Block 109
Titre : Block 109
Série : Block 109 (roman graphique qui a lancé la série)
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Éditeur : Akiléos
Date de publication : 4 février 2010
Synopsis : Après avoir détruit l’Occident, le IIIe Reich agonise à son tour sous les coups de l Armée Rouge. Pour Zytek, le maître de l’Allemagne, il ne reste qu’une seule solution: une attaque virale majeure. Malgré le refus du Haut Conseil, le virus provoque déjà des ravages dans les ruines de Marienburg. Les contaminés, transformés en monstres sanguinaires, s’attaquent aux soldats isolés des deux camps. Seule l’escouade du sergent Steiner parvient à s’échapper d’une funeste rencontre. Ce dernier et ses camarades sont-ils la dernière chance de l’humanité ? Et quel est véritablement l’objectif de Zytek, l’omnipotent seigneur du Reich ?
Messieurs ! L’heure de notre triomphe est proche. Le projet Renaissance sera bientôt une réussite, grâce à vous. À de nombreuses reprises, vous avez dû agir envers et contre votre conscience. Vous avez dû lutter contre vos propres idéaux. Ce fut votre sacrifice. Bientôt, un monde nouveau naîtra des cendres de cet enfer ! Soyez-en fiers ! Cependant, j’ai un ultime effort à vous demander. Deux mille SS s’apprêtent à piétiner notre rêve. Ces hommes symbolisent tout ce contre quoi nous avons lutté. Vous n’êtes qu’une poignée, mais dans vos veines coule un sérum qui fait de vous des surhommes… Alors ne laissez aucun SS mettre les pieds dans le block ! EXTERMINEZ-LES !!
Block 109… ou comment bâtir une uchronie « coup de poing » dans un univers des plus plausibles !
« Après avoir détruit l’Occident, le IIIe Reich agonise à son tour sous les coups de l’Armée Rouge. Pour Zytek, le maître de l’Allemagne, il ne reste qu’une seule solution: une attaque virale majeure. Malgré le refus du Haut Conseil, le virus provoque déjà des ravages dans les ruines de Marienburg. » : voilà déjà un magnifique synopsis où se mêlent une uchronie innovante et réfléchie d’un côté, et une intrigue plus classique de l’autre.
D’un côté donc, une uchronie fascinante : baptisée depuis ce one-shot « Block 109 », elle nous plonge dans une Europe balayée comme le monde entier par la Deuxième Guerre mondiale, qui ne s’est pas arrêtée en 1945 pour de multiples raisons et notamment qu’Hitler a été assassiné en 1941, que les dirigeants du parti nazi ont été pendus et que désormais luttent au sommet du pouvoir allemand l’organisation des S.S. et le Nouvel Ordre Teutonique dirigé par un illustre inconnu, Zytek. Ce superbe point de départ, puisque nous nous trouvons déjà en 1953, nous place devant le fait accompli : par rapport à ce que nous connaissons de l’Histoire du XXe siècle, le monde a profondément changé ! Dans cette toile de fond très bien tissée, l’intrigue apparaît elle tout aussi profonde. Difficile de ne rien dévoiler des ficelles du récit, donc autant faire très court sur le virus créé par le Nouvel Ordre Teutonique, par les scènes de guerre entre Allemands et leurs derniers antagonistes, les Soviétiques, etc. le scénario de Vincent Brugeas fourmille de très bonnes idées, va jusqu’au farfelu en milieu de récit, nous offre des révélations dignes d’un très bon roman graphique, des coïncidences heureuses et, enfin, un cliffhanger qui nous laisse en attente d’un futur développement de l’univers uchronique « Block 109 ». Ce développement ne s’est d’ailleurs pas fait longtemps attendre pour expliquer les bouleversements de l’Histoire (quatre bandes dessinées au format franco-belge ont vu le jour depuis et prennent place dans les années 1940 avec New York 1947, Etoile Rouge, Opération Soleil de Plomb et Rittergermania), mais nous faire découvrir la suite des événements du fameux Block 109 serait une riche idée pour les fans de ce roman graphique…
Du point de vue du dessin maintenant, l’acolyte de Vincent Brugeas, Ronan Toulhoat, s’en sort honorablement : nous n’avons pas là les plus belles planches qui soient et il y a parfois des choix graphiques discutables, mais, dans l’ensemble, le tout est plutôt cohérent avec le ton dur, violent et sombre de l’intrigue. Également aux couleurs, il se permet d’en limiter l’usage au strict minimum : ce roman graphique surfe sur la vague de renouveau de la bande dessinée en noir et blanc, peut-être une influence des comics américains ici, comme The Walking Dead de Robert Kirkman ou Sin City de Frank Miller, ce dernier à n’en pas douter tant le rouge apparaît en unique couleur et uniquement pour renforcer des symboles majeurs, notamment le drapeau nazi. On pourra donc regretter des approximations de dessin quand l’action s’accélère, mais est-ce un choix graphique ou est-ce une maladresse ? Aucune réponse possible, donc dans le doute… on choisira de faire confiance au talent de Toulhoat.
En conclusion, un roman graphique magnifique que j’ai franchement adoré, et pourtant rien ne me motive pour l’instant à poursuivre l’aventure sur les bandes dessinées annexes que j’ai déjà citées. En revanche, je conseille le site dédié par les deux auteurs à leur uchronie (http://www.block109.com) : allez-y voir au moins le court-métrage d’animation qui nous éclaire sur une des répliques marquantes de leur ouvrage.
Rencontré à la 25e Heure du Livre du Mans 2012, Ronan Toulhoat m’a gratifié, en fan de comics de super-héros, d’une dédicace sous forme d’un Wolverine rugissant, qui n’est pas sans rappeler notre cher Zytek !
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