Les psaumes d’Isaak, tome 1 : Lamentation
Titre : Lamentation
Cycle : Les Psaumes d’Isaak, tome 1
Auteur : Ken Scholes
Éditeur : Bragelonne
Date de publication : 2010
Récompenses : Prix Imaginales (meilleur roman étranger 2011)
Synopsis : La cité de Windwir vient d’être anéantie, et avec elle la Grande Bibliothèque où reposait la mémoire du monde. L’onde de choc de cette catastrophe rompt les équilibres politiques et religieux des Terres Nommées, attise les convoitises, ravive les complots, met à mal les alliances. La guerre est inévitable. Rudolfo le roi tsigane, seigneur des Neuf Maisons Sylvestres, est le premier sur les lieux et recueille dans les ruines un automate de métal. Agité de sanglots et rongé par la culpabilité, celui-ci s’accuse d être à l’origine du drame. Quel est son terrifiant secret ? A-t-il été manipulé ? Qui voulait la destruction de Windwir et pourquoi ? Mais voilà que Neb, un jeune moine orphelin qui a assisté à l’horreur, commence à faire des rêves prophétiques…
– Nous aimons le passé, heureux ou malheureux, parce que nous le connaissons, dit-il.
– Oui, acquiesça Pétronus. Et nous essayons parfois de sculpter le futur à son image. En faisant cela, nous déshonorons le passé, le présent et l’avenir.
Ma curiosité ayant été éveillée depuis un moment par les critiques enthousiastes concernant l’œuvre de Ken Scholes, c’est sans guère d’appréhension que je me suis plongée dans la lecture de ce premier tome des « Psaumes d’Isaak ». Malheureusement la magie n’a pas opéré et c’est en vain que j’ai tenté de comprendre ce qui avait bien pu séduire ici les amateurs de fantasy. Le roman met en scène un univers bouleversé par la destruction de son plus beau joyau : la cité de Windwir abritant l’ordre érudit des Androfranciens ainsi que la grande Bibliothèque regroupant toute la connaissance du monde. Tout cela parti en fumée de façon inexplicable. Commencent pour les différents souverains impliqués une véritable partie d’échec dont les enjeux ne sont pas encore tout à fait clairs. Le postulat de départ n’est pas inintéressant mais, première erreur, les personnages déçoivent dès les premiers chapitres, ces derniers se révélant non seulement fades mais aussi et surtout caricaturaux. Citons à titre d’exemple le leader charismatique, séducteur et intelligent, la belle espionne à la splendide chevelure rousse au charme duquel tous les hommes qu’elle rencontre tombent aussitôt, sans oublier le vieux sage, le jeune naïf et bien sur le riche, laid, cruel et stupide méchant qui ne trouve apparemment rien de plus malin que de systématiquement dédaigner les avis de ses proches conseillers en public.
Difficile dans ces conditions de s’identifier aux personnages qui, pour ne rien arranger, doivent se contenter de phrases de dialogue insipides qui auront tôt fait de lasser le lecteur. Le plus agaçant reste cela dit les scènes au cours desquelles un personnage s’extasie à multiples reprises de l’ingéniosité ou de l’intelligence de tel ou tel autre alors même que son comportement n’obéit qu’au simple bon sens et n’a rien de bien subtil. L’alternance de points de vue, d’habitude appréciable dans une histoire de ce type, est elle aussi mal maîtrisée : on change de personnage toute les deux pages (sans exagération) et on finit par se demander si ce va et vient d’un protagoniste à l’autre n’est pas là avant tout pour masquer l’insipidité du récit. Rien à sauver non plus en ce qui concerne l’univers pour lesquels l’auteur se plaît à utiliser des termes empruntés à notre propre civilisation (pape, tzigane…) sans prendre la peine de nous en dire davantage. Le premier tome d’une trilogie sert bien souvent à poser le décor, donner de la consistance à l’univers en détaillant son histoire, ses cultures, ses traditions, tout cela dans le but de mieux immerger le lecteur. Ken Scholes, lui, s’en dispense si bien qu’on ne sait presque rien des différents peuples mentionnés. Les références temporelles et spatiales sont elles aussi réduites au strict minimum et participent au manque de réalisme et de cohérence de cet univers dans lequel je ne suis jamais parvenue à me projeter.
J’espère que ceux qui ont lu et apprécié cet ouvrage me pardonneront cette critique peut-être un peu dure mais je ne suis vraiment pas parvenue à discerner les nombreuses qualités que beaucoup attribuent à ce roman. Peut-être cette lecture n’arrivait-elle pas au bon moment, dans tous les cas je ne poursuivrai pas plus avant ma lecture de cette trilogie qui n’a su me séduire ni par ses personnages, ni par son intrigue, ni par son univers. Dommage…
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Apophis
S’il y a bien une chose que j’apprécie, ce sont les critiques qui ont le courage d’aller à contre-courant de l’écrasante majorité des autres avis, que ces derniers soient littéraires ou au contraire dithyrambiques. J’y vois une marque de l’honnêteté et du courage, quelque part, du chroniqueur. Bravo, donc, pour cette critique sans concessions et reflétant fidèlement votre ressenti réel.
Boudicca
Merci beaucoup 🙂
Apophis
arg, pas bien dormi cette nuit, il fallait bien sûr comprendre lapidaires ^^
L'ours inculte
Ah zut, ca fait partie des romans que j’avais hâte de lire… Je tenterai quand même mais ca perd en priorité 🙂
Boudicca
J’étais aussi plutôt impatiente de découvrir cette série et assez confiante quant à sa qualité. J’ai d’ailleurs acheté le tome 2 avant d’avoir lu le 1 (pas de bol !)
lorhkan
Ouch, ça c’est dit. 😀
belette2911
Mince, en voyant le titre et le résumé, j’étais enthousiaste, râlant déjà d’un ajout et puis bardaf, l’embardée : 1 étoile.
Ok, je passe ! Tu vas sans doute à contre-courant des autres mais au moins tu t’expliques, tu argumentes, les autres ne pourront pas te le reprocher.
Je remarque que les personnages caricaturaux sont légions et que ça marche bien auprès du grand public. Si j’écrivais, j’aurais sans doute tendance à faire de même, allier la beauté et l’intelligence. Carton rouge, je sais.
Boudicca
J’ai eu pitié de ta PAL ^^