Le Miroir d’Électre (nouvelle)
Titre : Le Miroir d’Électre
Auteur : Jeanne-A Debats
Éditeur : L’Atalante
Date de publication : 11 juin 2014 (à l’occasion de la Décade de l’Imaginaire, déjà publiée en 2012 dans Fragments d’une fantasy antique)
Synopsis : Pour la deuxième édition de la Décade de l’Imaginaire, place aux plumes féminines. De la science-fiction, de la fantasy en passant par le fantastique ou des textes qui transcendent les genres, plongez dans ces univers proches ou lointains, dystopiques ou, au contraire, pleins d’espoir. Il y est beaucoup question de fins et de commencements : une découverte lors d’un voyage de noces sur un monde-musée, un premier contact d’un genre particulier, une fin du monde vécue dans une petite chambre d’une maison de retraite, celle programmée dans l’ADN de tous les organismes terrestres. Ce sont ces récits et bien d’autres histoires que nous vous proposons de découvrir à travers des textes tantôt drôles, tantôt au rythme haletant qui enflammeront votre imagination.
Pourtant, elle n’était pas démente, Violette. Elle avait un véritable don.
Mais ce don lui gâchait la vie.
Cela s’était déclaré sans sommation à l’aurore confuse car sans doigts de rose d’une puberté aussi indécise que sa propriétaire. Dès que la jeune fille entrait en contact physique avec un matériau quelconque, celui-ci lui dénonçait illico tout événement dont il avait été témoin, avec le son, l’image, les sensations même, ainsi que les effets spéciaux. Parfois pyrotechniques.
Nous poursuivons la Décade de l’Imaginaire 2014 proposée par L’Atalante avec la nouvelle « Le miroir d’Électre » de la polyvalente Jeanne-A Debats.
Comme dans « Mayday », nouvelle parue dans Les Héritiers d’Homère, la réécriture d’un mythe antique dope Jeanne-A Debats pour déconstruire et recomposer le mythe concerné. Toujours fortement teinté d’ironie, son style mise sur un humour et un franc-parler propres à elle pour peindre une héroïne en plein doute mais finalement très forte. Pour autant, les situations qui nous sont proposées sont cocasses et on aborde ici crûment des problématiques très concrètes. Au milieu de ce fourbi, les références antiques fusent de partout, de manière particulièrement prégnante, au détour de chaque comparaison proposée par l’auteur : les Atrides en premier lieu, mais également d’importants champs lexicaux centrés autour des chimères, des propos sibyllins et de bien d’autres allusions que je vous laisse découvrir.
C’est la rencontre d’un certain Adam qui semble activer la destinée de Violette l’héroïne. Toutefois, ce n’est qu’une occasion supplémentaire pour l’auteur d’agréablement casser nos attentes : aux côtés d’un Adam intrusif, Violette met en valeur le rôle de la femme qui s’émancipe de son propre chef, via un beau symbole au passage. La recherche du réalisme constant par Jeanne-A Debats renforce alors son ambiguïté volontaire entre fantasy dans le fond et science-fiction dans la forme. La navigation entre les genres est à vos risques et périls : beaucoup n’adhèreront pas, alors que c’est largement constructif que de renforcer les poncifs.
Même si elle comporte toutes les caractéristiques particulières de son écriture, « Le Miroir d’Électre » n’est pas la nouvelle de Jeanne-A Debats qui sort du lot et transporte son lecteur à tous les points. Pour poursuivre la découverte de cette auteur qui mérite pourtant largement le détour prolongé, L’Atalante vous propose son livre Plaguers à 3,99€.