Fantasy

One Piece : Back to Future

Le manga pâtit encore à mon sens d’une réputation de bande dessinée de seconde zone, plutôt destiné à un public jeune. Effectivement, si aujourd’hui je lis autant de BD franco-belge et de comics que de mangas, les premières BD que j’ai pu acquérir sur mon maigre argent de poche étaient bien des mangas. Il est vrai que leur coût est de façon générale moins élevé, de même que leur format, moins pratique sans doute. Le rythme des publications, bien souvent infernal pour les auteurs nippons parce qu’hebdomadaire, peut faire pencher la balance qualité du mauvais côté. Des séries ont pourtant marqué ou marquent le manga contemporain et la BD contemporaine en général. One Piece, qui célèbre cette année ses vingt ans, fait indéniablement partie de ces dernières. Ne serait-ce que par les chiffres : One piece, c’est peu ou prou 380 millions de volumes vendus de part le monde depuis 1997.

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Un Mugiwara Store au Japon, petite boutique consacrée à One Piece

Une saga monumentale comme One Piece (littéralement, ça prend de la place dans une bibliothèque) mérite donc à mon humble avis quelques lignes. Un peu plus même. J’envisage ici de présenter à grands traits le monde créé par Eiichiro Oda (pour vous néophytes et pour les autres aussi) et de vous donner, peut-être, l’envie de tenter l’aventure. Je m’engage par la suite à faire une critique par arc du récit (en gros un certain nombre de volumes autour d’un lieu, d’un personnage, d’une aventure). Ce sera un travail de longue haleine, mais qui me permettra peut-être ensuite de rédiger un papier au gré des sorties.

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Comme je disais donc, One Piece traverse l’océan vers nos librairies depuis 20 ans maintenant (17 en fait en France) et le 82ème volume vient tout juste de débarquer dans nos rayonnages. Avant, toutefois, d’en venir à ce dernier volume, commençons par le début. Personnellement, j’ai lu les tout premiers volumes aux alentours de 2004 ou 2005 et je n’en ai guère démordu depuis. Mais que raconte One Piece en fin de compte ? Toutes et tous ou presque, sans doute, avez eu vent qu’il s’agit d’une aventure de pirates. Riche de 82 volumes, Oda a créé avec One Piece un univers d’une richesse immense, aux personnages qui se comptent par dizaines voire par centaines, nombre d’entre eux pourvus d’un charisme fou. Quelques uns d’entre eux se voient d’ailleurs consacrer des volumes parfois entier pour mieux développer leur background. L’univers de One Piece est aussi bourré de références, mais aussi d’émotions. Peu de bandes dessinées ont su me faire rire autant, et même pleurer par deux fois (dans la vraie vie, pourtant, je suis un gros dur). Bref, One Piece c’est une grande et longue aventure, un récit initiatique avec ses moments de bravoure, mais aussi, il est vrai, quelques rares passages en deçà. La critique de tous ces arcs est encore bien loin dans le temps, commençons donc par un bref retour vers le futur.

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One Piece, c’est d’abord une histoire qui prend place dans un monde imaginaire inspiré de l’univers des pirates du XVIIème siècle. De nombreux personnages portent d’ailleurs des noms plus ou moins proches des corsaires qui sillonnaient les mer à cette époque (ainsi, Jean Bart, Bartholomew…). Les mangas autour de ce thème de la piraterie ne sont d’ailleurs pas légion, c’est l’une des clés, peut-être, de son succès. C’est aussi un univers dans lequel règne le fantastique et le merveilleux, où se côtoient monstres marins, hommes-poissons, personnages aux étranges capacités obtenues, entre autres, par les fruits du démon. Nous y reviendrons. La particularité de One Piece tient également au fait que son fil conducteur est en fin de compte assez ténu : le roi des pirates, Gold Roger, capturé par la Marine, du haut de l’échafaud, lance un appel aux pirates du monde. Il a caché quelque part dans ce vaste monde, le One Piece, le trésor ultime, et seul celui qui en prendra possession pourra se targuer d’être le successeur de Roger. C’est là l’objectif final des pirates qui parcourent le monde, et notamment de Luffy, que nous suivrons dans One Piece. La résolution de One Piece se fera sans doute sur ce dernier événement. On ne sait cependant ce qu’est le One Piece : est-ce un trésor de métal ? Est-ce seulement matériel ? Nul ne le sait. L’essentiel du manga, sur le fond, se trouve pourtant ailleurs. L’idée motrice est avant tout de vivre ses rêves. Chacun des personnages que l’on croisera plus avant a le sien.

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A propos du monde de One Piece, qui dit piraterie dit forcément mers et océans. Aussi, le monde au sein duquel évoluent nos héros est essentiellement marin. Une petite leçon de géopolitique s’impose pour en mieux comprendre l’organisation basique. Géographiquement, la construction de cette autre planète bleue est relativement simple. Une division en quatre océans sur les hémisphères (East Blue, West Blue, North Blue, South Blue), auxquels s’ajoute Grand Line (« La route de tous les périls » en français), océan équatorial de sombre réputation réservé aux pirates les plus aguerris, ou les plus fous. Ce dernier est bordé sur ses deux côtés par la Calm Belt, peuplée de monstres et sans courant aucun, y empêchant la navigation. Cet univers aqueux est enfin traversé par un seul et unique continent, Red Line, qui coure d’un pôle à l’autre. Ces océans sont évidemment parsemés de myriades d’îles où différents systèmes politiques ont pu s’établir, de la monarchie au régime municipal. Au-dessus de ces régimes locaux, le monde est plus globalement placé sous la coupe de trois groupes. Logiquement du côté de la justice, le gouvernement mondial s’appuie sur sa Marine pour faire régner l’ordre tant bien que mal. Plutôt mal que bien d’ailleurs, puisque celui-ci à du fonder le second groupe en s’acoquinant avec des pirates : les Sept Grands Corsaires (ou shikibukai, tellement plus classe). Les quatre pirates les plus puissants du monde, adversaires ultimes de la justice, constituent enfin le troisième groupe, les empereurs (ou Yonko).

Le monde de One Piece (Source : Wikipedia)

 

Toutes ces îles et ces systèmes politiques donnent aussi l’occasion à Eiichiro Oda de donner libre cours à sa créativité débordante. Chaque île est en soi un écosystème à elle seule et fait voyager le lecteur. Iles volcaniques, îles au climat digne de l’Antarctique, îles tropicales touché par les aléas climatiques, île restée ancrée dans la préhistoire, aux technologies avancées, Venise géante soumise au phénomène de montée des eaux, île qui se meut… des îles célestes aux îles sous-marines, tout y passe en termes d’environnements et sans jamais cesser de surprendre. Et de boussole, pour se guider dans ce vaste monde, point. Sur Grand Line, le quidam flibustier ne peut se guider que grâce au Log Pose qui lui indique l’île la plus proche, forçant la progression par à coup, sauf exception.

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C’est dans ce cadre dantesque que prennent place, plus riches encore que les îles, les personnages créés par Eichiro Oda. Les personnages de One piece se comptent aujourd’hui par dizaines voire par centaines, au point que des numéros hors-série sont constitués de fiches sur chacun d’entre eux. Parmi tous ces protagonistes, le lecteur suit les aventures de l’équipage pirate du Chapeau de Paille (les Mugiwara en japonais), Monkey D. Luffy, notre héros, dont le rêve n’est autre que de devenir le seigneur des pirates. Ayant toujours rêvé de prendre la mer, il finit par s’embarquer et se lance dans l’aventure. Pour un pirate, toutefois, Luffy à la malchance d’être une enclume. Il a ingurgité par mégarde l’un des légendaires fruit du démon, à savoir le fruit du gomu-gomu, ou du caoutchoutier pour le franciser. Cet étrange fruit à modifié les propriétés du corps de Luffy, devenu élastique. Ses bras et ses jambes s’étendent de même qu’il peut renvoyer les boulets de canon. Bien moins avantageux, ces fruits empêchent quiconque les a ingurgité de nager à nouveau. Aussi Luffy est-il entraîné irrémédiablement vers le fond des océans s’il tombe à l’eau. Cela n’empêche pas pléthore de pirates d’avoir eux aussi mangé l’un de ces fruits pour en revêtir les pouvoirs. Toute une mythologie se développe d’ailleurs autour de ces fruits dont on ne connaît pas les origines. On en dénombre trois sous catégories : les paramecia qui modifient les propriétés du corps, les zoan qui donnent des propriété animales (comme le fruit léopard), et les logia qui donnent à son possesseur la maîtrise d’un élément (la glace, par exemple). Évidemment nombre de personnages ne possèdent pas de fruits du démon, comme la majorité des coéquipiers de Luffy, dont le nombre s’agrandit progressivement au cours du récit, et assez rapidement dans les premiers tomes. Chacun de ces personnages bénéficie d’une histoire fouillée avec bien souvent un volume, voire un arc entier qui permet de mieux les apprécier. Tous les personnages important que l’on rencontre aux travers des tomes sont l’objet d’un soin minutieux, contribuant encore la richesse de l’oeuvre d’Eiichiro Oda.

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Ce personnage est le détenteur d’un fruit du démon, à vous de deviner lequel !

Deux derniers points rapides peuvent être abordés. L’humour, tout d’abord, omniprésent dans la bande-dessinée et sous toutes ses formes : de situation, de gestes, de caractère ou de mots… Tout y est. One Piece peut faire sourire et bien souvent rire aux éclats. Cet humour est enfin présent à travers le dernier élément que je veux aborder dans ce court (mais moins court que prévu) article : le dessin. One Piece a pour principal atout, à mon sens, de ne pas proposer un dessin trop typé manga. On est loin des visages à la Dragon Ball ou à la Naruto. En outre, l’histoire ne se déroule pas non plus dans un univers façon nippone ce qui permet de décloisonner un peu les ambitions du travail d’Eiichiro Oda, de le rendre plus abordable peut-être pour ceux que le manga n’attire pas en règle générale. Le coup de crayon reste par ailleurs très agréable et s’affine même progressivement au fils des volumes, comme c’est bien souvent le cas.

 

Voilà comment, peut-être, présenter en quelques lignes l’univers de One Piece. Il y en aurait bien davantage encore à dire, mais je ne cherche qu’à vous donner envie de lire cette grande série (un but bien louable, en somme).

Élevé à l'université Kaamelott option Simpson, plus ou moins historien moderniste, geek invétéré (on ne se refait pas). Revenu il y a fort longtemps à la bande dessinée par le manga, et tombé désormais dans la marmite BD-comics-manga, s'essaye à la critique.

5 commentaires

  • L'ours inculte

    Bel article bien complet.
    J’avais regardé l’animé pendant mes études jusqu’à la fin du premier arc mais la longueur m’a effectivement bien refroidit. Je vais ptetre reprendre en numerique, au moins ca prend pas une pièce entiere de l’apart’

    Ce que je retiens surtout c’était la bonne humeur et l’optimisme chronique de la série, ça foutait bien la pêche.

    • Casper

      Le manga est bien meilleur que l’animé, qui comme pour tous (dragon ball, naruto etc), traînent interminablement. Ce manga respire la bonne humeur, mais la lecture est a privilégier. Je viens d’acheter le tome 83 qui vient de paraître😉

  • belette2911

    J’ai lu les 17 premier tomes, mais je trouve que l’on tourne en rond, Luffy arrive sur un île, se castagne avec le seigneur pirate local, ça traine sur quelques tomes, et puis il gagne et on recommence plus loin 😆

    Mais bon, j’apprécie quand même, mais je les loue, les acheter, ce serait trop cher.

    • Casper

      Ah il faut bien avouer que c’est le principe de base du shonen. Mais cette fois, la finalité est sans doute déjà connue, mais c’est avant tout la richesse de l’univers en général qui fait le charme de l’ensemble. Une partie du fond se répète évidemment (ce sont des pirates après tout: mer-iles-vilains toujours plus forts. Un schéma qui se retrouve souvent dans les comics de super héros finalement), mais la forme se renouvelle presque tout le temps je trouve. Enfin, j’ai du mal a être objectif^^

      • belette2911

        J’ai peur de ressentir une redondance dans l’affaire, surtout que j’ai du retard et que je peux me faire 20 tomes d’un coup, ce que je ne ferai pas, ça casserait tout, je sentirais plus la répétition. Mais j’aime les personnages, on est surpris pour certains, dans les premiers !

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