Serpentine
Titre : Serpentine
Auteur : Mélanie Fazi
Nouvelles : Serpentine ; Nous reprendre à la route ; Rêves de cendres ; Matilda ; Mémoire des herbes aromatiques ; Petit théâtre de rame ; Le faiseur de pluie ; Le passeur ; Gost Town Blues
Éditeur : Folio SF
Date de publication : 2010 (2004 pour la première édition)
Récompenses : Grand Prix de l’Imaginaire 2005. Prix Merlin 2002 pour « Matilda » (catégorie nouvelle)
Synopsis : Une boutique de tatouage où l’on emploie des encres un peu spéciales. Une aire d’autoroute qui devient un refuge à la nuit tombée. Une ligne de métro où l’on fait d’étranges rencontres. Un restaurant grec dont la patronne se nomme Circé. Une maison italienne où deux enfants croisent un esprit familier… Tels sont les décors du quotidien où prennent racine ces dix histoires. Dix étapes, et autant de façades rassurantes au premier abord… mais qui s’ouvrent bientôt sur des zones troubles. Car les lieux les plus familiers dissimulent souvent des failles, écho de ces fêlures que l’on porte en soi. Il suffit de si peu, parfois, pour que tout bascule…
Tu n’étais pas tout blanc non plus, Ulysse. Tu as menti à ce type, Homère, quand il est venu te trouver pour écrire tes mémoires. Tu as menti parce que c’est le verbe qui nous façonne. Je suis de la même étoffe que toi, n’oublie pas, l’étoffe dont sont taillés les mythes. Humains, dieux ou titans, nous sommes tous de cette espèce qui n’oublie jamais, ni ne pardonne. C’est notre essence même, puisqu’on nous a créés pour la fureur et la vengeance. J’ose dire que nous y excellons. (Mémoire des herbes aromatiques)
« Serpentine » constitue le premier recueil de nouvelles de Mélanie Fazi, jeune auteur de fantasy déjà récompensée par de multiples prix et adoubée par Michel Pagel en personne qui lui fait même l’amitié de lui rédiger une fort jolie préface dans laquelle il s’agace (avec humour bien sur) du talent exceptionnel de la jeune femme. Et, au terme de cette lecture, force est de reconnaître la justesse de son opinion. Mélanie Fazi nous fait ici don de dix très beaux textes abordant des thèmes très variés allant de l’enfance à la mort en passant par la musique, les mythes grecs…, le tout porté par une plume infiniment poétique de laquelle naissent des personnages bouleversant de sincérité et de vulnérabilité. Le plus grand talent de l’auteur demeure toutefois celui d’être capable transformer des lieux ou des paysages ordinaires et familiers en des endroits remplis de mystère ou de magie qui ne se révéleraient qu’aux regards les plus attentifs. Avouez que parvenir à évoquer la beauté à travers une aire d’autoroute, une rame de métro ou encore un restaurant tout ce qu’il a de plus banal, ce n’est pas donné à tout le monde.
Difficile de parler de la totalité des textes (qui méritent pourtant tous le détour), aussi me contenterais-je de mentionner mes favoris, à commencer par « Serpentine », nouvelle récompensée en 2005 par le grand prix de l’Imaginaire et dans laquelle l’auteur nous révèle les secrets d’un salon de tatouages un peu particulier et de ses clients. « Nous reprendre à la route » est également une belle réussite et nous fait découvrir l’envers des aires d’autoroute que vous ne risquer plus de voir de la même façon. Passionnée de mythologie grecque, j’ai évidemment beaucoup apprécié « Mémoire des herbes aromatiques », texte consacré à la célèbre rivalité opposant Ulysse et la magicienne Circée, ici reconvertie en patronne de restaurant. J’ai également été très sensible à la dernière nouvelle du recueil, « Gost Town Blues » qui nous entraîne dans une petite ville des États-Unis du XIXe siècle où les habitants se font rares et leurs manières bien étranges. A noter également que la nouvelle « Matilda » a été récompensée en 2002 par le prix Merlin.
Mélanie Fazi signe avec « Serpentine » un excellent recueil qui ne manquera pas de ravir les amateurs de fantasy mais aussi les autres car, comme le dit très justement Michel Pagel dans sa préface : « Toute l’essence du fantastique est là. » Si vous avez apprécié, n’hésitez pas à vous lancez dans le second recueil de l’auteur, « Notre-Dame-aux-Écailles », à mon sens peut-être même légèrement supérieur à celui-ci.
Autres critiques : Bulledeleyna (La Bulle d’Eleyna) ; Célindanaé (Au pays des cave trolls) ; Dionysos (Le Bibliocosme) ; Vil Faquin (La Faquinade)
3 commentaires
Vil Faquin
Sacré Michel, il trouve toujours les mots justes !
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