Le sang que l’on verse
Titre : Le sang que l’on verse
Auteur : Yann de Saint-Rat
Éditeur : Mnémos (Dédales)
Date de publication : 14 novembre 2013
Synopsis : J’ai appris seul à tuer. Combattre, abattre. Je suis le guerrier le plus doué de tout lempire Pryaméen. Je me nomme Étréham et jaurai bientôt dix-neuf ans. Une sève funèbre coule en moi, mon talent pour tuer, mon Art comme je lappelle. Personne ne répand mieux le sang. J’ai délaissé tant de quêtes au profit de macabres conquêtes. Je suis celui que la jeune Asa a choisi, celui qui ne fait qu’un avec la mort. Pour elle, j’ai bravé les ténèbres sous Pryamée et brisé les armées enragées de Véjune. J’ai défié le dernier des dieux et j’ai combattu Eyll, sa créature de cauchemar. Elle a dévoré mon être et m’a humilié, mais j’ai survécu.
-Soldats, rassemblez-vous et préparez-vous à intervenir ! Cette bataille est rude et les Véjuniens sont prêts à tout.
-C’est le moins que l’on puisse dire, commente Ereth. Ils combattent comme s’ils étaient possédés, on dirait des bêtes sauvages.
-La guerre nous montre tels que nous sommes, dis-je sans quitter la bataille des yeux.
-C’est bien ce que je dis, réplique Ereth. Des animaux !
« Le sang que l’on verse ». Un titre évocateur qui ne laisse que peu de place au doute et laisse présager un roman de fantasy aussi épique que sombre, deux caractéristiques qui ne sont jamais pour me déplaire. Et Yann de Saint-Rat nous livre effectivement un ouvrage originale qui, sans aller jusqu’à parler de coup de cœur, m’aura fait passer un agréable moment. On y suit l’histoire d’un jeune guerrier, le plus grand de son temps, dont les talents lui valent d’être choisi par une déesse pour mener à bien une mission à laquelle elle se consacre depuis des siècles : tuer son père, le dernier des dieux. Si l’intrigue peut paraître au premier abord un peu trop traditionnelle, elle se révèle finalement assez atypique, l’auteur manifestant tout au long de l’ouvrage la volonté de ne jamais tomber dans la facilité. On peut notamment saluer l’absence de tout manichéisme, que ce soit au niveau de l’intrigue que des personnages, jamais ni tous-blancs ni tous-noirs. La première partie du roman reste malgré tout ma favorite, l’auteur possédant un véritable talent en ce qui concerne l’écriture des scènes de combat, qu’il s’agisse de duel comme celui opposant notre héros au monstre Eyll, ou bien de bataille de plus grande ampleur.
Le roman n’est cela dit pas sans quelques défauts qui, sans gâcher le plaisir du lecteur, l’empêche de véritablement s’immerger dans l’univers élaboré par Yann de Saint-Rat et l’histoire de son protagoniste. La raison principale est à mon sens la barrière maintenue en permanence par l’auteur entre son lecteur et ses personnages. Impossible en ce qui me concerne de m’attacher à l’un d’entre eux, y compris au héros qui bénéficie pourtant d’une narration à la première personne, censée nous le rendre plus intime. On est parfois touché, parfois attendri par ses déboires et son histoire mais jamais je ne me suis vraiment souciée de son sort si bien que le final, voulu assez spectaculaire, ne m’a fait que relativement peu d’effet. Il aurait par exemple été intéressant d’insister d’avantage sur l’enfance et le drame qui a marqué la vie du héros, et surtout d’aborder la question des liens unissant Asa et son père, dont on ne sait au final que bien peu de chose. Au nombre des déceptions figure également le côté un peu prévisible de l’intrigue, la plupart des retournements de situation se devinant malheureusement facilement et longtemps à l’avance.
Malgré la regrettable distance maintenue entre les lecteurs et les personnages, « Le sang que l’on verse » est un roman qui se laisse suivre avec plaisir, notamment grâce à la plume de Yann de Saint-Rat qui séduit notamment par son habilité à retranscrire les scènes de combat. Un grand merci à Babélio et aux éditions Mnémos pour m’avoir permis de découvrir cet ouvrage atypique qui m’aura fait passer un bon moment de lecture.
Voir aussi : La critique d’Asavar (Elbakin)