Eternity Incorporated
Titre : Eternity Incorporated
Auteur : Raphaël Granier de Cassagnac
Éditeur : Mnémos (Dédales) / Hélios
Date de publication : juin 2011 / avril 2015
Synopsis : Plusieurs siècles après l’anéantissement de la civilisation par un virus inconnu, une partie de l’humanité survivante a trouvé refuge dans une ville-bulle régentée par un ordinateur central omnipotent.
Au sein de ce sanctuaire, nous vivons les destins entrecroisés de Sean, Ange et Gina.
Un changement majeur dans l’ordre de la Bulle les lance sur la quête dangereuse des secrets du Processeur et d’eux-même…
Physicien de métier, Raphaël Granier de Cassagnac signe avec ce roman un texte ambitieux qui conduira plus loin le lecteur dans sa réflexion sur notre futur.
En me réveillant ce jour-là, je sentis que l’aube nous avait apporté l’impossible.
Raphaël Granier de Cassagnac est physicien des particules, mais il est également auteur de différents ouvrages, notamment chez les éditions Mnémos (nouvelles, anthologies, directeur de la costaude collection de beaux livres Ouroboros). Eternity Incorporated fut son premier roman, commencement d’une trilogie de science-fiction anticipatrice.
Tempête sous une Bulle
Suite à la propagation du Virus, les Terriens se sont réfugiés dans la Bulle afin de se protéger. Pour leur assurer un bien-être complet, l’ensemble de la population est organisée par un immense organisme tentaculaire, le Processeur. Or, de bon matin, sans aucune prévision ni prévision et encore moins de signes avant-coureurs, le Processeur s’arrête net : l’intrigue se lance ainsi sur le mystère de cette disparition tragique pour un certain nombre de personnages. La narration alterne entre trois personnages, trois habitants d’égale importance : Ange Barnett, agent de la police externe ; Sean Factory, artiste underground (ou plutôt borderground ici, car il vit sur la marge de la Bulle), et Gina Courage, une des administratrices en charge du Processeur. Le passage de l’un à l’autre est au départ très évident, puisque l’auteur replace directement les prénoms afin qu’on se repère, puis progressivement, cela consiste à quelques éléments caractéristiques, avant de nous laisser sans aucun repère plus on s’approche de la fin.
Un post-apo politique
L’avantage de plonger une population sous sédatif politique dans une situation toute neuve où chacun doit bouleverser sa vie et ses réflexion est que, forcément, il y a plein d’idées à glisser dans l’intrigue, une quantité folle de possibilités s’offre à l’auteur. Quelle légitimité pour les dirigeants une fois que l’entité omnipotente, le Processeur, est désactivée ? Quels sont tous les courants politiques qui peuvent émerger quand tous les choix redeviennent possibles ? Quel scrutin mettre en place pour savoir qui va décider ? Qui doit surveiller ceux qui veillent sur la population ? Même si les questionnements sont passionnants et foisonnants, difficile de ne pas se perdre dans cette multitude de directions : en sautant des positionnements militaristes des agents de l’ordre aux envies plus libertaires des gens des bordures, puis en alternant avec les visées gestionnaires des administrateurs parfois trop zélés, on cherche constamment le bon appui, d’autant que les personnages qui portent ces velléités ne sont pas toujours entraînants.
Une aventure qui cherche son but
Le mélange des genres entre le post-apo et le thriller politique est bien intéressant. Toutefois, entre le début et la fin de ce roman, le lecteur peut régulièrement se demander si le but n’en change pas régulièrement. Certes, l’intrigue est découpée en des parties distinctes qui séquencent notre avancée vers une vie sans Processeur pour régler la vie des gens de la Bulle, mais au fur et à mesure, le récit nous anesthésie un peu. Peut-être est-ce le but afin de nous faire ressentir l’apathie d’une bonne partie des habitants, d’autant qu’arriver aux deux tiers du roman, le rythme s’accélère au point de nous balancer à la fois de gros bouleversements dans la vie des trois personnages principaux et de grandes révélations sur les origines de la Bulle. Cette brutale mais agréable accélération rentre enfin en contradiction avec la toute fin qui sonne un peu comme une fuite ; à voir si un autre roman vient un jour combler nos questionnements finaux quasi métaphysiques (il existe d’ores et déjà une préquelle, Thinking Eternity, mais qui semble surtout faite pour nous expliquer les origines de ladite Bulle et de son Processeur).
Eternity Incorporated est donc un bon premier roman avec ses défauts d’organisation et d’orientation, forcément, mais se lit au fond agréablement une fois qu’on a pris le coup des alternances de points de vue.
Autres critiques :
Xapur (Les Lectures de Xapur)
5 commentaires
lutin82
Je l’ai dans ma wish-list celui-ci.
Je n’ai pas encore franchi le pas, car j’ai lu pas mal de post apo ou j’en ai encore dans le viseur. Un autre point qui me freine c’est l’aspect politique (souvent rimant avec moralisateur) je n’apprécie pas quand c’est trop appuyé.
Dionysos
Là, il essaie de proposer plusieurs points de vue (traditionalistes, conservateurs, libéraux, etc.) notamment dans la mise en scène d’une campagne électorale, donc la morale est quand même bien diluée.
Xapur
Ça date un peu mais j’avais bien aimé ces deux tomes dans le même univers.
Dionysos
Du coup, j’hésite à acheter le 2e. Je vais peut-être atteindre le bon moment.
Après, je dis ça mais si ça se trouve, aux Utos c’est plié.^^
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