Le nez de Cléopâtre
Titre : Le nez de Cléopâtre
Auteur : Robert Silverberg
Nouvelles : Légendes de la forêt Veniane ; Le traité de Düsseldorf ; Tombouctou à l’heure du lion ; Le sommeil et l’oubli ; Entre un soldat, puis un autre ; Basileus
Éditeur : Folio SF (Denoël)
Date de publication : 2001 (2000 pour la première version)
Récompenses : Prix Hugo 1990 (catégorie novelette) pour « Entre un soldat, puis un autre »
Synopsis : S’il eût été plus court, toute la face du monde aurait changé. Avec les textes du Nez de Cléopâtre, Robert Silverberg nous invite à détourner le cours de notre Histoire pour imaginer ce qui aurais pu advenir si… Si l’Empire romain, loin de prendre fin sous le choc des invasions barbares, s’était maintenu et élargi au monde entier ? Si les « réalités virtuelles » auxquelles donne accès l’informatique se constituaient en mondes parallèles autonomes, des mondes où Socrate pourrat rencontrer le conquistador Pizarre pour un incroyable duel intellectuel ? Et si la Peste noire de 1348 avait emporté les trois quarts de l’Europe occidentale ?
A l’origine, les programmateurs français voulaient inclurent des hologrammes de personnages célèbres dans les spectacles touristiques de leurs monuments historiques. Pas seulement des simulacres robotisés, mais d’apparentes réincarnations de grands personnages, capables de se promener librement, de bavarder, voire de lancer de petits traits d’esprit. Imaginez Louis XIV vantant les fontaines du château de Versailles, Picasso faisant la visite des musées parisiens, Sarte échangeant des bons mots avec les passants depuis la terrasse du Café de Flore ! Et pourquoi pas Napoléon, Jeanne d’Arc, Alexandre Dumas ! Et ça ne s’arrêtait pas là : on pouvait les rendre capable de compléter, d’améliorer les réalisations de leurs modèles, d’enrichir le monde d’une foule de tableaux, romans, traités philosophiques et visions architecturales grandioses de maîtres disparus.
« Le nez de Cléopâtre ». Avec un titre comme celui-ci autant vous dire que la grande amatrice d’histoire ancienne que je suis n’a pu résister à la tentation de découvrir ces six nouvelles uchroniques signées Robert Silverberg. Seulement voilà : pas de Cléopâtre, peu de références antiques, et surtout des textes qui, bien que pour la plupart basés sur une idée originale, peinent à éveiller l’intérêt. Il faut dire aussi que la première nouvelle (« Légendes de la forêt Veniane ») n’est pas pour mettre le lecteur en confiance : cadre peu original (un empire romain toujours debout à l’époque moderne), intrigue bancale, personnages fades…, bref ça démarre mal. De même « Le sommeil et l’oubli », consacré à la rencontre improbable entre un homme du XXIe siècle et le célèbre chef mongol Gengis Khan, se lit sans réel déplaisir mais sans passion non plus. Les quelques récits relevant davantage de la science-fiction que de la fatnasy historique, sont pour leur part un peu plus réussis car plus originaux, qu’il s’agisse du « Traité de Düsseldrof » mettant en scène un extraterrestre chargé de ralentir aussi longtemps que possible les progrès techniques et scientifiques terrestres en faisant de l’Allemagne le grand vainqueur de la Première Guerre Mondiale ; ou encore de « Basileus », nouvelle consacré à la fascination d’un homme pour les anges bibliques auxquels il tente de donner vie sur son ordinateur.
Sans être pour autant mémorables, certaines nouvelles se font malgré tout plus intéressantes, à commencer par « Entre un soldat, puis un autre » où l’on découvre que des pros de l’informatique sont parvenus à mettre au point un programme permettant de recréer sous la forme d’hologrammes des personnages historiques capables de penser et de discuter avec des interlocuteurs de notre époque. « Imaginez Louis XIV vantant les fontaines du château de Versailles, Picasso faisant la visite des musées parisiens, Sartre échangeant des bons mots avec les passants depuis la terrasse du Café de Flore ! » Voilà ce dont il est ici question. Silverberg opte cela dit pour des choix plus originaux et c’est ainsi que l’on assiste avec une certaine curiosité amusée à la rencontre de Francisco Pizzare, capitaine espagnol du XVIe siècle vainqueur de l’empire inca, et Socrate, célèbre philosophe grec encensé par Platon pour sa sagacité. L’idée ne manque pas de piquant et fait de cette nouvelle sans aucun doute la meilleure du recueil. « Tombouctou à l’heure du lion », texte consacré aux intrigues de cour africaines dans un monde où l’islam serait parvenu dès le Moyen Age à supplanter le christianisme, n’est pour sa part pas dénuer d’intérêt, même si là encore je doute d’en garder un souvenir impérissable.
« Le nez de Cléopâtre » se révèle ainsi être un recueil très décevant, composé de nouvelles qui sont loin de représenter le meilleur de ce dont est capable Robert Silverberg. A ceux qui voudrait s’initier aux récits de l’auteur, je conseillerai plutôt un ouvrage du genre du « Dernier chant d’Orphée », tout aussi court mais bien plus captivant. Dommage.
Aucun commentaire
belette2911
J’allais le dire que si le nez de Cléopâtre avait été plus court… Non, pas pour moi, ce livre 😉
Boudicca
Sur ce coup là je ne te donne pas tord 😉
belette2911
« Tord » ? Je pense plutôt à « tort »… tout le monde sais que le tort tue… 😀
Boudicca
Oups, voilà ce que ça donne quand on ne se relit pas ^-^
belette2911
T’inquiètes, je vous plus souvent les fôtes des autres que les miennes, parce que je me relis mais que je ne les vois pas 😉
Boudicca
Ca m’arrive aussi 😉
belette2911
😀 on fait tous pareil !