Fantasy

Mage de bataille, tome 1

Mage de bataille 1

Titre : Mage de bataille, tome 1
Cycle/Série : Mage de bataille, tome 1
Auteur : Peter A. Flannery
Éditeur : Albin Michel (Imaginaire) [site officiel]
Date de publication : 26 septembre 2018 (2017 en VO chez Blackheart Books)

Synopsis : Falco Danté est un gringalet dans un monde en guerre peu à peu conquis par l’armée infernale des Possédés. Pire, Falco est méprisé, mis à l’écart, à cause de son père qui fut un immense mage de bataille avant de sombrer dans une folie meurtrière. Alors que la Reine tente de rassembler toutes les forces armées pour repousser les Possédés, Falco prend une décision qui va l’amener aux marges du désespoir : il va entrer à l’académie de la guerre, une école d’excellence pour les officiers. Là, il devra surmonter ses doutes, ceux de ses amis et même ceux de la Reine.
Le monde brûle ; seul un mage de bataille pourra sauver ce qu’il en reste. Falco réussira-t-il à libérer son pouvoir, à invoquer un dragon à sa mesure ou succombera-t-il à la folie… comme son père ?
Porté par son héros meurtri, condamné à se dépasser face au mal absolu, Mage de bataille a rencontré un formidable succès dans les pays anglo-saxons.

Il ressentit de nouveau cette satisfaction de se trouver en présence d’armes et de les manier. Il fut tenté de croire que c’était là une attitude typiquement masculine, mais il avait bien noté la joie manifeste de Bryna quand elle passait son ceinturon d’épée à sa taille et son carquois par-dessus son épaule. Tout cela se résumait à une questions d’identité et à la façon dont on se voyait soi-même.

Les éditions Albin Michel se lancent dans une nouvelle collection Imaginaire, dirigée par le redoutable Gilles Dumay, fervent admirateur de la production anglo-saxonne et proposent pour leur lancement un diptyque de fantasy épique, Mage de bataille, écrit par Peter A. Flannery (2e partie publiée début 2019).

De la fantasy très magique

Falco est petit, rabougri et pas très aidé, car il porte en lui la malédiction de son traître mage de père. Son ami Malaki est forgeron mais rêve de devenir chevalier. Enfin, Bryna est issue d’une famille aisée, mais sa condition de femme ne la prédispose pas à pouvoir mettre beaucoup en avant ses qualités ès archerie. Ces trois compères et commère sont embringués avec le reste des habitants de leur ville dans une fuite devant une menace surnaturelle qui envahit leur territoire. Géopolitiquement, il faut se figurer les Sept Royaumes d’Ire (Beltane, Illicie, Clémonce, Valence, Achéron, Thrace, Férocie) occupant un vaste continent, au milieu duquel les montagnes de Caer Dour, en Valence où débute notre histoire, se dressent. Des hordes de morts-vivants venues de Férocie (difficile de savoir, sans lire en VO, si c’est la traduction qui accentue cette évidence), des « Possédés », écrasent méthodiquement les armées défendant les autres territoires. Face à ce désastre annoncé dès le prologue, sont utilisés des maîtres ès magie et art guerrier que sont les Mages de bataille, des professionnels alliant force combattante et force mystique. Ceux-ci ont la particularité, quand ils dévoilent leurs pouvoirs, de tenter d’invoquer un compagnon, un Dragon, qui, normalement, les aidera dans leur quête de la paix par les armes. Or, Falco, le petit gringalet au centre de cette histoire se découvre une certaine sensibilité à ces aspects magiques, voire une certaine attirance plus ou moins bénéfique envers les Dragons. Le passé tumultueux de son père décédé plusieurs années auparavant dans des circonstances délétères ne l’aide pas à se rassurer ; c’est finalement la quête de sens et de reconnaissance de ce jeune Falco, désigné parfois comme le « Fils de la folie », qui nous est contée dans Mage de bataille.
Alain Brion - Mage de bataille diptyque

Une intrigue classique assumée

Avec cette nouvelle collection Imaginaire, Albin Michel a directement mis les points sur les i en disant vouloir mettre en avant des romans de genre très marqués. Clairement, il n’y a pas tromperie sur la marchandise : avec Mage de bataille, nous sommes dans la high fantasy telle qu’on peut en trouver dans La Roue du Temps par exemple ; les envolées et les batailles se veulent épiques, le mal est Le Mal et les archétypes sont légion. Ainsi, les trois personnages principaux sont respectivement le jeune orphelin doué d’une force intérieure qu’il doit apprendre à maîtriser, le jeune roturier qui, à force de persévérance, se gagne une place au sein des corps nobles et la jeune archère qui doit s’imposer dans un monde d’hommes. Classique donc, mais efficace, à l’image déjà de la couverture : c’est Alain Brion qui a été invité à travailler sur une illustration qui sert au diptyque entier, et dans son style si caractéristique il nous renvoie à nos meilleurs souvenirs de fantasy épique. Difficile de critiquer l’ensemble de la structure de Mage de bataille, car la coupure semble assez nette et dit correspondre au milieu du volume original ; pour autant, la première partie de ce premier tome réside dans une fuite à la va-vite menée tambours battants, ce qui aide à s’immerger dans l’univers, en compagnie des personnages, au plus près des enjeux de survie. La deuxième partie pâtit un peu plus des attendus dus aux archétypes : à partir du moment où chacun doit se perfectionner dans son domaine particulier, le passage par la case « formation » (ici, une caserne multifonctionnelle) semble inévitable et cela traîne un peu en longueur, même si on sent bien que l’auteur a accéléré certains passages car on se doute bien que chacun passe un cap à un moment donné dans son apprentissage. Une fois cette étape accomplie, il ne reste « plus qu’à » se confronter à des dangers plus importants…
Alain Brion - Mage de bataille

Pour aller plus loin

En guise d’approfondissement (et donc moins en guise de véritable critique), il convient de noter que le sous-texte de Mage de bataille peut être compris via le paradigme d’un fort héritage judéo-chrétien. Dans cet univers de fantasy, la magie est assez psychologique (pour la contrôler comme pour la débloquer), et en tout cas (de ce qu’on peut saisir pour le moment) liée à l’âme. Or, une âme, peu d’êtres en ont véritablement une : les humains avant tout, les dragons également, même s’ils peuvent virer vers la folie, par contre le reste des animaux n’est pas concerné, voire même le monde animal est plutôt très restreint. Nous sommes typiquement là dans une vision chrétienne de l’animalité : dans le paradigme de la Genèse, l’Humain est maître des animaux, car il a un « souffle » qui le rend supérieur. C’est toujours intéressant de voir que certains romans poursuivent méthodiquement cette vision maintenant bien ancienne, mais qui prend le parti de voir le règne humain se poursuivre sur les autres espèces qu’il côtoie. Les Dragons peuvent apparaître comme une exception, mais très vite ils apparaissent comme des êtres doués de conscience tout à fait abordables par quelqu’un qui y prend attention et tout à fait anthropomorphisés dans leurs attitudes. Cela est d’autant plus vrai que le destin mystérieux de certains Dragons qui est peu à peu dévoilé montre que la folie leur est accessible comme aux humains.

Ce premier tome de Mage de bataille est donc un cas d’école de fantasy qui vaut le moment de lecture, peut avoir plusieurs niveaux de lecture et fournit une intrigue simple mais efficace. La présentation qui en est faite par la collection A.M.I. n’est donc pas volée.

Voir aussi :
Tome 2

Autres critiques :
Apophis (Le Culte d’Apophis)
Célindanaé (Au pays des Cave Trolls)
Chroniques du chroniqueur
Évasion Imaginaire
Lutin (Albédo)
Lhotseshar (Au pays des Cave Trolls)
Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres)
Phooka (Book en Stock)
Xapur (Les Lectures de Xapur)

Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

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