Tau Zéro
Titre : Tau Zéro
Auteur : Poul Anderson
Éditeur : Le Bélial’ [site officiel] / Pocket [site officiel]
Date de publication : 7 juin 2012 / 8 janvier 2015 (1970 en VO)
Synopsis : L’aventure ultime : le premier vol habité hors du système solaire…
Terre. XXIIIe siècle. Ils sont cinquante. Vingt-cinq femmes, vingt-cinq hommes. Parmi les meilleurs dans leurs domaines : astrophysiciens, mathématiciens, biologistes, astronavigateurs… Leur mission est la plus sidérante qui soit : rejoindre l’étoile Beta Virginis en quête d’une nouvelle Terre. Ils disposent pour ce faire du plus stupéfiant des vaisseaux, le Leonora Christina, dernier né de sa génération, un navire capable de puiser son énergie au cœur même de l’espace et d’évoluer à des vitesses relativistes…
Un voyage de trente-deux années-lumière. Un voyage sans retour. Et tous le savent. Tel est le prix que sont prêts à payer ces pionniers d’une aire nouvelle…
Une fois que la crise est passée, une fois que les gens sont en mesure de se débrouiller par eux-mêmes… quel meilleur service peut leur rendre le roi hormis retirer sa couronne ?
Et un autre roman de Poul Anderson mis en avant par les éditions du Bélial’ ! Tau Zéro date un petit peu (1970), mais mérite le détour tant pour son récit que pour son propos.
Aussi bizarre que cela puisse paraître, Tau Zéro étonne tout d’abord en nous proposant une histoire calquée sur une romance. Et oui ! Poul Anderson, l’auteur de L’Épée brisée, des séries de La Hanse galactique et de La Patrouille du Temps, opte ici pour un roman d’amour (c’est un grand sentimental). Très simplement, nous suivons les idylles naissantes entre les passagers hétéroclites d’une mission spatiale de grande envergure, prévue sans retour sur Terre, mais en aller simple vers une autre planète. Ils partent pour un voyage qui demande de partager son espace vital avec d’autres passagers ; il y a assez vite des rapprochements, d’autant que dans cette société légèrement plus avancée que la nôtre, l’idée de la reproduction semble un peu taboue et il s’agit de s’acoquiner assez vite pour être certain d’avoir la possibilité de former un couple durable. Qui dit roman d’amour induit forcément un peu de devoir suivre les trivialités d’une vie quotidienne pas toujours passionnante, mais l’auteur ne se perd pas trop dans ces détails.
À cette dimension sensible du roman, s’ajoute un aspect fortement politique. De fait, envoyer un grouple dans l’espace suppose de leur donner un but (nous y revenons par la suite) et de réfléchir aux conséquences qu’un tel voyage peut engendrer, mais d’un point de vue sociétal ce coup-ci. Non seulement il est toujours bon de se demander comment une communauté d’une cinquantaine d’individus isolée dans un vaisseau spatial et devant gérer leur vie quotidienne au mieux pour ne pas péter les plombs, mais surtout le coeur du roman réside dans cette société endogène qui doit se choisir une organisation du pouvoir. Ici, les militaires et les scientifiques prennent assez classiquement la part belle, mais quelques indices sont disséminés pour nous faire deviner une Terre mieux gérée qu’aujourd’hui, une Terre où le nucléaire a été soustrait des mains des dirigeants et où des pays comme la Suède jouent un rôle de médiateur salutaire. On frôlerait même à certains moments l’utopie réussie. L’ambiance à bord est bien sûr tendue par les circonstances mais l’idéal d’harmonie demeure bien présent.
Enfin, Poul Anderson est foncièrement un auteur de littératures de l’imaginaire, et de science-fiction avant tout. Même si son livre L’Épée brisée est génial comme fantasy épique, il s’est plus souvent illustré en aventures spatiales. Il est ainsi logique de le voir appuyer son propos sur un fond très porté sur l’argument scientifique. Clairement, il mise à fond sur des explications scientifiques (certes datées de 1970 mais captivantes) pour concocter une « hard SF » pourtant abordable par les non passionnés. D’ailleurs, l’édition mise totalement sur cet aspect-ci, car elle adjoint à la suite du roman un long d’articles d’explications et de vulgarisation rédigé par l’astrophysicien Roland Lehoucq. C’est l’occasion de faire un point explicatif sur le voyagel spatial entrepris et précisément sur la relativité du temps.
Tau Zéro est donc un roman très intéressant, un « aller sans retour » qui peut offrir au lecteur des perspectives très lointaines même sans y connaître grand-chose au voyage stellaire.
Autres critiques :
Chroniques du chroniqueur
Le Scribouillard (C’est pour ma culture)
7 commentaires
Célindanaé
Merci pour cette chronique, ça change des précédents que j’ai lus de l’auteur 🙂
Dionysos
C’est vrai que le côté romance m’a surpris, mais en bien au fond. 🙂
lutin82
J(ai vraiment aimé ce roman qui changeait des autres textes de l’auteur que j’avais lu.
Dionysos
Il surprend, hein ? 🙂
Vert
J’avais beaucoup aimé ce roman, le voyage avait quelque chose d’assez vertigineux au final ^^.
Dionysos
C’est clair qu’il pousse son idée jusqu’au bout. 😉
Ping :