Young : Tunis 1911 – Auschwitz 1945
Titre : Yong : Tunis 1911 – Auschwitz 1945
Scénariste : Aurélien Ducoudray
Dessinateur : Eddy Vaccaro
Éditeur : Futuropolis
Date de publication : 2013
Synopsis : Né dans une modeste famille juive de Tunis en juin 1911, Victor Perez se passionne très jeune pour la boxe, et décide de devenir champion du monde, comme le Sénégalais Battling Siki ! Il est sacré champion de France poids plume en 1930, avant de devenir champion du monde l’année suivante. Il devient la coqueluche du Tout-Paris, l’amant de la très belle Mireille Balin, mannequin, danseuse et bientôt actrice. Mais le 31 octobre 1932, à Manchester, il cède son titre de champion du monde au profit de Jackie Brown. Cette date marque pour lui, la fin des jours heureux, de la gloire et de la vie facile. C’est le début d’une lente descente aux enfers, qui aboutit à Auschwitz, en 1943.
Tu sais, en fait ce qu’ils veulent c’est une histoire pour se rassurer d’être bien du côté des vainqueurs. Une histoire qu’ils pourront raconter le soir à leurs enfants ou le dimanche à l’heure du café, une histoire rassurante… Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ici, entre ces quatre cordes, c’est moi qui décide du sens du l’histoire.
Victor Young Perez est le plus jeune boxeur à être devenu champion du monde dans la catégorie « poids mouche ». Originaire de Tunis, il se prend très tôt de passion pour ce sport et entame bientôt une carrière prometteuse qui le confrontera aux meilleurs et l’entraînera dans toutes les grandes villes d’Europe : Paris, Berlin… Seulement, Young est de confession juive. Et il ne fait pas bon d’être juif dans les années 1930-1940. L’antisémitisme finit par atteindre de telles proportions en Europe que le boxeur envisage de mettre un terme à ses activités sportives. Il n’en aura cependant pas le temps : il est arrêté en septembre 1943 et déporté à Auschwitz. Là, il reprendra une pseudo carrière de boxeur, affrontant sur le ring de « purs » combattants aryens ou d’autres détenus en aussi mauvais état que lui. Un destin tragique sur lequel ont choisi de revenir Aurélien Ducoudray et Eddy Vaccaro qui signent chez Futuropolis une très belle biographie du jeune homme sous la forme d’une bande dessinée en noir et blanc. Tout le parcours du sportif est là, de son enfance heureuse à Tunis jusqu’à sa vie dans les camps nazis. Le scénariste opte pour une narration non linéaire et entremêle habilement passé et présent, renforçant ainsi le caractère tragique du récit : d’un côté le bonheur d’une ascension fulgurante, l’amitié, l’amour, la célébrité ; de l’autre l’horreur des camps, la faim, la mort.
Le contraste entre ces deux périodes de la vie du boxeur est évidement saisissant, même si son statut de sportif vaut rapidement au jeune homme une place « privilégiée » à Auschwitz. Aurélien Ducoudray nous dévoile dans toute leur horreur les conditions de vie des déportés placés dans les camps de travail : la fatigue, la cruauté des gardiens, les coups, les sélections, les chambres à gaz, jamais montrées mais dont la menace pèse insidieusement sur tous les détenus… Au milieu de tout ce désespoir brille malgré tout une petite lueur : cette camaraderie si chère à Young et qui le poussera à courir de grands risques pour venir en aide à ses compagnons d’infortune. Les graphismes sont pour leur part très réussis et leur sobriété ne les empêche pas de faire passer quantité d’émotions au lecteur. Eddy Vaccaro montre les corps décharnés par la faim, l’angoisse sur les visages des détenus, la rage sur ceux de leurs bourreaux et on peut difficilement rester insensibles devant tant de misère et de souffrance. Le choix du noir et blanc renforce encore cette impression, comme cela pouvait déjà être le cas dans « Auschwitz », autre bande-dessinée de qualité consacrée aux camps de concentration réalisée par Pascal Croci.
Aurélien Ducoudray et Eddy Vaccaro signent avec cette bande dessinée un ouvrage poignant qui nous entraîne au cœur de l’horreur des camps de concentration et nous éclaire sur le destin tragique de Victor Young Perez, boxeur prometteur victime de la barbarie nazie. Déporté à Auschwitz en 1943, il mourra le 22 janvier 1945 sous les balles d’un SS lors des marches de la mort engendrées par le bombardement des camps de concentration par les forces alliées. Il avait 34 ans.
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belette2911
Je vais noter cette bédé !