Fantasy

Seigneurs de l’Olympe

Seigneus de l'Olympe

Titre : Seigneurs de l’Olympe
Auteur : Javier Negrete
Éditeur : L’Atalante
Date de publication : 2007
Récompenses : Prix Minotauro 2008. Prix des Utopiales.

Synopsis : Aujourd’hui, beaucoup imputent à la race grouillante des hommes les malheurs de la terre. Les géants menacent d’envahir leur domaine, les satyres, centaures et autres faunes veulent leur disparition. Dans les couloirs mêmes de l’Olympe, querelles, intrigues et complots vont bon train, chez les dieux dévorés par la soif du pouvoir et les appétits charnels. Typhon enfin, un être monstrueux, mi-géant, mi-dragon, et qui se dit fils de Cronos, a décidé de détrôner Zeus, le maître de l’Olympe. Seigneurs de l’Olympe est un roman d’héroïc fantasy dont les personnages sont ceux de la mythologie grecque. On y verra Zeus abattu et Zeus reconquérant, la sage mais non si chaste Athéna, le bouillant mais balourd Arès, dieu de la guerre, le malheureux Héphaïstos, on y croisera l’irrésistible et insatiable Aphrodite ainsi qu’une cohorte de dieux et de héros.

Note 4.5
 
Coup de coeur

Cronos n’avait pas dit son dernier mot lorsqu’il avait été vaincu par Zeus. Lui, le Premier Né, Cronos et Chronos à la fois, était devenu de ce fait le seigneur du temps et l’unique souverain du seul monde qui importât vraiment. Il avait retenu la leçon que son fils n’assimilerait jamais : le pouvoir véritable, s’il on veut qu’il perdure, se doit d’être anonyme. En effet, si personne ne sait où il réside, personne ne cherchera à vous en évincer.

 

Amateurs de mythologie grecque, ruez-vous sans plus tarder sur le roman de Javier Negrete consacré aux « Seigneurs de l’Olympe » ! L’auteur s’y inspire librement mais plutôt fidèlement de certains épisodes célèbres impliquant les membres du panthéon grec antique, à commencer par la Gigantomachie, terrible conflit ayant opposé les dieux olympiens aux Géants, peu satisfaits du sort qui leur a été réservé après la défaite des Titans. Sauf que contrairement à la plupart des romans consacrés à la civilisation grecque antique les dieux ne font pas simplement office de figurants faisant quelques apparitions ici où là pour guider tel ou tel personnage. Non, cette fois, ce sont bien Zeus, Athéna, Héphaïstos ou encore Hermès qui occupent le devant de la scène. Et la grande force du roman tient justement à la qualité de ces personnages, êtres légendaires dotés d’une puissance extraordinaire que Javier Negrete parvient à nous rendre plus proches, plus « humains », d’une certaine manière. Derrière le souverain orageux et coureur de jupon, on découvre par exemple un Zeus en proie au doute et redoutant de se laisser aller à ses penchants tyranniques. Derrière la froide et sage déesse guerrière Athéna se cache en réalité une jeune femme avide de recevoir l’approbation de son père et n’ayant pas tout à fait renoncé au plaisir de la chair.

Si on retrouve bien les traits qui caractérisent dans les mythes antiques chaque divinité (Héra reste jalouse, Aphrodite volage, Arès idiot et Hermès rusé), l’auteur ne commet toutefois pas l’erreur de s’en contenter et cherche au contraire à donner davantage de profondeur à chacun d’entre eux et à expliciter les relations qu’ils peuvent entretenir les uns avec les autres. Les connaisseurs seront également ravis des nombreuses références à d’autres légendes ou personnages célèbres de la civilisation grecque, du secret de la préparation de l’ambroisie aux conditions particulières ayant présidé à la naissance de certains dieux. Nul besoin cela dit d’être expert en la matière, l’auteur se contentant la plupart du temps de relater ces faits brièvement et sur le ton de l’anecdote. C’est la raison pour laquelle son roman reste beaucoup plus accessible que celui de Maurice Druon (« Mémoires de Zeus ») qui opte pour sa part pour un récit détaillé de chaque légende qui peut devenir lassant pour les lecteurs qui ne seraient pas vraiment passionnés par le sujet. Les scènes de combat sont quant à elles particulièrement impressionnantes, Javier Negrete possédant un indéniable sens de l’épique qui rend toute cette histoire encore plus passionnante. Quand bien même on sait bien quel sera l’issue de cette guerre, le suspens reste intact et on ne peut s’empêcher parfois de trembler pour toutes ces divinités auxquelles on s’est plus ou moins attaché.

 

D’êtres considérés comme inaccessibles et tout-puissants, Javier Negrete parvient à donner naissance à des personnages dotés d’une véritable épaisseur et sachant parfois faire preuve d’une touchante humanité. Un roman jubilatoire qui plaira à tous les amateurs de mythologie et d’histoire antique. Vous ne verrez plus vraiment Zeus, Athéna ou Apollon de la même façon !

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

Aucun commentaire

  • Chauncey

    Bravo pour cette chronique très agréable à lire et très tentatrice également ! Il faut que j’arrête de fréquenter le Bibliocosme, ma wishlist commence à prendre des proportions inquiétantes 😉

  • Lorhkan

    Moi qui suis féru de mythologie, il semble que ce roman soit fait pour moi !
    Ça fait bien longtemps que j’entends parler de Javier Negrete (et je l’ai même rencontré aux Utopiales), mais je n’ai jamais lu un seul de ses bouquins. Dommage que l’Atalante ne pousse pas ses parutions en poche…

    • Boudicca

      Si tu es fan de mythologie tu vas adorer, je te le conseille vraiment 🙂 C’est vrai que c’est dommage pour l’Atalante, surtout qu’il publie vraiment des auteurs de qualité.

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