Guinevere, la Dame blanche
Titre : Guinevere, la Dame blanche
Auteur : Jean-Louis Fetjaine
Éditeur : Fleuve noir
Date de publication : 2014
Synopsis : Lorsque Arthur épouse Guinevere de Carmelide, le royaume de Camelot semble retrouver un peu de l’éclat ancien, du temps de l’alliance entre les elfes et les hommes. Merlin met cependant le roi en garde : la beauté et l’apparente fragilité de la jeune reine cachent une nature bien plus effrayante, dont son nom véritable Gwenwyffar, « Blanc Fantôme » est le sombre présage. Alors que des armées de monstres, qu’on croyait vaincues à jamais, se répandent de nouveau sur les terres des hommes, Camelot s’enfonce peu à peu dans la guerre, les complots et les trahisons. Et chaque fois, Guinevere est au centre des intrigues. Entre la Dame blanche et le mage d’Arthur, un combat s’engage pour la survie du royaume.
Le pire était cette sérénité retrouvée, sous un pâle soleil d’hiver qui faisait étinceler l’herbe et les cuirasses, les armes de fer et les faces livides des cadavres. Pire encore, cette indifférence de la nature toute entière, terre et vent, à la folie des hommes. Tuez-vous par centaines, par milliers, les nuages ne s’arrêteront pas de défiler ni l’herbe de se couvrir de rosée ! Il aurait fallu qu’il pleuve, qu’une tempête ravage le pays, que la terre elle-même gémisse, à l’heure où le rêve de Camelot prenait fin !
S’il y a bien un auteur français qui a su ces dernières années exploiter la matière de Bretagne et s’imposer dans le domaine de la fantasy, c’est bien Jean-Louis Fetjaine. Après sa fameuse « Trilogie des elfes » et son diptyque « Le pas de Merlin »/« Brocéliande », l’auteur revient à la légende arthurienne avec un nouveau roman consacré à l’un des personnages emblématiques du mythe : Guenièvre. Lorsque la jeune reine fait sa première entrée remarquée à Camelot, Arthur est un roi déjà vieillissant, ne se faisant guère d’illusion sur les sentiments qu’il inspire à sa sublime mais distante nouvelle épouse. Lancelot, bien que plus âgé que son suzerain, semble en revanche davantage attirer l’attention de la belle, capable de susciter l’amour le plus fou aussi bien que la haine la plus pure dans l’entourage du roi. Ajoutez à cela une demi-sœur rongée par l’amertume et l’ambition, un fils incestueux propulsé sur le devant de la scène politique et un puissant seigneur aux intentions malveillantes et vous obtiendrez un véritable panier de crabes. Jusque là pas vraiment de surprises : on retrouve tous les personnages et toutes les caractéristiques propres à la légende arthurienne classique. L’auteur s’inspire d’ailleurs directement de l’un texte fondateur du mythe dont certains épisodes restent toutefois assez peu souvent évoqués pour parvenir à quand même surprendre le lecteur.
Comme dans ses précédents romans, l’auteur a cela dit tenu à intégrer au mythe arthurien originel quelques éléments de fantasy, à commencer par le peuple des elfes, élégantes créatures en profonde connexion avec la nature depuis peu retirées du monde des hommes dont ils n’apprécient guère la fougue et l’ambition. Parallèlement aux manigances ourdies par Morgause et Mordred, on assiste également à la montée d’une ancienne menace prenant la forme du retour d’êtres de cauchemars : orcqs, gobelins… Jean-Louis Fetjaine n’a manifestement rien perdu de son talent de conteur et on se laisse aisément (re)prendre au charme de cette histoire dont on connaît évidemment déjà la plupart des rebondissements mais qu’on prend malgré tout énormément de plaisir à relire. Le style de l’auteur y est bien sûr pour beaucoup et c’est avant tout lors des scènes les plus épiques que celui-ci donne la pleine mesure de son talent. Je suis un peu plus nuancée concernant le traitement du personnage de Guenièvre, bien qu’il faille reconnaître que l’idée initiale de l’auteur et le mystère qu’il laisse planer concernant sa véritable nature ne manque pas d’originalité. Les lecteurs qui avaient eu l’occasion de lire et apprécier les précédentes contributions de l’auteur à la légende arthurienne seront quant à eux ravis de retrouver certains des personnages déjà mis en scène à commencer par celui de Merlin, toujours aussi attachant et énigmatique.
Pari réussi pour Jean-Louis Fetjaine qui rajoute avec ce roman une nouvelle pierre à son déjà conséquent édifice qui lui permet aujourd’hui d’occuper une place de choix dans le monde de la fantasy française. Si « Guinevere » n’est certainement pas son ouvrage le plus marquant, on en retrouve pas moins avec grand plaisir Arthur, Lancelot, Merlin, Gauvain et toutes ces autres figures légendaires qui continuent aujourd’hui à peupler l’imagination de millions de lecteurs.
Critique réalisée dans le cadre du Challenge Francofou 3 et du Challenge ABC Littératures de l’Imaginaire 2016
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