Le Vieil homme et la guerre
Titre : Le Vieil homme et la guerre (Old Man’s War)
Cycle/Série : Le Vieil homme et la guerre, tome 1
Auteur : John Scalzi
Éditeur : L’Atalante (La Dentelle du Cygne) [site officiel] / Milady
Date de publication : janvier 2007, puis septembre 2016 en poche (2005 en VO)
Synopsis : J’ai fait deux choses le jour de mes soixante-quinze ans : je suis allé sur la tombe de ma femme. Puis je me suis engagé.
À soixante-quinze ans, l’âge requis, John Perry n’est pas le seul à intégrer les Forces de défense coloniale, billet pour les étoiles, mais sans retour. Rien ne le retient plus sur Terre. Combien d’années peut-il espérer vivre ? S’engager, c’est protéger l’expansion de l’humanité dans la Galaxie, retrouver une seconde jeunesse et, à l’issue du service, obtenir le statut de colon sur une planète nouvelle. Mais qu’advient-il réellement de ces recrues ?
Dans la lignée de Starship Troopers de Robert Heinlein et de La guerre éternelle de Joe Haldeman, John Scalzi, pour son premier roman, a été finaliste du prix Hugo et a obtenu le prix Campbell du meilleur nouvel auteur de s.-f.
Quelqu’un d’autre a-t-il eu une surprise ?
— Cancer des poumons, dit Harry. Des petites taches.
— Kystes ovariens, ajouta Jesse.
Maggie renchérit.
— Arthrite rhumatoïde naissante, dit Alan.
— Cancer du testicule, annonçai-je.
Tous les hommes autour de la table sourcillèrent.
— Ouille, fit Thomas.
— On m’a dit que je vivrai.
— Oui, mais tu vas marcher penché.
La traduction d’un titre peut parfois être lourde de sens : ici, le choix du Vieil homme et la guerre renvoie clairement à l’œuvre d’Ernest Hemingway où nous suivons un vieux marin en lutte ; de même, dans ce roman de John Scalzi, nous suivons un vieux guerrier en lutte, et c’est peu de le dire.
Un pitch qui parle tout de suite
« J’ai fait deux choses le jour de mes soixante-quinze ans : je suis allé sur la tombe de ma femme. Puis je me suis engagé. » Il faut dire que l’incipit de ce roman est accrocheur. Que peut bien espérer la population vieillissante de la Terre en s’engageant dans l’armée spatiale à ses soixante-quinze ans ? C’est ce à quoi répond le récit de John Perry dont nous découvrons la tragique histoire. Veuf et désillusionné, il est désormais paré pour affronter sa fin de vie en cédant aux sirènes de l’armée qui recrute les vieillards depuis des années, leur promettant une nouvelle vie sous les drapeaux en défendant la Terre de vilains extraterrestres.
De l’intérêt de réfléchir avant de taper
Étonnamment, alors que le lecteur s’attend à découvrir rapidement ce qu’il advient de ces vieillards engagés, John Scalzi ménage le suspens sur leur devenir une fois leur contrat d’engagement signé. Cela est l’occasion de souligner l’humanité des protagonistes. Ainsi, le héros John rencontre Thomas, Susan, Harry, Jesse et Alan qui, comme lui, ont déjà vécu une vie longue, pas toujours belle, mais remplie d’expériences diverses qu’ils commencent à échanger. Leurs corps ne sont plus en bon état et se demandent bien à quoi ils vont bien pouvoir servir. Sans dévoiler le moyen pour atteindre ce stade, l’armée qui les recrute leur offre un tout nouveau corps pas inépuisable, mais avec des capacités tout de même largement surhumaines qu’il va leur falloir apprendre à gérer et à utiliser au mieux. Désormais, ils sont des soldats surentraînés, avec une sagesse de vieillard et un corps de super-héros, autant dire que les envoyés sur le front peut faire des étincelles. Oui, mais voilà, contre qui sont-ils envoyés ? L’auteur le dévoile volontairement tardivement et dans ce récit, cela reste même très flou : des extraterrestres puissants confrontent les humains venus de la Terre qui ne semblent pas être tout blancs non plus. En gros, il y a de vilaines bestioles en face, avec des rites guerriers pas toujours très compréhensibles, donc l’armée spatiale humaine met le paquet pour s’imposer. La psychologie n’est pas le fort de cette organisation, au contraire du héros qui se pose constamment des questions et multiplie les cas de conscience malgré sa remarquable propension à se glisser dans la peau d’un leader militaire.
De la SF militaire qui se veut humaine
Finalement, le temps passe très vite dans la nouvelle vie de John et revoir les quelques amis qu’il a pu se faire ici ou là devient très hypothétique. C’est une belle histoire dans l’ensemble, même si bon nombre de chapitres ne mettent pas en valeur l’anatomie humaine tant on saute parfois de charnier en carnage. Chaque nouvelle mission permet au héros de briller mais annonce aussi son lot de tragédies. À l’occasion de l’une d’elles, il se surprend à vouloir fouiller un peu les dessous de certains régiments spéciaux de l’armée. Clairement, en apprendre de trop s’avère pour lui tout aussi dangereux que de ne pas savoir, mais pour le vieillard qu’il est toujours, cela devient indispensable de répondre à des questions longtemps tues.
Le Vieil homme et la guerre propose une aventure rondement menée avec son lot de tragédies humaines, de péripéties rythmées et d’idées convaincantes. La fin se veut un peu ouverte, car des suites ont été produites ensuite, mais on peut tout à fait s’arrêter là avec le sentiment d’avoir découvert une belle histoire de science-fiction militaire.
Autres critiques :
Blackwolf (Blog-O-Livre)
Célindanaé (Au pays des Cave Trolls)
Le Chien critique
Yogo (Les Lectures du Maki)
6 commentaires
lutin82
Tu te doutes que je suis en parfait accord avec ton avis. C’est une belle aventure et une SF militaire très abordable. Un bon ambassadeur pour ce courant si peu goûté dans l’Hexagone.
Merci
Dionysos
Tout à fait.
Justement, as-tu des exemples de SF militaire à la française ? 🙂
The Cannibal Lecteur
Engagez-vous, qu’ils disaient ! À 75 balais, faut le faire !
J’hésite, mais vu que j’ai envie de découvrir un peu de SF…
Dionysos
Rien que ce pitch doit te convaincre, pas le choix. :p
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