Fantasy

Les Héritiers

Les Héritiers

Titre : Les Héritiers
Auteur : Fabien Clavel
Éditeur : ActuSF
Date de publication : 2021 (mars)

Synopsis : En pleine Belle Époque, Raphaël Acanthe, jeune séducteur, découvre à la faveur d’un duel qu’il est l’un de ces Faux-Semblants : un sylve.  De Paris au Sahara en passant par Budapest, cette découverte l’emmène dans un engrenage infernal, entre les diverses factions de fées et les complots contre la Monarchie féerique. Entraîné malgré lui dans cette intrigue tentaculaire, Raphaël en compagnie d’un groupe hétéroclite de Faux-Semblants, dont Béla, un pitoyable mais si attachant vampyr, et Una, une dangereuse fleur de métal, va mettre à jour une terrifiante machination qui pourrait dévoiler au monde l’existence des fées. 

Un nouveau roman dans l’univers de « Feuillets de cuivre »…

Que se soit à destination de la jeunesse ou d’un public plus adulte, Fabien Clavel est un auteur prolifique qui publie depuis des années des romans d’imaginaire qui font souvent la part belle à l’histoire ou la mythologie. Après nous avoir régalé il y a six ans avec « Feuillets de cuivre », un mélange de steampunk et de polar mettant en scène un détective hors norme usant de littérature pour résoudre ses enquêtes, l’auteur revient au même univers avec « Les Héritiers ». L’ouvrage n’est toutefois en rien une suite du précédent puisqu’il a été écrit bien avant et s’inspire d’un jeu de rôle créé au début des années 1990 par Eric Pâris et Isabelle Périer. Nous avons donc affaire au tout premier roman de l’auteur, non publié jusqu’alors et maintes fois remanié depuis son écriture en 2001. [A noter que l’auteur a également lancé un projet de financement participatif l’an dernier pour la sortie d’un jeu de rôle éponyme.] L’univers mis en scène ici s’inspire d’une période baptisée la « Belle Époque » et qui se situe entre la fin du XIXe et le début du XXe. L’action se passe à Paris, où, comme partout ailleurs, des créatures surnaturelles vivent cachées parmi les humains et se sont organisées en société parallèle, gérant leurs affaires dans leur coin et obéissant à leurs propres règles. L’idée n’a rien de très originale, et on pense évidemment au fameux « Paris des merveilles » de Pierre Pevel (même si le jeu dont s’inspire ici l’auteur est antérieur), et il faut reconnaître qu’on retrouve ici un mélange de steampunk et de fantasy urbaine relativement classique. Le roman met en scène un jeune homme, Raphaël Acanthe, qui découvre avec stupéfaction qu’il n’est pas un humain ordinaire mais bel et bien un être féerique, chose qu’il avait jusqu’à présent enfoui au plus profond de lui. A cette révélation pour le moins perturbante s’ajoute la prise de conscience du protagoniste d’avoir été entraîné malgré lui dans une lutte sans merci opposant des factions dont il ignore tout mais qui, visiblement, ont des choses à lui reprocher. Le héros va devoir se familiariser rapidement avec les us et coutumes de ses pairs Faux-Semblants et tenter de comprendre pourquoi tout le monde veut tenter de mettre la main sur un manuscrit faisant état de créatures féeriques étranges au coeur du Sahara.

… et une déception

Si j’affectionne d’ordinaire les romans de l’auteur, je dois avouer que je suis en grande partie passée à côté de celui-ci. Les raisons sont multiples, la première résidant sans doute dans la construction de l’intrigue elle-même qui se révèle tour à tour trop brouillonne ou précipitée. Les scènes d’action s’enchaînent à une vitesse folle, les retournements de situation aussi ce qui ne laisse que peu de place à la réflexion et l’exploitation de la psychologie des personnages. Le roman souffre également d’un trop grand nombre de longueurs, avec notamment toute une sous-intrigue loin d’être inintéressante (d’autant qu’on y retrouve l’inoubliable Ragon, héros de « Feuillets de cuivre ») mais qui vient s’ajouter au fil conducteur de manière très artificielle. Le récit aurait ainsi mérité d’être sacrément écrémé, ce qui aurait peut-être permis de mettre davantage l’accent sur des éléments clés de l’univers ou de l’intrigue qui sont ici expédiés trop rapidement. Les personnages ne figurent malheureusement pas non plus parmi les points forts du roman. Raphaël Acanthe est un protagoniste arrogant et antipathique au possible et aucune des épreuves surmontées ne viendront atténuer cette première impression désagréable ou nuancer son caractère. Les personnages secondaires restent eux aussi enfermés tout au long du roman dans le profil caricatural qui leur a été attribué : untel restera niais d’un bout à l’autre de l’aventure, un autre fourbe, l’autre servira sans cesse de ressort comique… Mon plus grand regret reste cela dit le traitement des personnages féminins, ou plus précisément de la seule femme véritablement mise en scène ici. Bien que loin d’être inactive sur le terrain, cette dernière peine à convaincre et reste figée dans une posture qui, certes, correspond à l’image qu’on se fait du rôle de la femme à la fin du XIXe siècle, mais aurait néanmoins pu être sacrément modernisée compte tenu de la grande marge de manœuvre de l’auteur. A la place, il faut se résoudre à subir un énième personnage de bombasse bad-ass qui s’insurge d’être traitée comme une moins que rien par ses homologues masculins mais se conforme en tout point à leurs attentes, tout en n’oubliant pas de succomber au charme irrésistible ( ! ?) du héros.

Vous l’aurez compris, le dernier (mais aussi premier) roman de Fabien Clavel m’aura laissé un sentiment très mitigé. La faute à un univers trop classique et une intrigue décousue qui mise sans cesse sur l’action et rend impossible un véritable développement des personnages.

Autres critiques : Célindanaé (Au pays des cave trolls) ; Dionysos (Le Bibliocosme) ; Jean-Claude Rouquet (Les Chroniques d’Arrakis)

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

2 commentaires

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