Science-Fiction

La cité de l’orque

Titre : La cité de l’orque
Auteur : Sam J. Miller
Éditeur : Albin Michel
Date de publication : 2019 (février)

Synopsis : Les bouleversements climatiques ont englouti une bonne partie des zones côtières. New York est tombé ; les États-Unis ont suivi. Au large de pays plongés dans le chaos, de nombreuses cités flottantes ont vu le jour. Régies par des actionnaires, elles abritent des millions de réfugiés. C’est sur Qaanaaq, l’une de ces immenses plateformes surpeuplées, qu’arrive un jour, par bateau, une étrange guerrière inuit. Elle est accompagnée d’un ours polaire et suivie, en mer, par une orque. Qui est-elle ? Est-elle venue ici pour se venger ? Sauver un être qui lui serait cher ?

Le monde après le réchauffement

22e siècle. Le monde tel que nous l’avons connu n’est plu, et le peu qui reste continue doucement de sombrer. Sur tous les continents, le réchauffement climatique, la montée des eaux et la disparition de la plupart des espèces animales et végétales ont provoqué des crises sans précédent et totalement rebattu les cartes. Alors que les pays plongent un à un dans le chaos et que leur population cherchent désespéramment un endroit sûr pour vivre, de nouvelles cités bâties sur les eaux voient le jour. Qaanaaq est l’une de ces villes flottantes, quelque part à l’est du Groenland et au nord de l’Islande. Conçue comme une sorte de projet expérimental financé par de riches actionnaires, la ville est divisée en huit Bras, autant de quartiers dans lesquels les expatriés de tous les continents s’entassent (les plus riches dans le Bras Un, les plus pauvres dans le Bras Huit). C’est sur cette île/cité que se déroule le roman de Sam J. Miller à côté duquel je suis complètement passée (et j’en suis la première navrée), au point de ne pas le terminer. Il est toujours délicat d’écrire une chronique sur un roman qu’on a abandonné en cours de route (chose qui m’arrive de manière rarissime), aussi me contenterais-je de vous exposer brièvement les éléments qui m’ont vraiment rebutée (sachant que je me suis arrêtée aux alentours de la deux centième page, soit pile la moitié). Le contexte dans lequel se déroule le récit, ainsi que toutes les thématiques qu’il ne manque pas de soulever, étaient pourtant prometteurs. Les conséquences du réchauffement climatique, la stratification de la société en différentes classes, la réaction des états à la crise écologique qui s’annonce… : autant d’éléments que j’attendais avec impatience de voir développés ici. Le problème c’est que, en dépit d’un cadre intriguant, je n’ai pas réussi à accrocher ni au style de l’auteur, ni à la construction narrative, ni à l’intrigue, ni aux personnages, ce qui aura finalement au raison de ma patience.

Lecture laborieuse et inachevée

L’auteur opte pour une alternance de points de vue qui nous permet de suivre quatre personnages différents. Les quatre sont des jeunes un peu désœuvrés, chacun gravitant dans un milieu très différent : Fill vit dans le quartier le plus huppé et voit sa vie chamboulée par l’annonce de sa contamination à un virus mortel ; Ankit travaille pour l’administration d’un des Bras et se retrouve elle aussi confrontée à des malades du virus ; Kaev fraye avec la pègre et s’est spécialisé dans les combats de boxe d’un genre un peu spécial ; Soq gravite dans les mêmes cercles et ressasse de noirs desseins. Premier problème : on peine pendant longtemps à comprendre où veut en venir l’intrigue, ni même parfois s’il y a une intrigue tout court. L’enquête menée par Ankit est intéressante, mais le parcours des trois garçons ne suscite très vite qu’ennui et perplexité. De même, on peine à comprendre la fascination mêlée de répulsion des habitants pour cette mystérieuse étrangère avec son orque et son ours à propos desquels l’auteur ne nous donne quasiment aucune information. Difficile dans ces conditions de se passionner pour la question… Les récits des quatre protagonistes sont de plus entrecoupés d’extraits d’un podcast à destination des nouveaux arrivants et se proposant de leur décrire la ville et ses coutumes. Or, le procédé est un peu maladroit : c’est presque comme si l’auteur n’avait pas su comment intégrer directement tous ces éléments dans la narration, et avait donc choisi la facilité en les en extrayant tout simplement. Pour ce qui est du style, je n’ai pas spécialement été gênée par la plume de l’auteur, en revanche j’ai eu beaucoup de mal à suivre les chapitres sur Soq qui, ne se considérant ni masculin, ni féminin, préfère qu’on parle de lui au pluriel. La chose est peut-être moins gênante en anglais, mais en français cela devient vite agaçant, surtout qu’on a l’impression qu’il s’agit davantage d’une volonté de l’auteur de s’inscrire dans l’air du temps en invoquant un personnage trans-genre que d’une véritable nécessité pour l’intrigue.

Si le roman avait des atouts pour séduire, je n’ai malheureusement pas été sensible ni à la plume, ni à l’univers, ni aux personnages de Sam J. Miller. Si vous voulez avoir l’avis plus complet de lecteurs qui sont venus à bout du roman (et qui, globalement, sont assez enthousiastes), je vous conseille de consulter les liens ci-dessous.

Autres critiques : Blackwolf (Blog-O-livre) ; Célindanaé (Au pays des cave trolls) ; Le chien critique

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

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