Rien ne nous survivra. Le pire est avenir
Titre : Rien ne nous survivra. Le pire est avenir
Auteur : Maïa Mazaurette
Éditeur : Mnémos / Folio SF
Date de publication : 2009 / 2011
Récompenses : Prix Imaginales des lycéens (2010)
Synopsis : Les jeunes ont rasé Paris, ont renversé les fondamentaux de notre société ; les jeunes ont osé briser le plus délicieux des tabous : tuer les vieux. Tous les vieux. À partir de vingt-cinq ans. Laissez les Théoriciens vous expliquer pourquoi. Dans cette atmosphère de guerre civile, de poudre et de béton calciné, deux snipers émergent : Silence, l’idole que les jeunes suivraient en enfer, et l’Immortel, qui compte bien faire vivre l’enfer à Silence. Quel meilleur terrain de chasse que les toits parisiens ?
Le savoir se périme, les humains aussi. On achève bien les logiciels. Le manque d’adaptation des vieux nécessitait qu’on les termine. De plus, les vieux innocents n’existent pas. Ils ont tous au moins tué un jeune : celui qui vivait en eux.
Si j’avais adoré « Dehors les chiens, les infidèles » mettant en scène un monde sombre d’inspiration médiéval et proche de sa fin, je dois avouer avoir été moins convaincue par « Rien ne nous survivra ». On retrouve pourtant un univers tout aussi sinistre, le notre cette fois, ravagé par la guerre civile. A Paris, les jeunes se sont rebellés contre leurs aînés, lassés de se voir systématiquement stigmatisés et jamais pris au sérieux par les « vieux ». Les vieux ? Tous ceux qui dépassent vingt-cinq ans. L’objectif de la révolte ? Tous les exterminer. Les parents comme les grands-parents, les vieillards en maison de retraite comme les trentenaires ou les soixante-huitards, les riches comme les pauvres… Le mot d’ordre : pas de quartier. Le lecteur, lui, n’assistera pas à la naissance de ce mouvement radical mais découvre ses conséquences près de deux ans plus tard. Paris est alors une ville en ruine où continuent de s’affronter les jeunes et les vieux, obligés de fuir la capitale et de solliciter l’aide des puissances internationales qui voient évidemment d’un très mauvais œil cette incontrôlable épidémie de parricide. La date de leur intervention a même été fixée. Un compte à rebours que la plupart des jeunes n’escomptent d’ailleurs pas dépasser. Mais il peut s’en passer, des choses, en cent-neuf jours.
L’idée de Maïa Mazaurette a le mérite d’être originale et, si on a souvent du mal à croire qu’une telle révolte ait pu germer dans notre société et engendrer des actes aussi extrêmes, on se laisse rapidement prendre par l’ambiance à la fois menaçante et tragique qui baigne le roman. La construction narrative est également intéressante, les chapitres alternants deux points de vue, celui de deux snipers particulièrement doués dont les routes vont se croiser de façon inattendue. L’un, Silence, est une légende parmi les jeunes et a tout sacrifié pour que sa révolte aboutisse. L’autre, l’Immortel, développe rapidement une fascination dérangeante pour son aîné qu’il cherche à la fois à faire souffrir, posséder, imiter, adorer. A cela s’ajoutent quelques extraits de tracts exposant les théories des inspirateurs du mouvement et qui nous permettent de mieux comprendre les raisons de cette explosion de violence et les principaux arguments utilisés pour convaincre les jeunes de se retourner contre leurs aînés. Le ton assez distant employé par l’auteur empêche toutefois de se sentir véritablement concerné, aussi bien par le destin des deux protagonistes que par l’avenir de leur révolution. On suit donc sans déplaisir, mais sans grande passion non plus, l’évolution de leur complexe relation qui relève tour à tour de la fascination, de la haine ou de l’amour.
Un roman original et marquant mais trop froid pour qu’on puisse vraiment se sentir touché par l’histoire ou les personnages. La difficulté que l’on éprouve à se mettre dans la peau de ces jeunes et à comprendre leur choix de se tourner vers une solution aussi radicale est un handicap supplémentaire qui m’a à de multiples reprises perturbé lors de ma lecture.
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belette2911
On dirait une formule à la Churchill… celui qui nous promettait « du sang, des larmes et de la sueur »…
Bon, ben, le dernier ferme la porte et éteint la lumière… 😛