Jim Hawkins, tome 2 : Sombres héros de la mer
Titre : Sombres héros de la mer
Série : Jim Hawkins, tome 2
Auteur : Sébastien Vastra
Éditeur : Ankama
Date de publication : 2018 (février)
Synopsis : La carte du vieux Billy Bones en poche, Jim Hawkins quitte l’Angleterre avec pour objectif de retrouver le trésor du capitaine Flint. A bord de L’Hispaniola, commandée d’une main de fer par le capitaine Smollet, la tension monte et l’équipage fait corps derrière le charismatique cuisinier Kong John Silver. Sous les ailes de cet ange gardien, Jim poursuit son apprentissage et découvre que la vie dont il rêvait n’a rien d’idéal. Affronter les tempêtes sera inévitable s’il veut gagner sa place au milieu de ces loups de mer. Mais à mesure que l’île approche, les esprits s’échauffent et la fièvre de l’or pourrait bientôt réveiller les démons qui sommeillent sous les masques…
-Vous en avez déjà croisé dans vos voyages ?
-Des pirates ? Plusieurs fois, et tu vois, je suis toujours là ! Celui qui attaque avec un bateau est un pirate, celui qui le fait avec une flotte est un conquérant… Tout dépend de quel côté de la loi tu te trouves.
A bord de l’Hispaniola
Sébastien Vastra poursuit son adaptation du chef d’œuvre de Robert Louis Stevenson en bande dessinée avec ce deuxième album (« Sombres héros de la mer ») qui se révèle aussi beau et passionnant que le premier tome. Les bases de l’histoire sont posées, et tous les protagonistes sont désormais prêts à prendre la mer. Parmi eux, le jeune Hawkins est sans doute le plus anxieux, mais aussi le plus impatient : le voilà enfin en passe de vivre une véritable aventure ! A bord, la situation se révèle toutefois tendue entre les membres de l’équipage recrutés par Silver et les soldats de la marine qui exercent le commandement. Si tous sont conscients de devoir se tenir pendant la durée de la traversée, les plus avisés ont bien compris que les tensions risquent de s’exacerber une fois l’Hispaniola arrivée à destination. Surtout qu’il est question de mettre la main sur un trésor potentiellement faramineux, et que le charismatique Silver semble avoir en tête un tout autre plan que celui prévu… La bande dessinée suit les grandes lignes du roman d’origine dont les lecteurs seront ravis de revivre certains des épisodes les plus marquants : le voyage à bord de l’Hispaniola, Jim caché dans le tonneau de pommes et découvrant le double jeu de Silver, l’arrivée sur l’île et la rencontre avec Ben Gun… L’auteur prend également soin de développer les différents personnages qui possèdent des profils totalement différents. On assiste notamment à la complicité naissante entre Hawkins et le cuisinier Silver, qui décide de prendre sous son aile le jeune garçon pour qui la vie à bord d’un navire et ses désagréments représentent une nouveauté.
Une adaptation inventive
Les échanges entre le lionceau et son mentor sont également l’occasion pour Sébastien Vastra de nous exposer certaines des spécificités de l’époque, qu’il s’agisse de l’esclavage et de ses horreurs, on encore de la lutte hypocrite des autorités britanniques contre la piraterie. Le capitaine Roberts, l’Olonnais, Flint… : autant de grands noms évoqués par Silver et qui ne manqueront pas d’enflammer l’imagination du lecteur. Outre la qualité du scénario, on peut évidemment saluer la beauté des graphismes qui rendent véritablement hommage à l’œuvre de Stevenson. Le fait que l’auteur ait choisi de remplacer les hommes par des animaux anthropomorphes ne fait que rajouter un peu de sel à cette adaptation qui pourra ainsi sans doute toucher un plus large public (les ados semblent particulièrement réceptifs au concept). On pense évidemment à « Blacksad », non seulement parce qu’il s’agit de lions, de singes, de zèbres ou encore de poissons, mais surtout parce que, dans les deux cas, ces derniers sont représentés de manière très réaliste : à la fois très humains au niveau de leurs expressions faciales, ils n’en demeurent pas moins tout à fait conforme à leur nature animale dans leur comportement. Les scènes en mer sont également impressionnantes, et la tempête donne lieu à de magnifiques planches toutes en nuances de bleu. Il en va de même des évocations par Silver du passé glorieux des grands noms de la piraterie, à commencer par celui du capitaine Flint (un babouin aux traits marqués et à l’expression hantée) dont les rares apparitions, baignant chaque fois dans une inquiétante lumière dorée, se révèlent toujours aussi saisissantes.
Sébastien Vastra nous offre un deuxième album à la hauteur du précédent, et séduit autant par l’originalité de son scénario que par la qualité de ses dessins. Inutile de vous dire que c’est avec énormément d’impatience que j’attends la suite des aventures du lionceau Jim Hawinks ! Si vous êtes fan du roman de Stevenson, vous ne pourrez qu’apprécier l’hommage.
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