Exodus. Gods and Kings
Titre : Exodus. Gods and Kings
Réalisateur : Ridley Scott
Acteurs principaux : Christian Bale, Joel Edgerton, Aaron Paul, Sigourney Weaver, Ben Kingsley, John Turturro
Musique : Alberto Iglesias et Harry Gregson Williams
Budget : 140 M$
Date de sortie française : 12 décembre 2014
Synopsis : Dans l’Egypte Ancienne, deux princes, Ramsès et Moïse, sont élevés comme des frères. Tandis que Ramsès devient pharaon d’Egypte, Moïse apprend son appartenance au peuple hébreu, réduit en esclavage depuis plusieurs siècles. Lorsque Dieu demande à Moïse de libérer son peuple, l’exode hors d’Égypte commence.
Suivez-moi, et vous serez libres !
Après Gladiator, Kingdom of Heaven ou Robin Hood, Ridley Scott n’en a pas fini avec les fictions épico-historiques puisqu’il s’attaque désormais à un épisode biblique fondateur pour plus d’une religion monothéiste : l’exode des Hébreux et leur retour sous l’égide de Moïse.
Christian Bale en Moïse, adopté anonyme de la famille royale égyptienne qui se révèle plutôt charismatique et engagé, Joel Edgerton face à lui pour camper un Ramsès tout aussi anonyme et franchement bizarre par moment (fasciné par les serpents, lunatique, en même temps c’est la caractérisation du personnage, ce n’est pas la faute de l’acteur) : beau casting de départ complété par des têtes d’affiche franchement sous-exploitées comme la trop rare Sigourney Weaver, le jeune Aaron Paul et le toujours impliqué Ben Kingsley. Que faire une fois le casting réuni ? Trouver un scénario qui tienne la route évidemment. Clairement, ici, nous connaissons forcément le fin mot de l’histoire et les rares intrigues construites en parallèles sont cousues de fil blanc, ce qui mène à quelques scènes franchement bancales pêchant par des dialogues abscons (la « découverte » de l’origine hébraïque de Moïse en est le pire exemple).
Qu’a donc pu ajouté Ridley Scott à la trame classique pour rater son scénario (sans compter les multiples inepties de cohérence sur lesquelles nous passerons ici) ? Comme à son habitude, le réalisateur sait y faire en matière d’épopée et de position charismatique (Christian Bale a eu raison de saisir cette opportunité, car ses apparitions, sans les valoir, font penser à la rudesse puissante de Russell Crowe en Maximus ; Orlando Bloom en fut, lui, largement plus loin, en son temps). L’aspect graphique prend une place énorme, et il y avait de quoi faire avec cette Égypte ancienne imparfaite mais brossée avec grandiloquence (les décors ont dû coûter bonbon, les effets spéciaux aussi, mention spéciale aux fameuses plaies qui s’abattent sur le pays du Nil). L’aspect fantastique devait, enfin, forcément être traité et c’est avec d’abord une surprise positive que nous voyons Dieu s’incarner aux yeux de Moïse sous la forme d’un tout jeune garçon, pourquoi pas ? dirons-nous… Là, où nous aurions pu voir une apologie classique de Dieu le Tout-Puissant, l’étonnement guette quand celui-ci culpabilise son messager, fait des crises de colère et joue à l’apprenti sorcier (!!!). Critique de la religion ? À chacun de voir, selon ses convictions au fond, mais le traitement du personnage divin laisse franchement à désirer, en s’y tenant au film.
Exodus n’est donc pas le péplum de Ridley Scott qui nous fera oublier son puissant Gladiator d’il y a déjà quinze ans : le réalisateur nous concocte un long-métrage où il privilégie à outrance la forme par rapport au fond pour nous livrer surtout du « grand spectacle », avec tous les défauts que ça comporte.
Autres critiques : Nico (L’Écran Miroir), Taryl (Les Chroniques de Mikaelson) et Un odieux connard