Riverdream
Titre : Riverdream
Auteur : G. R. R. Martin
Éditeur : Mnémos
Date de publication : 2012 (1983 pour la version originale)
Synopsis : 1857, sud des États-Unis. Alors que sa compagnie navale périclite, le capitaine Abner Marsh reçoit une étrange proposition : Joshua York, un inconnu richissime, lui offre de construire le bateau de ses rêves, à la condition de le prendre comme associé et d’accepter ses amis à son bord. Le courant passe entre les deux hommes et le rêve d’Abner devient réalité : construit en quelques mois, le Fevre Dream est le plus grandiose bateau à vapeur du Mississippi. Le voyage sur le Grand fleuve commence, mais très vite d’étranges rumeurs se répandent parmi l’équipage au sujet du comportement bizarre de Joshua et de son habitude de dîner à minuit. Incrédule, Abner réalise peu à peu la nature de son associé, qui lui fait enfin part de son véritable projet : réconcilier le peuple des vampires avec l’humanité…
Je n’ai pas de mot universel pour me définir, dit Joshua. En notre langue actuelle, vous autres pouvez m’appeler vampire, loup-garou, sorcier, nécromant, lycanthrope, goule, lamie. D’autres langues emploient d’autres mots : Nosferatu, odoroten, upir… Tant de noms pour ces pauvres créatures dont je suis. Je ne les aime pas. Je ne suis rien de tout cela. Et pourtant, je n’ai rien à proposer à leur place. Nous n’avons pas de langue. Nous nous servons de celles des hommes, de leurs dénominations. Nous ne sommes pas humains, mais nous ne sommes pas des vampires non plus. Nous sommes… une autre race. Lorsque nous nous désignons, c’est général par un mot d’une de vos langues auquel nous attribuons secrètement un sens précis. Nous sommes les gens de la nuit, les gens du sang
Outre son désormais célèbre cycle du « Trône de fer », G. R. R. Martin est également l’auteur de nombreux autres romans, aussi bien de fantasy que de science-fiction ou de fantastique, comme ce « Riverdream » prenant place sur les fleuves de l’Amérique du XIXe siècle et mettant en scène l’amitié improbable entre deux hommes que tout semble opposer : Abner Marsh, marinier un peu rustre et bon vivant, malchanceux en affaires mais mu par un amour incommensurable pour le fleuve et ses navires, et Joshua York, dandy riche et charismatique qui serait l’associé idéal si son comportement et certaines de ses habitudes n’étaient pas aussi… perturbants. Généralement peu enthousiasmée par les histoires de vampires, notamment depuis le déferlement ces dernières années de la bit-lit, ce sont, je l’avoue, avant tout le nom de l’auteur et l’originalité du cadre qui m’ont incitée à sauter le pas et à me lancer dans la lecture de ce roman. Et bien m’en a pris ! G. R. R. Martin nous plonge ici dans une histoire passionnante à l’ambiance très particulière, souvent oppressante, et qui n’est pas sans rappeler à certains moments celle du fameux « Entretien avec un vampire » d’Anne Rice.
Si le rythme est parfois un peu lent, notamment dans la première partie, pas une seule seconde l’ennuie ne pointe, tant l’intrigue et le monde dans lequel nous plonge l’auteur sont fascinants. On prend ainsi un plaisir délectable à naviguer sur ce fleuve à bord du Rêve de Fèvre, vapeur faisant la fierté des deux protagonistes et que l’on en vient presque à considérer au fil du roman comme un personnage à part entière. En parlant de personnages, ceux-ci se révèlent tous captivants et très attachants, qu’il s’agisse de l’utopiste Joshua, de la belle et envoûtante Valérie, et surtout d’Abner Marsh, capitaine au grand cœur qui parvient sans mal à nous toucher et à nous faire nous émouvoir du sort de son précieux vapeur que l’on en vient également à chérir. Qu’il s’agisse des protagonistes ou des personnages plus secondaires, tous possèdent une personnalité fouillée et complexe, à commencer par ces fameux « gens de la nuit » que l’auteur parvient à rendre convaincants car à la fois fidèles à ce à quoi on pouvait s’attendre tout en possédant des caractéristiques particulières qui les rendent plus mystérieux encore.
« Riverdream » est un roman véritablement immersif dans lequel on se plonge avec délice et que l’on ne quitte pas sans un petit pincement de regret. Ce n’est pas de sitôt que je risque d’oublier la formidable histoire du Rêve de Fèvre et de ses deux capitaines !
Autres critiques : Célindanaé (Au pays des Cave Trolls)
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