Mémoires par Lady Trent, tome 4 : Le labyrinthe des gardiens
Titre : Le labyrinthe des gardiens
Cycle/Série : Mémoires par Lady Trent, tome 4
Auteur : Marie Brennan
Éditeur : L’Atalante
Date de publication : 2018 (mai)
Synopsis : Dans le quatrième tome de ses mémoires, la célèbre et scandaleuse lady Trent nous emmène en Akhie, contrée désertique avec laquelle son propre pays souhaite s’allier. À la suite de ses découvertes du volume précédent, le Scirland a décidé de lancer un programme d’élevage de dragons afin de contrer les actions du Yélang. Isabelle Trent et Tom Wilker se rendent donc en Akhie pour le superviser. Mais en dépit du peu de goût de lady Trent pour la politique, celle-ci la rattrape, sous la forme d’enlèvements par des tribus du désert et de sabotages qui mettent sa vie et celle de Tom Wilker en danger. Les deux chercheurs n’en continuent pas moins à mener leurs recherches sur les dragons locaux, s’aventurant jusque dans le terrible désert du Jéfi. C’est là qu’accompagnée de Suhail, l’archéologue akhien rencontré dans le volume précédent, elle fera les découvertes majeures qui vont bouleverser son monde. Au passage, préjugés et archaïsmes auront été écorchés par son humour à froid et son obstination hors du commun.
On ne nous juge pas selon les mêmes critères. Lorsqu’elle émane d’un homme, les gens oublient une bévue, une faiblesse ou une petite folie personnelle. Si je commets un faux pas, ce n’est pas seulement ma réputation qui sera ternie. Mes erreurs prouveront que les femmes ne sont pas destinées à travailler. Mes défauts ne m’appartiennent pas. Je ne peux donc me permettre de me laisser aller à une quelconque action qui pourrait justifier les préjugés que les gens ont déjà sur moi et sur mon sexe
Nouvelle destination, nouveaux dragons !
Voilà maintenant des mois qu’Isabelle est de retour dans son pays natal après son long voyage d’exploration autour du monde à bord du Basilic. Bien que toujours considérée comme quantité négligeable par ces messieurs de l’Académie, la naturaliste ne tarde pas à se voir confier une nouvelle mission d’ordre scientifique. Direction le désert d’Akhie, où notre sulfureuse lady a été engagée par l’armée royale afin de superviser la première tentative d’élevage de dragons depuis des siècles. Pour le Scirland, l’objectif est simple : parvenir à trouver le moyen de conserver durablement les os de dragons afin d’exploiter leurs caractéristiques exceptionnelles pour contrer les actions du royaume du Yélang. Pour Isabelle et son collègue Tom Wilker, en revanche, le but est tout autre : parvenir à comprendre et recréer les conditions de pontes et d’éclosions des œufs de dragons. Évidemment, notre scientifique ne va (comme d’habitude) pas tarder à être rattraper par des considérations d’ordre politique qui vont venir perturber non seulement son travail de recherche, mais aussi sa vie. Inutile de garder le suspens plus longtemps : ce quatrième tome des mémoires de Lady Trent se révèle dans la droite lignée des précédents et devrait sans aucun doute combler les attentes des amateurs de la série. Avant d’aborder la question du fond, un rapide mot sur la forme qui est toujours aussi soignée. L’ouvrage est en effet à nouveau enrichi par le magnifique travail de Todd Lockwood à qui on doit non seulement la couverture mais aussi les illustrations intérieures. Comment dans le tome précédent, les éditions l’Atalante ont également fait le choix d’une nouvelle teinte de couleur pour la police qui, du bleu, est passé au rouge foncé. Un aspect certes négligeable mais qui donne tout de même un petit cachet supplémentaire à cette édition.
Lady Trent, une Indiana Jones au féminin
Si les précédents opus étaient parfois un peu lents à démarrer (surtout le deuxième !), notre lady ne perd ici pas de temps en bavardages et se concentre rapidement sur son arrivée en Akhie et le début de ses recherches. Ce quatrième tome est d’ailleurs dans l’ensemble mieux rythmé que les précédents, même s’il comprend encore quelques longueurs et répétitions, notamment dans la première moitié du roman. Marie Brennan porte à nouveau ici une partie de son intérêt à l’avancée des études de la jeune femme sur les dragons, dépeignant en détail les différentes étapes nécessaires à toute bonne démarche scientifique (pas forcément trépidant, si ce n’est pour les réflexions que cela pose en matière d’éthique) ou à la rédaction d’articles destinés à la profession. L’auteur retranscrit également très bien l’exaltation de la recherche et de la découverte, et ce pas seulement dans le domaine du naturalisme mais aussi de la linguistique, ou encore de l’archéologie. Pour ce qui est de l’univers, on en apprend peut-être un peu moins sur le contexte géopolitique mondial que dans le tome précédent, mais le voyage de l’héroïne nous permet malgré tout de nous familiariser avant un nouveau pan de l’univers de l’auteur. Comme toujours, Marie Brennnan prend le temps de nous dépeindre le contexte local, qu’il s’agisse des luttes de pouvoirs et de leur évolution, ou encore des traditions ayant cours dans cette région qu’on peut rapprocher ici de l’Afrique du nord. Si les considérations politiques sont donc toujours présentes, l’implication de notre naturaliste est en tout cas moins tirée par les cheveux qu’elle avait pu l’être au cours de ses précédents voyages. On sent toutefois que ce quatrième tome est un tome de transition, une sorte de calme avant la tempête que ne manqueront pas de provoquer les décisions parfois osées prises par la scientifique. Les rebondissements dépeints ici sont pour leur part un peu plus romanesques que ce à quoi on avait pu être habitué, donnant une aura d’héroïne romantique à notre lady qui aura ici affaire à une tentative d’enlèvement en plein désert, une tentative d’assassinat, et une histoire d’amour contrarié : rien que ça !
Femme, mère, amante… mais avant tout scientifique !
Tout cela pourrait s’avérer un peu trop stéréotypé, heureusement la narratrice à vite fait de briser nos rêveries romantiques en abordant ces péripéties de manière terre à terre et en adoptant un ton caustique qui donne tout son sel au récit. Isabelle reste un personnage pour lequel on ne peut s’empêcher d’éprouver de la sympathie, que ce soit grâce à son caractère bien trempé ou en raison de l’hostilité du milieu dans lequel elle doit évoluer. Difficile en effet de se faire accepter dans un monde exclusivement masculin, surtout lorsque les seuls rôles jugés acceptables pour les femmes dans cette société se réduisent à celui d’épouse et de mère. (« Nous sommes obligés d’en faire deux fois plus pour obtenir des récompenses deux fois moindre. »). Contrairement au précédent tome, dans lequel c’était la relation de la naturaliste avec son fils qui occupait le devant de la scène, l’auteur se penche cette fois sur les rapports entretenues par la jeune femme avec un personnage qu’on avait déjà pu croiser : le mystérieux Suhail. Bien que prévisible, le choix est intéressant et permet de dévoiler un autre pan de sa personnalité, plus sensible, plus intime. L’auteur ne commet toutefois pas l’erreur de tomber dans le mièvre en faisant de cette histoire un récit à l’eau de rose : Isabelle a toujours son franc-parler et se permet à plusieurs reprises de remettre à leur place ses lecteurs, les encourageant à ne pas prêter l’oreille aux rumeurs, ni à la confondre avec une midinette sous prétexte qu’elle nous parle d’amour. Seul bémol déjà évoqué dans les tomes précédents : la narratrice a toujours l’agaçante manie de s’étendre parfois sur des détails de peu d’importance pour l’intrigue, quand d’autres éléments tout juste mentionnés auraient bénéficié d’être bien plus développés.
Sans surprise, c’est avec plaisir qu’on renoue avec l’univers et le personnage de Lady Trent qui continuent tous deux de s’étoffer au fil des tomes. Nul doute d’ailleurs que la suite sera passionnante, surtout compte tenu des bouleversements qui ont eu lieu tout au long de ce quatrième volume qui comporte malgré tout toujours quelques défauts. De l’action, de l’amour, des découvertes scientifiques, et des dragons : on peut dire que Marie Brennnan a trouvé la bonne combinaison !
Voir aussi : Tome 1 ; Tome 2 ; Tome 3 ; Tome 5
Autres critiques : Apophis (Le culte d’Apophis) ; Blackwolf (Blog-O-livre) ; Célindanaé (Au pays des cave trolls)
5 commentaires
Célindanaé
Tu as été rapide 🙂
Je vais certainement le lire bientôt. Je finis Des sorciers et des hommes et après j’hésite entre Rouille ou celui-ci.
En tout cas tu m’as donné envie de m’y plonger 🙂
Boudicca
Je viens juste de finir Rouille ^^ Je l’ai trouvé sympa, surtout pour un premier roman, même s’il a quelques défauts. J’ai hâte de lire ton avis sur le Thomas Géha, je vais surement le lire bientôt 🙂
Célindanaé
Je m’amuse beaucoup avec Des sorciers et des hommes. La découpe du livre est très originale en plus
The Cannibal Lecteur
Hello ^^ Je voudrais lire au moins le premier, mais comme tu vois, j’ai du retard dans mes lectures 😆
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