Fantastique - Horreur

Le vaisseau ardent

Le vaisseau ardent

Titre : Le vaisseau ardent
Auteur : Jean-Claude Marguerite
Éditeur : Denoël / Folio SF
Date de publication : 2010 / 2013

Synopsis : En Yougoslavie, Anton et Jak, dix et onze ans, assouvissent leurs rêves de piraterie en chapardant sur les bateaux du port. En échange d’alcool, un ivrogne leur raconte l’épopée du Pirate Sans Nom, un forban hors du commun qui aurait disparu sans laisser de trace, en emportant le plus fabuleux trésor de l’histoire de la piraterie. Pour Anton, ce qui n’est sans doute qu’une légende va devenir sa principale raison de vivre. Devenu pilleur d’épaves, sa quête le mènera aux quatre coins de la planète, et il découvrira que derrière l’énigme du Pirate Sans Nom s’en cache une autre, bien plus ancienne, celle du Vaisseau ardent. De l’Égypte prépharaonique à l’Amérique contemporaine, en passant par l’âge d’or des Caraïbes et les glaces du Groenland, Le Vaisseau ardent nous embarque pour la plus grande chasse au trésor jamais contée. Mais quelle est la vraie nature du trésor ?

Note 3.5

Encore une fois, marin stupide, tu perds et meurs d’être cupide. La chance n’est pas pour les pirates, j’en suis le pire, et je m’en flatte ! Grands capitaines, marchands, bedeaux : tous veulent y croire, et tombent de haut. Un peu d’or et la raison choit ; c’est la même chose chaque fois.

 

Anton n’est qu’un gamin lorsqu’il fait la connaissance sur la jetée d’un port de Yougoslavie d’un vieillard que lui et son ami Jack ne tardent pas à baptiser « l’Ivrogne ». Un Ivrogne qui les charme, nuit après nuit, par ses histoires dont une en particulier retient l’attention du petit Anton : celle du Pirate Sans Nom et de son formidable trésor. S’il y a bien un reproche qu’on ne peut pas faire à l’auteur, c’est de manquer d’ambition. Parce que pour se lancer dans l’écriture d’un ouvrage aussi considérable tout en respectant une structure narrative aussi complexe, il faut quand même avoir du courage. Et de l’imagination, chose que Jean-Claude Marguerite possède en abondance. L’auteur nous propose ainsi une très belle réflexion sur l’âge de l’enfance, la mémoire mais aussi le travail de l’historien ou encore l’importance des mythes. Car au-delà de la légende du Pirate Sans Nom c’est également celles du Pavillon Blanc, de la fontaine de Jouvence et des fameux vaisseaux fantômes qui sont également abordées. Jean-Claude Marguerite s’est lancé ici dans un véritable travail d’orfèvre et s’amuse à imbriquer des récits dans des récits et à constamment laisser planer le doute quant à l’épaisseur de la frontière séparant le réel du fantastique. Si la première partie est très réussie, je serai un peu plus nuancée en ce qui concerne la deuxième mettant cette fois en scène le personnage de Nathalie, moins attachante que le jeune Anton.

Les passages les plus immersifs restent d’ailleurs les nombreux « interludes » historiques ou mythiques qui rythment ces deux parties, l’auteur s’étant manifestement abondamment documenté au sujet de la piraterie et du contexte dans lequel elle était exercée. La palme du meilleur récit revient ainsi au manuscrit relatant la jeunesse du Pirate Sans Nom et qui nous plonge pendant plus de deux cent pages dans le quotidien de cet enfant abandonné après la déportation de sa mère et tentant tant bien que mal de survivre dans une ville portuaire où les enfants des rues ne manquent pas. Le lecteur se retrouve alors tellement pris par l’histoire qu’il ne peut s’empêcher d’être frustré de constater qu’il ne s’agissait là que d’une parenthèse et que la suite du récit ne viendra pas. Et c’est justement là que se trouve le principal défaut du roman : trop de bonnes idées qui auraient mérité de se voir consacrer un roman à elles seules et qu’on est déçu de ne pas voir davantage développées. Il faut dire que l’auteur possède un sacré talent de conteur qui pâtit cela dit parfois des longueurs dans lesquelles s’embourbe le récit. C’est notamment le cas dans la deuxième partie mais aussi, dans une moindre mesure, dans la première, les sempiternelles tergiversations de l’Ivrogne pouvant également devenir lassantes. Si le cœur du récit est passionnant, l’enrobage est pour sa part un peu trop conséquent… (1600 pages tout de même !)

 

Un roman ambitieux et habilement construit qui nous entraîne au cœur d’une formidable légende maritime. Malgré les excellentes idées de l’auteur, l’ouvrage aurait cela dit probablement gagné à être un peu réduit, certaines longueurs risquant malheureusement de venir à bout de la patience de plus d’un lecteur.

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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