Le Dévoreur de souvenirs, tome 1
Titre : Le Dévoreur de souvenirs, tome 1
Cycle/Série : Le Dévoreur de souvenirs, tome 1
Scénariste : Kyoya Origami
Dessinateur : Nachiyo Murayama
Éditeur : Delcourt [site officiel]
Date de publication : 26 août 2020
Synopsis : Parfois, ne vaut-il pas mieux laisser le passé derrière soit pour mieux avancer ?
Ryôichi, étudiant, mène des recherches sur les légendes urbaines et s’intéresse à la façon dont elles sont propagées. Alors que plusieurs personnes perdent étrangement la mémoire autour de lui, il entend parler d’un mystérieux monstre, le Kiokuya, qui se nourrit de souvenirs. Mais ce Kiokuya existe-il vraiment ? Et pourquoi chercherait-il à effacer la mémoire de ceux qui viennent le voir ?
C’est sûrement… un coup du Kiokuya.
Découvert à un Point Lecture du village, Le Dévoreur de souvenirs est un manga scénarisé par Kyoya Origami et dessiné par Nachiyo Murayama aux éditions Delcourt (2020 pour ce premier volume, deux ans après la publication originale).
Amnésie sélective
Ryôichi étudie à l’université et, parmi ses sujets de recherche, se trouvent les légendes urbaines. Il s’intéresse à un cas qui anime son quartier, le personnage de Kiokuya. Sa grand-mère lui en a parlé, son amie d’enfance, Maki, semble en être fascinée et même sa camarade de classe Kyôko a l’air de s’y intéresser de près. Or, au fur et à mesure de ses recherches, Ryôichi saisit que plusieurs d’entre eux ont perdu une partie de leurs souvenirs, comme si quelqu’un les avait supprimés avec un lavage de cerveaux. La quête de Ryôichi débute ainsi, par de simples recherches universitaires, mais la légende du Kiokuya ne se laisse pas dompter si facilement. Il se lance alors à la poursuite de témoignages sur la perte de mémoire subite et tente de comprendre qui est ce mystérieux personnage au pouvoir si étonnant, s’il existe bien, forcément. Et s’il compte en faire le Bien ou le Mal.
Récit fantastique mais classique
Le Dévoreur de souvenirs est, durant ce premier tome, un pur récit fantastique au sens où il expose un problème dans une société donnée et on ne sait jamais vraiment si cela relève du surnaturel ou de l’exagération. Ici, le fait de pouvoir demander à un être, quel qu’il soit, de supprimer un souvenir malheureux de notre conscience est le cœur de l’intrigue, à savoir si c’est possible ou non. Le volume en lui-même répond déjà plusieurs fois à la question, mais la tentation est plutôt très bien gérée dans ce premier tome puisqu’à plusieurs reprises, le protagoniste sert d’avocat du diable vis-à-vis du lecteur et envisage le pire dans les volontés de ce mystérieux Kiokuya. Les personnages, eux, restent malheureusement trop classiques dans leur dimension sociale : ainsi, trois femmes secondent tour à tour le héros, elles ne se parlent pas et ne servent qu’à le mettre en valeur (tant pis pour le test de Bechdel-Wallace !), voilà qui ne favorise pas l’égalité contre le sexisme. De même, un personnage survient pour aider le héros à résoudre son enquête ; or, il réunit en lui une quantité folle de clichés : jeune avocat brillant, ayant son propre majordome, il ne fait que des actions bénévoles à vertu philanthropique, sans nous dire comment il a accumulé autant de revenus auparavant. Cet aspect gâche un peu l’intrigue, car comme c’est un récit qui s’appuie sur les préceptes du genre fantastique, hormis l’élément non naturel (une personne pourrait supprimer des souvenirs), tout le reste doit s’approcher un maximum d’une vie quotidienne réaliste.
Classicisme du dessin
Côté graphique, ce manga noir et blanc reste très sage dans sa conception, collant à l’ambiance très réaliste de la vie quotidienne de Ryôichi. Mais heureusement, l’élément essentiel, le Kiokuyan est mis en valeur par quelques recherches en dessin, soit des filets de couleur noire qui transcrivent l’oubli de tel ou tel visage, soit des mains posées ça et là sur des souvenirs ou des dialogues pour rappeler qu’un être semble tirer les ficelles. À côté de cela, Nachiyo Murayama reprend ce qu’on trouve dans quantités de mangas très divers : les petites saynètes pour expliquer une gêne pour tel personnage ou préciser une blague plus dure à expliquer. Heureusement, les personnages féminins ne sont pas moins habillés que les autres sans raison, c’est plus agréable ainsi.
En conclusion, cette première partie du diptyque Le Dévoreur de souvenirs capte l’attention de façon efficace, malgré quelques choix conservateurs qui peuvent faire tiquer, l’intrigue est efficace et l’envie de lire la deuxième partie est bien présente.
Voir aussi :
Tome 2
Autres critiques :
Tachan (Les Blablas de Tachan)