Johan Héliot vous présente ses hommages
Titre : Johan Héliot vous présente ses hommages
Auteur : Johan Héliot
Nouvelles : Au plus élevé trône du monde ; Pax Bonapartia ; Paris avant l’orage ; La véritable toute première affaire ; Trouver son cœur et tuer la bête ; Monsieur Mouche et la grande demoiselle ; Le robot du devoir ; Le rêve d’Amerigo Vespucci ; Le souffle du destin ; Une étude au rouge ; Idylle du temps des ombres ; La chose dans la glace ; La nuit du Grand Duc ; Opération Münchhausen ; Vous rêvez trop de Fantômas ; Toujours plus, toujours ! ; L’huile et le feu ; La musique des âmes ; A la Bastille, gabba gabba hey ! ; Faërie Boots
Éditeur : Les Moutons Electriques
Date de publication : 2013
Synopsis : Le prince Paul Sernine, alias Arsène Lupin, lève le voile sur le plus fabuleux complot de l’Histoire – attendez-vous à un choc ! Charles de Gaulle enfile son masque et son costume de super-héros pour sauver la République d’une tentative de coup d’État. Fantômas revient du fin fond de l’espace, radicalement transformé, vivre une ultime aventure. Sherlock Holmes repousse une invasion extra-terrestre sans sortir du 221b, Baker Street. Aristide Bruant propose un drôle de contrat aux nouveaux frangins Ramones. Hermann Göring s’envole pour les glaces du pôle. James Bond affronte le futur de l’humanité, Cyrano et d’Artagnan guerroient sur la Lune… Et beaucoup d’autres encore, héros super ou ordinaires, empruntés le temps d’un hommage aux pages des manuels d’histoire et des récits de fiction qui ont nourri l’imaginaire de Johan Heliot pendant son adolescence.
Il ne s’agit pas de follie mais de désir. De désir et d’angoisse. De la plus grande angoisse éprouvée par les hommes depuis qu’ils ont quitté l’abri de leurs grottes primitives. A leurs manières, les explorateurs de la Renaissance ont fait franchir à l’humanité un second pas en dehors de la grotte qu’est notre Vieux Monde. Et ils l’ont franchi porteurs d’un espoir sans bornes, animés par un désir aussi vieux que la vie : découvrir et agrandir l’univers. Mais si cet espoir vient se heurter au mur froid de la réalité, le choc est rude. Plus rude qu’il est possible de le supporter. Alors, une mécanique merveilleuse, faite de mille rouages infinitésimaux, se met en branle dans l’esprit des pionniers. S’il n’y a rien à découvrir, il y a tout à inventer ! Le pari est beaucoup plus excitant, d’ailleurs. » (Le rêve d’Amerigo Vespucci)
Que diriez-vous d’assister à l’abordage de la tour Eiffel par Monsieur Mouche accompagné de Long John Silver ? Ou bien à la reconversion de James Bond en super-vilain ? Ou encore à la rencontre de d’Artagnan et Cyrano de Bergerac sur la Lune ? Autant de situations aussi épiques que rocambolesques mises en scène dans ce recueil de vingt nouvelles dans lequel « Johan Héliot [n]ous présente ses hommages ». Avec un enthousiasme contagieux et une imagination des plus fertiles, l’auteur entend témoigner de son affection à l’égard des plus grands héros de la littérature dite « populaire » des XIXe et XXe siècles. De Sherlock Holmes à Frankenstein en passant par Peter Pan, Elric le Nécromancien ou encore le capitaine Némo, il faut avouer que le casting est de taille ! En ce qui concerne le cadre de chacune de ces nouvelles, difficile de ne pas relever la très nette influence du courant steampunk qui se manifeste par la présence d’éléments caractéristiques du genre, qu’il s’agisse du choix de situer l’action essentiellement durant ce qu’on appelle la « Belle époque » ou bien de l’omniprésence d’appareils volants sophistiqués de type aéronefs ou autre.
C’est donc un recueil très dense que nos invite à découvrir Johan Héliot dont on connaissait déjà la passion pour la littérature populaire et l’uchronie grâce à certaines de ses précédentes publications, qu’il s’agisse de sa « Trilogie de la lune » ou plus récemment de sa participation à l’ouvrage collectif paru en hommage à Jules Verne (« Un an dans les airs »). On retrouve sans surprise dans ce recueil une grande partie des thématiques chères à l’auteur : la lune et la conquête de l’espace, les deux guerres mondiales (et plus particulièrement le nazisme), l’Amérique, la musique… Ne soyez ainsi pas étonné de passer tour à tour d’une nouvelle consacrée à une aventure inédite d’Arsène Lupin confronté à la disparition inexpliquée d’Américains (« Le rêve d’Amerigo Vespucci »), à une autre relatant l’expédition d’un nazi en territoire arctique (« La chose dans la glace »), puis à une troisième narrant la rencontre improbable entre un chanteur mal dans sa peau et Peter Pan (« Faërie Boots »). Si on ne peut évidemment n’être qu’admiratifs devant les trésors d’imagination déployés ici par l’auteur, il faut tout de même avouer que certaines nouvelles présentées ici ont parfois la fâcheuse tendance à devenir répétitives et par conséquent à émousser l’intérêt du lecteur.
Parmi les vingt textes présents au sommaire, certains valent cela dit amplement le détour, à commencer par ceux mettant en scène les personnages créés par J.-M. Barrie et Lewis Caroll, j’ai nommé Peter Pan et Alice au Pays des merveilles. « Paris avant l’orage » nous relate ainsi la formidable offensive lancée sur la ville de Paris par la reine de cœur et ses légions de cartes, le tout sous le regard approbateur de Bismarck. Une nouvelle bien ficelée mettant à nouveau en scène Nadar, le héros d’ « Un an dans les airs », et la jeune Alice dont la capacité à voir les créatures surnaturelles issues du monde des merveilles va s’avérer plus qu’utile Du chat du Cheshire au Chapelier fou, tout le monde répond présent et donne à cette nouvelle un petit côté enfantin, sans que le sérieux de l’intrigue n’ait pour autant à en pâtir. Avec « Idylle du temps des ombres », c’est au tour de Wendy, Jean et Michel de faire l’objet des attentions de l’auteur qui les met tous trois en scène bien des années après leur rencontre avec Peter Pan, alors qu’ils se retrouvent confrontés aux horreurs de la Première Guerre mondiale. Un texte poignant de part la confrontation qu’il permet entre la nostalgie et l’innocence de l’enfance et les atrocités de la guerre et de l’âge adulte.
Parmi les quelques nouvelles consacrées à l’Amérique, « L’huile et le feu » est a mon sens la meilleure. Déjà publié dans l’excellente anthologie « Dragons », le texte nous propose de suivre l’enquête d’un shérif d’une bourgade insignifiante des États-Unis du XIXe où se mêle trafic de femmes chinoises, complot organisé par une secte à la Ku Kux Klan et saurien de taille gigantesque. Reste maintenant à mentionner les nombreuses nouvelles mettant en scène nos héros de fiction favoris. Parmi elles « Le souffle du destin » est notamment une belle réussite et nous permet de découvrir la toute première rencontre entre John Watson, alors seulement étudiant en médecine, et Moriarti. Pari également réussi avec « Une étude au rouge », récit dans lequel le célèbre détective de Baker Street se retrouve confronté à une intelligence extraterrestre. Enfin, avec « Vous rêvez trop de Fantomas », Johan Héliot rend un bel hommage au génie du crime de Pierre Souvestre et Marcel Allain. L’occasion de retrouver l’inspecteur Juve, Jérôme Fandor ou encore Lady Beltham à nouveau confrontés aux terribles crimes perpétrés par Fantomas, responsable du détournement d’un avion sur une tour de Paris. La référence est évidente, et l’enquête qui en résulte habilement menée.
Avec ces vingt nouvelles « Les Moutons Électriques » nous fournissent une bonne occasion de découvrir une très belle plume des littératures de l’imaginaire françaises. Si vous aimez la SF, l’histoire, le steampunk et désirez découvrir les aventures inédites des plus célèbres héros de fiction des XIXe et XXe siècles, n’hésitez pas à vous lancer dans la lecture de ce recueil, vous ne serez pas déçu !