Dawa
Titre : Dawa
Auteur : Julien Suaudeau
Éditeur : Robert Laffont
Date de publication : 13 Mars 2014
Synopsis : Dans une France post-républicaine, en proie au vertige identitaire et aux marchandages politiques, deux hommes sombres poursuivent une vengeance au long cours, l’un derrière l’illusion du djihad, l’autre sous le masque de la loi. Autour d’eux, au coeur de l’Etat ou sur les dalles de la banlieue parisienne, la violence de leur idée fixe va renverser le destin d’inconnus, sans épargner ceux qu’ils aiment.
De l’agrégé d’arabe au superflic corse, du maître des trafics franciliens à la politicienne piégée entre morale et ambition, de la jeunesse dorée de Sciences Po aux lascars d’Aulnay-sous-bois, rarement la société française a été scrutée avec autant d’acuité, d’ampleur et d’humanisme. Pur polar, mais aussi roman politique et chronique sociale, Dawa donne à voir le chaos de notre monde contemporain et fait entendre les voix de ceux qui luttent, à l’aveugle, pour s’y faire leur place.
Ou avez-vous l’intention de faire sauter vos bombes ?
Je vous demande pardon ?
Les cinq bombes. Paris piégé. Dawa al-Islamiya, ajoute l’homme en arabe, avec un parfait accent constantinois qui lui glace le sang.
Qui êtes-vous ?
Quelqu’un qui a vécu en Algérie, il y a très longtemps, à l’époque ou ton père sévissait dans les Aurès. Quelqu’un qui te protège depuis une semaine, et qui va vous tuer, toi et lui, comme j’ai tué ton chien de frère il y a dix-sept ans.
Voilà un premier roman et un auteur, Julien Suaudeau, qui devrait faire parler de lui, car c’est pour moi, une vraie et belle surprise !
Fiction mélangeant habilement terrorisme, politique, désespérance sociale, solitude, vengeance. Un cocktail savamment dosé, passionnant de bout en bout. L’analyse de Suaudeau est pessimiste, reflet d’une société qui ne croit plus au discours politique. Échec de l’intégration, pauvreté du débat politique, il y a belle lurette que l’espoir a fait ses valises. Chacun s’accommode pour rendre son existence vivable. Des personnages complexes qui luttent contre leurs démons intérieurs. Suaudeau ne les juge pas, chacun va au bout de sa logique.
Les dialogues sont à la hauteur de l’intrigue, jamais pontifiants, ils sonnent justes et apportent une belle densité à l’ensemble.
« Dawa » c’est noir, la génération « Black, blanc, beur » n’est plus qu’une utopie, la déliquescence de notre société en marche. Espérons que Julien Suaudeau se trompe. On peut rêver…
Voir aussi : La critique de Le Bouquineur