Parlez-moi encore de lui
Titre : Parlez-moi encore de lui
Auteur : Lisa Vignoli
Éditeur : Éditions Stock (collection La Bleue)
Date de publication : 2017 (mai)
Synopsis : Jean-Michel Gravier n’était personne et il était tout. C’est le paradoxe de ce roi secret d’une époque, confident d’Isabelle Adjani, critique visionnaire du cinéma de Jean-Jacques Beineix, chroniqueur se rêvant écrivain, promeneur de célébrités, entremetteur de talents, fou de femmes et incapable de les aimer, éternel enfant grandi en province et étourdi de la gloire des autres. Lisa Vignoli n’a pas connu ce journaliste et chroniqueur mort trop tôt, en 1994. Pas non plus son époque, les années 80. La nostalgie qui étreint son livre est celle d’une autre génération que la sienne. Décalée comme Jean-Michel Gravier, passeuse de lumières qui s’éteignent si vite et se rallument parfois, elle s’est plongée dans sa vie comme on le fait dans ce livre doux et fluide, émouvant comme une longue étreinte, pour un dernier feu. Ultime brasier des vanités.
Ne cherche-t-on pas la notoriété pour donner de nos nouvelles à ceux qui nous ont oublié ?
Lisa Vignoli a choisi de nous raconter un destin atypique, celui d’un chroniqueur libre, capable de remuer ciel et terre pour défendre un film, un artiste.
Il fut l’ami d’Isabelle Adjani, de la grande Barbara, de Jean-Jacques Beineix, capable de mener à Cannes les débutants Valéria Bruni-Tedeschi et Vincent Perez sur ses propres deniers. Figure incontournable des soirées parisiennes des années 80, le journaliste Jean-Michel Gravier ou JMG, comme on l’appelait, ne laissait personne insensible. Il disparu tragiquement en 1994, comme tant d’autres, de cette terrible maladie qu’est le Sida.
Lisa Vignoli semble attirée viscéralement par la personnalité de ce mondain injustement oublié : on sent le regret de ne pas avoir pu croiser cet homme dont elle a connu l’existence par le journaliste Bruce Toussaint (qui lui a eu cette chance de travailler avec Gravier au début de sa carrière). A travers les témoignages, les rencontres, Lisa Vignoli marche sur les pas de Gravier, se glisse dans l’ombre du personnage comme pour ne faire qu’un. Le ton nostalgique, une qualité littéraire évidente, font que nous aussi, on sort ému de cette enquête magnifiquement restituée.
Une belle découverte ! On serait tenté de demander à Lisa Vignoli : « Parlez-nous encore de lui ».