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Des impatientes
Titre : Des impatientes
Auteur : Sylvain Pattieu
Éditeur : Actes Sud / Babel
Date de publication : 19 aout 2015Synopsis : C’est un lycée de banlieue comme il y en a beaucoup autour de Paris, un lycée « difficile », selon le journal télévisé… Territoire républicain coincé entre la quatre-voies, le terrain de foot et le commissariat. Tous les jours ils sont plusieurs centaines à converger vers son portail trop petit. Milliers de pieds dans des baskets ou de ballerines identiques achetées chez le chinois. Des crêtes, des franges, des cheveux bouclés, crépus ou lissés. Des L, des S, des STG mercatique, des STI… c’est ici que commence l’histoire d’Alima-Nadine Sissoko et Bintou Masinka. La bonne élève et la grande gueule. L’une rêve d’intégrer Sciences po et l’autre est abonnée aux sanctions et aux boîtes de nuit. Chacune avec de l’énergie à revendre, à dépenser, à affirmer. Les impatiente, ce sont elles deux.
Moi, ces gamins, je les aime… Mes élèves, je les prends comme ils sont, avec leurs conneries, leur langage, leur spontanéité.
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La pièce-Les derniers seront les premiers
Titre : La pièce-Les derniers seront les premiers
Scénario : Lamine Diakité et Wadi Laadam
Réalisateur : Lamine Diakité
Acteurs principaux : Thiebault Viel, Fahmi Guerbaa, Dawala Badiri Diakité, D.R.Y;, Fanny Pierre, Sory Diakité, Alix Benezeth
Date de sortie française : 12 octobre 2016Synopsis : Sam est un sans-abri qui vit dans une cité HLM. Agressé par le Caïd du quartier, il va redonner un sens à sa vie grâce à une simple pièce de deux euros. Il décide d’aider les gens autour de lui, même si pour cela, il lui faudra parfois contourner la loi.
A force de mettre des claques, on finit par en prendre une bonne.
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Zapping ciné octobre 2016
Salon du livre ce week-end oblige (avec la 25ème heure du livre au Mans), donc voici un petit zapping des films vus cette semaine
« Chouf » de Karim Dridi est indiscutablement le plus intéressant. En situant son action dans les quartiers Nord de Marseille, il réussit parfaitement à nous plonger dans cet univers incertain, celui des gangs asseyant leur pouvoirs à coup de Kalachnikovs et d’intimidation. Entre documentaire et un scénario qui privilégie l’action, le film se montre toujours intéressant même s’il n’échappe pas à une certaine longueur. Avec un casting de tronches à faire trembler le badaud (suicidaire) qui se hasarderait dans ces quartiers, « Chouf » (regarde, en arabe) est un film réaliste, violent avec un final percutant et efficace. Karim Dridi maitrise parfaitement réalité et fiction et signe un film glaçant mais surtout réussi.
Un film qui réunit derrière la caméra Derek Cianfrance (réalisateur des bons « Blue Valentine » et « The Place Beyond the Place ») et devant Michael Fassbender, Alicia Vikander et Rachel Weitz, avouez que cela a de la gueule et donne envie. Et bien bizarrement non. Cette histoire adaptée du roman de M.L. Stedman joue constamment sur le larmoyant, renforcé par une musique qui devient très vite omniprésente (d’Alexandre Desplat) comme pour souligner aux spectateurs le degré de la tragédie. Fassbender tout en retenue et la belle Alicia Vikander en épouse en mal d’enfant font le boulot avec talent, mais au vu des précédents opus de Cianfrance, on pouvait s’attendre à mieux que ce film lacrymal où, bizarrement, l’émotion ne surgit que rarement. Moyen.
Le troisième film est le remake d’un film culte, « Les sept mercenaires » de John Sturges (1960). Cette fois-ci c’est Antoine Fuqua qui s’y colle. Et on doit bien avouer qu’on reste assez perplexe devant ce western qui se regarde sans déplaisir (le film dure 2h13), mais sans un enthousiasme débordant non plus. Alors bien sur, ça flingue, mitraille, hache, découpe, explose sur un rythme effréné : les pauvres villageois bafoués sont admirables à combattre les méchants qui veulent les exproprier, mais ça ne va pas plus loin. Ici ou là un trait d’humour bienvenu, des acteurs qui font le job, Denzel Washington en tête mais une fois le générique venu le sentiment que cette version 2016 ne restera pas dans les annales. A vous de vous faire votre avis.
Pour finir, le film « Dogs ». Voilà un cinéma roumain qui n’en finit plus de nous surprendre car cette histoire de testament qui va provoquer violence et chaos nous permet de découvrir un réalisateur talentueux Bogdan Miricä. Une ambiance de western, des décors arides, plombés par un soleil harassant, un flic en bout de course, un propriétaire qui découvre que les terrains et la maison légués par son grand-père sont aux mains d’un groupe mafieux, le tout dans un style épuré, avare de dialogues : les pièces du puzzle se mettent en place. Le film installe une ambiance anxiogène dès le départ où la violence semble constamment prête à jaillir. Bogdan Miricä ne cherche pas à amadouer le spectateur, ses personnages ne sont guère sympathiques. Pourtant, le film possède un attrait indéniable et vous glace le sang par la volonté du réalisateur de se complaire dans cet inconfort. Un film en tout cas qui ne laisse pas indifférent.
Bonnes séances !
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Divines
Titre : Divines
Scénario : Romain Compingt, Houra Benyamina et Malik Rumeau
Réalisateur : Houda Benyamina
Acteurs principaux : Oulaya Amamra, Déborah Lukumuena, Kevin Mischel, Jisca Kalvanda, Yasin Houicha
Date de sortie française : 31 août 2016
Récompenses : Caméra d’Or Festival de Cannes 2016, Mention spéciale du SACD à la quinzaine des réalisateurs 2016Synopsis : Dans un ghetto où se côtoient trafics et religion, Dounia a soif de pouvoir et de réussite. Soutenue par Maimouna, sa meilleure amie, elle décide de suivre les traces de Rebecca, une dealeuse respectée. Sa rencontre avec Djigui, un jeune danseur troublant de sensualité, va bouleverser son quotidien.
…
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Nous trois ou rien
Titre : Nous trois ou rien
Scénariste : Kheiron
Réalisateur : Kheiron
Acteurs : Kheiron Tabib, Leïla Bekhti, Gérard Darmon, Zabou Breitman, Alexandre Astier
Date de sortie : 4 novembre 2015Synopsis : Le film narre l’histoire vraie d’Hibat Tabib et de son épouse Fereshteh Tabib, jeunes Iraniens militants pour la démocratie. Le film raconte leur exil en France et leur arrivée en Seine-Saint-Denis, ainsi que leur implication dans la vie associative locale.
-J’suis désolé pour tout ça.
-J’te remercie pour tout ça. -
Brooklyn
Titre : Brooklyn
Scénario : Pascal Tessaud
Réalisateur : Pascal Tessaud
Acteurs principaux : KT Gorique, Rafal Uchiwa, Jalil Naciri, Liliane Rovere, Véronique Ruggia
Date de sortie française : 23 septembre 2015Synopsis : Coralie, jeune rappeuse suisse de 22 ans se produisant sous le nom de Brooklyn, quitte son pays et un père qui ne la comprend plus, pour s’installer à Paris. Logée chez Odette, une retraitée, elle trouve un petit job dans une association musicale de Saint-Denis, en banlieue parisienne. Lors d’une soirée slam, elle est poussée sur scène par l’un des animateurs. D’abord hésitante, elle conquiert son public et tape dans l’œil d’Issa, jeune rappeur, l’étoile montante de la ville…
Relève les défis, c’est ça qui est intéressant dans la vie !
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Dheepan
Titre : Dheepan
Scénario : Jacques Audiard, Noé Debré, Thomas Bidegain
Réalisateur : Jacques Audiard
Acteurs principaux : Antonythasan Jesuthasan, Kalieaswari Srinivasan, Claudine Vinasithamby, Vincent Rottiers, Marc Zinga, Franck Falise
Date de sortie française : 26 aout 2015
Récompenses : Palme d’Or du Festival de Cannes 2015Synopsis : Fuyant la guerre civile au Sri Lanka, un ancien soldat, une jeune femme et une petite fille se font passer pour une famille. Réfugiés en France dans une cité sensible, se connaissant à peine, ils tentent de se construire un foyer.
Ce n’est pas ma fille, ce n’est pas mon mari, tout est faux.
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Max et Lenny
Titre : Max et Lenny
Scénario : Fred Nicolas et François Bégaudeau
Réalisateur : Fred Nicolas
Acteurs principaux : Camélia Pand’Or, Jisca Kalvanda, Adam Hegazy, Pierre SalvadoriRécompenses : Jisca Kalvanda a obtenu le Prix d’interprétation féminine au Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz.
Synopsis : Lenny est une adolescente sauvage et solitaire d’une cité des quartiers nord de Marseille. C’est par le rap qu’elle exprime les difficultés de son quotidien. C’est aussi par lui qu’elle réussit à s’en évader. Un soir, alors qu’elle répète en cachette dans un chantier à l’abandon, Lenny rencontre Max, une jeune Congolaise sans-papiers qui tombe sous le charme de sa voix et de la puissance de ses mots.
« -T’es ma petite sœur je te rappelle. Et alors, ça change quoi ? C’est ça j’ai qu’a te laisser crever «
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Bande de filles
Titre : Bande de filles
Scénario : Céline Sciamma
Réalisateur : Céline Sciamma
Acteurs principaux : Karidja Touré, Assa Sylla, Lindsey Karamoh, Mariétou Touré,Idrissa Diabaté, Rabah Nait Oufella
Date de sortie française : 22 octobre 2014
Récompenses : Sélection Quinzaine des réalisateurs Cannes 2014.Marieme vit ses 16 ans comme une succession d’interdits. La censure du quartier, la loi des garçons, l’impasse de l’école. Sa rencontre avec trois filles affranchies change tout. Elles dansent, elles se battent, elles parlent fort, elles rient de tout. Marieme devient Vic et entre dans la bande, pour vivre sa jeunesse.
La jeune Marième, trop vite mise devant la dureté de la vie, s’émancipe en rencontrant trois filles qui n’ont pas froid aux yeux. Après le magnifique « Tomboy », j’attendais avec impatience le nouveau film de Céline Sciamma. Et le résultat a fière allure.
Céline Sciamma filme ses personnages sans les juger, ce n’est pas important ici. Elle nous montre comment on se construit malgré les obstacles, les erreurs, les coups durs. Marième/Vic sait qu’elle ne peut compter que sur elle-même, quitte à se tromper. Le film rend compte aussi de l’échec de nos politiques successives, tant éducatives que sociales. Le désespoir semble chevillé au corps de cette jeunesse qu’on a pas pu ou su préparer à un avenir acceptable. Pas étonnant que la violence et les petites combines fleurissent jour après jour lorsque l’on vit justement au jour le jour. Le regard de Sciamma sur la banlieue est juste, ces actrices toutes inconnues donnent une pèche incroyable à son film. La jeune Karidja Touré, entre fragilité et dureté, est la grande révélation de cette bande de filles. Avec ses trois compères, elle donne une justesse et une énergie indiscutable au film, magnifié par une mise en scène inspirée.
Céline Sciamma confirme à ceux qui pouvaient encore en douter qu’elle est l’une des cinéastes les plus douée de sa génération.
Autres critiques : Aurélie (Les Curieuses)
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Papa was not a Rolling Stone
Titre : Papa was not a Rolling Stone
Scénario : Sylvie Ohayon d’après son roman éponyme. et Sylvie Verheyde.
Réalisateur : Sylvie Ohayon
Acteurs principaux : Doria Achour, Aure Attika, Soumaye Bocoum, Marc Lavoine, Rabah Hait Oufella, Sylvie Testud, Attica Guedj.
Date de sortie française : 8 octobre 2014Synopsis : Dans les années 80, Stéphanie grandit à La Courneuve auprès d’une mère absente et d’un beau-père brutal. Très vite, elle décide de se sortir de son quotidien morose. Grâce à l’amour de sa grand-mère, à ses lectures, sa passion pour la danse et pour Jean-Jacques Goldman, elle se débat dans cette cité colorée où l’amitié est primordiale. Un jour, elle le sait, Stéphanie quittera la cité pour mener la vie dont elle a toujours rêvé. Le film raconte l’histoire de cet envol.
Un film inspiré du livre autobiographique de la réalisatriceOn pourra certainement reprocher beaucoup de choses au premier film de Sylvie Ohayon mais une est certaine, c’est par sa sincérité que le film arrive à nous toucher de temps à autre. On doit les meilleurs moments de « Papa was not a Rolling Stone » à toutes ces mini scènes qui montrent avec tendresse et justesse la vie en banlieue. Paris et ses lumières ne sont pourtant pas loin, mais la route y menant semble à mille lieux. Si le film n’évite pas toujours la caricature (Marc Lavoine en beauf violent peu crédible), les belles révélations de Doria Achour et de l’épatante Soumaye Bocoum méritent le détour. Un film qui montre la banlieue des années quatre vingt, ou l’espoir d’une vie meilleure était encore possible. Pas sur que trente ans plus tard, il en soit de même.
A découvrir donc pour ces jeunes acteurs et la sincérité du propos.