Ira Dei, tome 1 : L’or des caïds
Titre : L’or des caïds
Cycle/Série : Ira dei, tome 1
Scénariste: Vincent Brugeas
Dessinateur: Ronan Toulhoat
Éditeur : Dargaud
Date de publication : 12 janvier 2018
Synopsis: En 1040, les armées de Byzance tentent de reconquérir la Sicile, alors aux mains des Arabes. Alors que la ville de Taormine résiste à Harald, le terrible chef varègues à la tête des troupes byzantines, un Normand nommé Tancrède et un jeune moine, Étienne, légat du pape proposent les services de leur petite troupe de mercenaires. À la demande d’Étienne, Tancrède se rapproche d’Harald et lui propose un marché : il fera tomber Taormine en trois jours, en échange de quoi il recevra les richesses de la cité. Même s’il comprend que Tancrède est en mesure de réaliser ce prodige, Harald se méfie de cet homme dont les yeux révèlent qu’il a « traversé les Enfers » et dont le passé mystérieux ressurgit peu à peu… Pourquoi l’Église a-t-elle fait de lui une arme au service de Dieu ? Et quelle revanche veut-il prendre aujourd’hui ?…
– Un normand est toujours le bienvenu parmi les miens. De combien d’hommes disposes-tu ?
– Une vingtaine, sire. Normands et Lombards pour la plupart, avec quelques Turkmènes et autres races guerrières de l’Est.
– Si peu ? Tu viens me déranger pour si peu ? L’un de mes officiers aurait très bien pu s’occuper de ta petite troupe…
– Je commande peu d’hommes, certes, mais j’en vaux bien mille.
Après avoir arpenté les sombres ruelles de la Paris de Philippe Auguste dans un premier cycle du Roy des Ribaud chez Akileos, Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat s’envolent vers d’autres cieux médiévaux et ont déposé leurs crayons dans le bassin méditerranéen du XIème siècle où des bras armés d’horizons très divers essaient de se tailler la part du lion. Pour cette occasion, les deux auteurs ont par ailleurs trouvé une autre crèmerie puisque Ira Dei, L’or des caïds est publié cette fois-ci chez Dargaud. On retrouvera d’ailleurs les talentueux auteurs au festival d’Angoulême entre le 25 et le 28 janvier prochain.
An de grâce 1040, la Sicile a connu le joug de multiples occupants successifs. Les musulmans sont les derniers en date, mais la situation demeure fragile et l’empereur byzantin Michel IV entend bien reprendre la main sur l’île. Alors que la cité sicilienne de Taormine est assiégée par une armée byzantine aux origines bigarrées, le Normand Tancrède accoste sur le littoral avec quelques hommes pour se joindre au combat. Derrière sa face balafrée, les projets de ce dernier sont bien mystérieux : vient-il seulement se remplir les poches en bon mercenaire? Pourquoi se fait-il appeler Tancrède alors que le diacre qui l’accompagne l’appelle Robert ? Bien vite en tout cas, son charisme et son expérience le font passer au premier plan de la conquête de Taormine.
Le scénario d’Ira Dei marque d’abord par son sérieux, Vincent Brugeas s’est intéressé de près à la période qui est dépeinte ici et la lecture ne peut en être que plus agréable. Les premières pages, dispensent un nombre d’informations important mais qui est nécessaire à la meilleure compréhension des enjeux du récit. L’intrigue inspirée par l’histoire n’en est que plus plausible, même si certains trouveront peut-être l’album bavard, mais le décor est très bien planté. Bavard, Ira Dei l’est aussi parce que le scénariste a imaginer d’excellents personnages dont le verbeux Tancrède tout d’abord, dont on apprend au travers de quelques courts flashbacks les péripéties qui ont précédées son arrivée en Sicile. Un brin badass, charismatique, manipulateur, sûr de lui, ce nouveau héros a tout pour plaire. Les autres protagonistes qui gravitent autour de Tancrède forment eux aussi un bien belle galerie dont la subtilité ne sera sans doute pas la plus grande qualité dans les scènes d’action qui parcourent cet album. Le gigantesque Guillaume avec sa hache guère plus courte que lui, Harald qui dirige le siège de Taormine ou encore le mystérieux diacre Etienne qui accompagne notre Tancrède sont des personnages intéressants à suivre et qui recèlent tous leur part de mystère.
Aussi salué pour son graphisme remarquable dans Le Roy des ribauds, Ronan Toulhoat récidive en fournissant à nouveau du très beau travail dans L’or des caïds même si le découpage est relativement classique. Mais le coup de crayon du dessinateur est, lui, toujours aussi précis, les personnages sont tous aussi réussis les uns que les autres, les ambiances lumineuses à la bougie sont somptueuses dans leurs tons orangés. L’album est globalement beaucoup plus clair que ce à quoi l’on était habitué dans son travail précédent. On trouve ainsi quelques superbes panoramas de la Sicile et de la mer qui la baigne. Les scènes d’action et de combat sont enfin toujours aussi bien mises en scènes et brillent par leur dynamisme. Les coups de pinceaux et d’épée de Ronan Toulhoat font merveille.
Une nouvelle série prometteuse, tant du point de vue du scénario que de la partie graphique, s’ouvre avec L’or des caïd, un album certes introductif, mais redoutablement efficace.
Autres critiques :Gromovar (Quoi de Neuf sur ma Pile ?)