian au titre alléchant, Face au dragon !
Une nouveauté un peu particulière
Face au dragon est ainsi le premier des Projets Sillex. Cette maison d’édition se fonde sur un credo attrayant : rémunérer davantage ceux qui sont à la base de la filière du livre, les auteurs. En cela, ils espèrent « faire des étincelles » et peut-être apporter leur contribution, notamment au mouvement #PayeTonAuteur encore très porteur cette année. Pour lancer cette publication, hors les services de presse envoyés ça et là (dont nous faisons partie, merci à eux), c’est par un financement participatif que ça se passe : d’ailleurs, même si ce roman est désormais certain d’être publié et diffusé, le financement participatif (via leur site, c’est important de le souligner) se poursuit jusqu’à la fin novembre 2018. Ce roman d’Isabelle Bauthian semble avoir particulièrement attiré leur attention, pour commencer par celui-ci : l’autrice, très reconnue en bande dessinée (Alyssa, Versipelle, Je ne me suis jamais sentie aussi belle, etc.), s’est lancée dans une série de fantasy chez ActuSF (Anasterry, Grish-Mère) et passe ici à la littérature jeunesse/young adult.
Un casting restreint, mais pêchu
Face au dragon compose un casting de cinq personnages principaux : le preux Olri, la débrouillarde Menine, l’explorateur Nigel, le serviable Simon et l’ingénue Poly(xène). C’est cette dernière la véritable héroïne et qui nous fait découvrir le décor un peu particulier du roman. Mal à l’aise à l’école et globalement dans son rapport aux autres, nous trouvons Poly déprimant et se minant. Errant dans la forêt près de chez elle, elle ne reconnaît plus son chemin (qu’elle connaît pourtant par cœur) et émerge dans un lieu boisé qui lui est inconnu. Sans accès au réseau, sans davantage de repères connus, Poly se fait surprendre par une bête et seul un jeune homme lui vient en aide. Celui-ci lui part d’un camp, d’une île… Bref, très vite dans l’action et dans l’étrange, le roman nous emmène à la suite de Poly dans un monde parallèle au nôtre où elle rencontre ce petit groupe de survivants tels les naufragés de la série Lost. Comme cela nous est dévoilé extrêmement vite, leur premier intérêt est qu’ils viennent tous d’époques différentes, au point d’être très complémentaires. Le tableau est complet quand l’héroïne comprend qu’elle se trouve bien dans un endroit « autre » habité par un bestiaire légèrement différent du nôtre…
Un roman plutôt young adult, voire pour adolescents
Avec sa couverture chatoyante et son héroïne engagée, Face au dragon se casera facilement sur les rayons littéraires dits « young adult ». Comme parfois dans cette littérature, les genres sont volontairement mélangés : ici, le début fait penser à un roman fantastique puisqu’on doute franchement de la réalité, puis on émerge dans un monde de fantasy où le dragon nous guette, et finalement la résolution pointe vers la science-fiction, même si toutes les réponses ne sont pas tout à fait dévoilées. L’histoire se veut très pédagogique, puisqu’un bon nombre d’action mène à des enseignements de bons sens, bien utiles, sur l’intérêt de connaître son propre corps, sur l’énorme avantage de collaborer avec ses semblables plus que de vouloir les dominer, sur bien d’autres choses encore, ce qui en fait sous bien des aspects un bon roman initiatique. Dans cette perspective, l’autrice se permet, et c’est agréable, d’aborder par petites touches quantité de sujets contemporains (racisme, sexisme, violence sociétale plus ou moins contenue, etc. ; pas trop féminisme par contre dans ce roman-ci) sans débarquer avec de trop gros sabots. Certains lecteurs pourront pointer certaines longueurs dans quelques dialogues, une fois passé le milieu du roman ; toutefois, c’est aussi une façon choisie pour que, davantage que l’action, l’intrigue tente continuellement de nous ramener vers la réflexion avant le combat. Même si es fils de l’intrigue peuvent se deviner une fois ce constat fait, la résolution est intéressante, parce qu’elle laisse tout de même des sujets à interprétation concernant l’existence de ce petit îlot particulier.
Face au dragon est donc une découverte intéressante, rafraîchissante et qui devrait donner de bonnes idées aux lecteurs young adult.
Autres critiques :
Célindanaé (Au pays des Cave Trolls)
Chut Maman Lit !
Jean-Philippe Brun (L’Ours inculte)
Zina (Les Pipelettes en parlent)
8 commentaires
Célindanaé
Pour du young adult, les thèmes abordés sont assez durs parfois (je pense surtout au personnage de Simon et aux problèmes de violences féminines). J’ai trouvé que c’était surtout bien fait et intelligemment écrit. Un chouette roman à découvrir.
Dionysos
Oui, tout à fait, je ne l’ai peut-être pas assez appuyé dans la liste. C’est vrai que ces passages-là sont marquants.
Le Chroniqueur
Le roman m’intéresse pas plus que ça (encore que, les autres romans de l’autrice me font vachement de l’œil), mais en tout cas, c’est un très beau projet de pouvoir mieux rémunérer les auteurs.
Dionysos
Oui, ce premier roman est garanti de sortir, à voir après si l’ensemble de la structure perdure. On lui souhaite. 🙂
Elhyandra
Rien que pour la beauté du projet, j’ai participé et les bons avis me confirment que j’ai bien fait ^^
belette2911
Hello^^
Isabelle Bauthian, je lis ses chroniques dans le Lanfeust Mag chaque moi, j’adore, elle n’y va pas par 4 chemins, est caustique et pique là où ça fait mal. Tant mieux.
Chouette aussi que l’on pense à rémunérer plus les auteurs. Bon, si je croise le dragon, je ne me mettrai pas face à lui, mais je passerai à la caisse 😉
Dionysos
Sympa. Je devrais m’y mettre à Lanfeust Mag… tant de revues que je loupe…
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