Barracuda, tome 2 : Cicatrices
Titre : Cicatrices
Cycle/Série : Barracuda, tome 2
Auteur : Jean Dufaux
Dessinateur : Jeremy Petiqueux
Éditeur : Dargaud
Date de publication : 2011
Synopsis : Barracuda raconte les aventures pleines de sang et de larmes de trois adolescents au temps des pirates. L’action se déroule sur une île : la mal nommée Puerto Blanco. Dans ce 2e tome, le terrifiant Morkam revient sur l’île pour tenter de se venger de Flynn, le frère de celle qu’il voulut jadis épouser à Londres, et qui l’en empêcha. Emilio/Emilia, qui dissimule toujours sa véritable identité sexuelle, assistera à la scène… Raffy, enfin remis de ses blessures, ne rêve que de se venger de Maria. Mais le fils du pirate Blackdog et la belle aristocrate qui vient d’épouser Ferrango, le richissime marchand d’esclaves, tombent amoureux l’un de l’autre.
-Tous ces océans finiront par engloutir ma fortune. Dites-moi, Dona Flores, pourquoi Dieu a-t-il créé les îles ?
-Pour que vous puissiez les conquérir, Votre Majesté.
Si vous aimez comme moi les histoires de pirates, il y a peu de chance que vous soyez passé à côté de la série « Barracuda ». Après un premier album très réussi posant le décor et introduisant les principaux protagonistes, Jean Dufaux et Jérémy Petiqueux reviennent sur l’île de Puerto Blanco où l’on retrouve après plusieurs années les trois adolescents vedettes du premier tome. La première, Maria, fille d’une noble espagnole et seule survivante de sa famille, a été achetée par un marchand d’esclave qui a choisi d’en faire son épouse. Emilio, capturé lui aussi lors de l’abordage, vit depuis travesti en fille et a été recueillis par Flynn, une figure importante de l’île de Puerto Blanco. Raffy, enfin, fils du redoutable Blackdog, se morfond d’avoir été abandonné par son capitaine et son équipage après avoir été blessé par la belle Maria. L’album s’ouvre sur une ellipse de trois ans qui pourra dans un premier temps déstabiliser (voir décevoir) le lecteur et qui nuit quelque peu au récit. Il aurait en effet été intéressant de voir les trois adolescents s’adapter à leur nouveau mode de vie, au lieu de quoi nous les retrouvons déjà bien aguerris, et pour certains dans des positions fort éloignées de celles dans lesquelles on les avait quitté. C’est le cas notamment de Maria qui n’a plus grand chose à voir avec la jeune femme battue et humiliée du premier tome (de même que son époux tient désormais plus du serviteur que du tortionnaire). La transformation est radicale et le fait de ne pas y avoir assisté porte d’une certaine façon préjudice à l’album dans le sens où elle nous apparaît comme peu cohérente.
On peut également ajouter à la liste des regrets la présence de rebondissements cousus de fil blanc parmi lesquels les relations amoureuses naissantes entre Maria et Raffy, ou encore entre Emilio et son sauveur. L’intrigue se focalisant sur le passé de Blackdog est heureusement plus intéressante et permet de se faire une meilleure idée de ce personnage décidément très énigmatique. La quête du diamant maudit est quant à elle clairement mise en suspend, même si l’auteur intègre tout de même une scène qui nous permet d’en apprendre davantage sur son origine. Si le scénario est un peu plus léger que dans le précédent album, ce n’est cependant pas le cas des graphismes qui sont, encore une fois, sublimes. Qu’il s’agisse des visages des personnages, de leur costume ou bien des décors, tout est représenté avec un soin remarquable et on serait ici bien en peine de trouver un domaine dans lequel l’artiste démérite. Les couleurs sont notamment bien choisies et participent pleinement au dépaysement du lecteur qui ne peut que se laisser emporter par cette débauche de lumière et de couleurs vives. Le contrepoint apporté à toutes ces teintes par le personnage de Blackdog, toujours vêtu d’amples tenues noirs claquant aux vents, n’en est que plus réussi et participe à donner au pirate une aura de mystère et de danger qui convient tout à fait à l’ambiance. Seule petite déception là encore : ce second tome ne nous fournit presque aucun aperçu de l’océan ou de navires (ce qui, pour une série sur le thème de la piraterie, est tout de même un comble !)
Jean Dufaux et Jérémy Petiqueux nous livrent encore une fois un bel album qui séduit malgré tout davantage par sa forme que par son fonds en raison de certains choix scénaristiques peu judicieux (la mise entre parenthèse de la chasse au trésor, l’ellipse de départ, les relations amoureuses trop prévisibles entre les principaux protagonistes, et surtout l’absence de scènes maritimes). Reste à savoir quels aspects le troisième album choisira de privilégier.
Voir aussi : Tome 1 ; Tome 3 ; Tome 4 ; Tome 5 ; Tome 6
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