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Ceux qui ne dormaient pas : Journal, 1944-1946
Titre : Ceux qui ne dormaient pas : Journal, 1944-1946
Auteur : Jacqueline Mesnil-Amar
Éditeur : Éditions de Minuit / Éditions Stock / Le livre de Poche
Date de publication : 1957 / 2009 / 2010Synopsis : Ce livre est le journal intime tenu par l’auteur (1909-1987) depuis l’arrestation par la Gestapo de son mari, résistant juif, jusqu’à l’évasion de celui-ci du wagon qui l’emmenait, lui et ses camarades, à Auschwitz ; autrement dit du 18 juillet au 24 août 1944. Elle confie à son journal ses inquiétudes d’abord, l’amour immense qui la lie à son mari pour qui elle craint les tortures et la mort ; mais elle raconte aussi le quotidien d’une femme de la bourgeoisie juive française, très assimilée, très cultivée, dont l’enfance s’est déroulée dans les beaux quartiers de Paris et qui découvre avec la guerre qu’être française juive ce n’est pas tout à fait la même chose qu’être française non-juive.
A-t-il bu ? A-t-il mangé ? Dort-il un peu pendant ces longues nuits fiévreuses de prison ? Va-t-on le… maltraiter ? Il y a des gens qui racontent ce qu’on leur fait, et comment on les reconduit dans leur cellule, dans quel état, dans quel état…
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Zapping ciné avril 2017 (ter)
Si vous ne partez pas vous ressourcer entre ce deuxième tour présidentiel rude pour nos nerfs, évadez-vous au cinéma ! Voici quelques avis de votre serviteur.
Les initiés
Un sujet tabou, l’homosexualité en Afrique du Sud, est le fil conducteur de ce premier film. Une réflexion aussi sur la place de l’homme dans une société qui refuse toute autre sexualité que celle d’être hétéro. Trengove filme les rapports au plus près des corps avec une forme de brutalité comme si, malgré leur désir, l’acte se devait d’être viril, sans la moindre tendresse. Remarquablement dirigé, « Les initiés » propose une réflexion intéressante sur la place des homosexuels dans une société repliée sur la « normalité » hétéro. Jusqu’à une fin violente et radicale. Après « Moonlight » un nouveau film fort et prenant.
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Le silence de mon père
Titre : Le silence de mon père
Auteur : Doan Bui
Éditeur : L’Iconoclaste
Date de publication : 23 mars 2016
Récompenses : Prix Amerigo Vespucci – 2016Synopsis : C’est l’histoire d’un père enfermé dans le silence. De sa fille qui part à la recherche de l’homme qu’il fut. C’est une enquête intime menée comme un polar, un voyage dans les secrets de famille, les exils et la mémoire, de la banlieue du Mans aux ruelles de Hanoi. Un récit, un roman-quête en forme de puzzle.
Dès que mon père parlait sa langue, sa voix portait davantage. Dans la rue, les gens se retournaient parfois. Adolescente, j’avais honte. Aujourd’hui, j’ai honte d’avoir eu honte. Tous les adolescents rejettent leurs parents. Mais pour les enfants d’immigrés, le rejet est plus sournois : avoir honte de ses parents, c’est avoir honte de ses racines, avoir honte de ce que vous êtes, tout simplement.
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Zapping ciné avril 2017 (bis)
Trois propositions à découvrir au ciné, si le cœur vous en dit !
Orpheline
Orpheline est un film qui ne laisse pas indifférent. Il pourra irriter tant le réalisateur filme au plus près cette femme, comme un objet sexuel ou maternel, mais, Arnaud des Pallières s’appuie aussi sur un puissant scénario qu’il mène parfaitement grâce à un montage d’une grande efficacité. Et puis, il y a ces magnifiques actrices qui nous bouleversent tour à tour, Adèle Haenel, Solène Rigot et Adèle Exarchopoulos : elles portent le film avec un talent fou. Rien que pour elles (et pour la force de son récit), « Orpheline » est un très beau film.
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Grossir le Ciel
Titre : Grossir le Ciel
Auteur : Franck Bouysse
Éditeur : La Manufacture de livres / Le Livre de Poche
Date de publication : 2014 / 2016
Récompenses : Prix Polar Michel Lebrun 2015, Prix Polars Pourpres 2015, Prix des lecteurs de Villeneuve-Lez-Avignon 2015, Prix sud-ouest du polar (Gradignan) 2016Synopsis : L’abbé Pierre vient de mourir. Gus ne saurait dire pourquoi la nouvelle le remue de la sorte. Il ne l’avait pourtant jamais connu, cet homme-là, catholique de surcroît, alors que Gus est protestant. Mais sans savoir pourquoi, c’était un peu comme si l’abbé faisait partie de sa famille, et elle n’est pas bien grande, la famille de Gus. En fait, il n’en a plus vraiment, à part Abel et Mars. Mais qui aurait pu raisonnablement affirmer qu’un voisin et un chien représentaient une vraie famille ? Juste mieux que rien. C’est justement près de la ferme de son voisin Abel que Gus se poste en ce froid matin de janvier avec son calibre seize à canons superposés. Il a repéré du gibier. Mais au moment de tirer, un coup de feu. Abel sans doute a eu la même idée? Non. Longtemps après, Gus se dira qu’il n aurait jamais dû baisser les yeux. Il y avait cette grosse tache dans la neige. Gus va rester immobile, incapable de comprendre. La neige se colore en rouge, au fur et à mesure de sa chute. Que s’est-il passé chez Abel ?
Le vieil homme était d’une ancienne famille de meuniers qui s’était éteinte avec lui. Ici, les lignées, elles s’éteignent toutes les unes après les autres, comme des bougies qui n’ont plus de cire à brûler.
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Les deux vies de Baudouin
Titre : Les deux vies de Baudouin
Auteur : Fabien Toulmé (scénario et illustration). Coloriste Valérie Sierro
Éditeur : Editions Delcourt (Mirages)
Date de publication : 15 février 2017Synopsis : Baudouin est un trentenaire solitaire, enfermé dans un quotidien monotone. Son frère, Luc, est à l’inverse un esprit libre, voyageur et séducteur. Un jour, Baudouin se découvre une tumeur qui ne lui laisse que quelques mois à vivre. L’anti-héros décide alors de tout plaquer pour partir avec son frère. Un récit touchant sur les liens familiaux et sur le thème universel de la réalisation personnelle.
-Pleure pas frérot ! Je sais que c’est pas évident mais faut pas avoir peur…
-J’ai plus peur… Mais je suis en train de me rendre compte à quel point j’ai perdu du temps à vouloir mener une vie qui n’était pas la mienne…
-Toi au moins tu t’en rends compte. Il y a des gens qui n’auront jamais cette chance… et comme ils disent ici « quand une antilope sort de la forêt, elle ne demande pas à boire chez la gazelle ».
-Je ne suis pas sûr d’avoir bien compris ton proverbe…
-Moi non plus mais c’est le seul proverbe béninois que je connais.
-Toi, t’es balèze pour réconforter… -
Zapping ciné avril 2017
Un week-end de trois jours ! Voici trois propositions pour passer un bon moment au cinéma.
Corporate
La souffrance au travail qui mène au drame, le mépris de dirigeants qui usent de méthodes ignobles pour faire craquer des salariés… ; le film de Nicolas Silhol est un réquisitoire passionnant et implacable contre ces stratégies d’entreprises qui harcèlent sournoisement les éléments à éliminer. Il n’essaie pas de rendre sympathique son héroïne qui doit se battre pour ne pas payer seule le suicide d’un homme poussé à bout. Céline Sallette est remarquable (comme toujours) dans ce rôle ambigu, entourée d’excellents partenaires (Lambert Wilson, Stéphane De Groodt ou Violaine Fumeau). Un premier film aussi passionnant que terrifiant.
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Gérard, cinq années dans les pattes de Depardieu
Titre : Gérard, cinq années dans les pattes de Depardieu
Auteur : Mathieu Sapin
Éditeur : Dargaud
Date de publication : 17 mars 2017Synopsis : Mathieu Sapin rencontre Gérard Depardieu en 2012. Il l’accompagne en Azerbaïdjan à l’occasion du tournage, pour Arte, d’un documentaire sur les traces d’Alexandre Dumas. Une relation unique se noue entre les deux artistes. Dès lors, Gérard Depardieu va inviter Mathieu Sapin à partager son univers, ses pensées (philosophiques ou triviales), ses coups de gueule, que ce soit lors de tournages, au Portugal ou aux quatre coins de l’Europe, d’un voyage exceptionnel en Russie ou, tout simplement, d’un repas dans la cuisine de son hôtel particulier parisien.
-Tiens, mange, toi ! T’es trop maigre.
-Dans les campagnes françaises on n’aime pas les gens maigres. -
Nous rêvions juste de liberté
Titre : Nous rêvions juste de liberté
Auteur : Henri Loevenbruck
Éditeur : Flammarion / J’ai lu
Date de publication : 2015 / 2017Synopsis : « Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté. » Ce rêve, la bande d’Hugo va l’exaucer en fuyant la petite ville de Providence pour traverser le pays à moto. Ensemble, ils vont former un clan où l’indépendance et l’amitié règnent en maîtres. Ensemble ils vont, pour le meilleur et pour le pire, découvrir que la liberté se paie cher. Nous rêvions juste de liberté réussit le tour de force d’être à la fois un roman initiatique, une fable sur l’amitié en même temps que le récit d’une aventure.
Dans la vie, je crois qu’il vaut mieux montrer ses vrais défauts que ses fausses qualités. Vaut mieux surprendre que décevoir.
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Les derniers jours d'un homme
Titre : Les derniers jours d’un homme
Auteur : Pascal Dessaint
Éditeur : Editions Rivages
Date de publication : 2010 (mars) / 2013 (avril)Synopsis : Une cité industrielle du Nord-Pas-de-Calais où la pollution a tout gangrené. A quinze ans d’intervalle, deux voix se répondent. Celle d’un père, Clément, et celle de sa fille Judith. Ce sont des voix endeuillées. Clément raconte la mort de sa jeune épouse et l’horreur de l’usine qu’il finit par quitter, pour arriver au drame qui va tout faire basculer. Judith, elle, est âgée de dix-huit ans et orpheline. Elle parle de sa vie avec son oncle Etienne, qui l’a élevée, et cherche à éclaircir le mystère de la mort brutale de son père.
Quand les gens ne sont pas capables de s’inquiéter de votre sort, ce n’est pas la peine de leur offrir le spectacle de votre désastre.