Tokyo Ghost, tome 1 : Eden Atomique
Titre : Eden Atomique
Série : Tokyo Ghost, tome 1
Auteur : Rick Remender
Dessinateur : Sean Murphy
Coloriste : Matt Hollingsworth
Éditeur : Urban Comics (collecyion Indies)
Date de publication : 27 mai 2016
Synopsis : L’archipel de Los Angeles, 2089. L’Humanité est devenue totalement accro à la technologie. Créer le buzz est désormais l’unique motivation d’une population tenue dans une dépendance virtuelle et asservie par un gouvernement ouvertement criminel. Et vers les criminels se tournent-ils lorsqu’ils doivent faire appliquer leur loi ? Led Dent et Debbie Decay sont le bras armé de ce pouvoir corrompue et leur prochaine mission les emmènera en plein coeur des Jardins Préservés de Tokyo, bien au-delà de l’influence de leurs commanditaires.
Alors que la vie humaine est devenue inutile, je la valorise. Chaque émission regardée est un achat. Ces achats font avancer l’industrie et créent des emplois. La consommation donne un sens à la vie humaine!
Au crépuscule du XXIème siècle, il ne reste guère plus que les décombres de la ville de Los Angeles, réduite à quelques îles. Sa population, à vrai dire, n’a pas tellement meilleure allure. Plus que jamais la société est clivée entre les pauvres des bas-fonds, qui se livrent au cannibalisme tant la faim sévit, et les riches vautrés dans le luxe. Tous ces êtres humains pourtant ont un point commun: ils vivent dans une société du divertissement perpétuel en recevant directement au cerveau, par le biais de nanotechnologies, internet, télévision, jeux. Ce flot continue d’informations et d’images est devenue une addiction. La quasi totalité de la population ne voit plus le monde que par écran interposé. Ou bien, au contraire, il peut aussi s’agir de ne plus voir le monde tel qu’il est devenu, de le fuir.
Led Dent, en tous les cas, est lui l’un de ces junkies, et est en permanence les yeux plongés dans des écrans multiples projetés devant ses yeux. Pourtant, Led est un Agent aux muscles hypertrophiés qui depuis sa moto (qui n’est pas sans rappeler Akira) doit faire régner l’ordre. Complètement déconnecté de la réalité, le travail est effectué dans la pire violence pour Flak, le consortium du divertissement qui règne en maître dans la cité. Dans sa tâche, l’agent est assisté par son âme soeur, Debbie, tueuse à gage de son état, dernière zéro tech de la cité. Vierge de tout implant, c’est elle qui mène le duo. Debbie et Led viennent de conclure un gros coup en ayant mis un terme aux agissements du pirate Dave Trauma qui vient solder leur contrat pour Flak. Debbie n’aspire plus désormais qu’à une chose: fuir vers Neo Tokyo (Akira, je vous dis). J’ai écrit plus haut que toute la société était désormais branchée. Toute ? Non ! Car cette petite ville résiste encore et toujours à l’envahissante technologique. Une Neo-Tokyo aux allures féodales dans laquelle Debbie entend délivrer son homme, le désintoxiquer, et le retrouver après des années d’addiction.
Car, sur fond de société post-apocalyptique entre Mad Max, Judge Dredd et Gunnm, Tokyo Ghost est avant tout une histoire d’amour touchante et très bien écrite entre deux personnages que tout semble séparer. Elle, ne veut que lui offrir son amour, une relation charnelle, humaine, après tout. Lui, immergé dans un océan d’images, est encore à peine conscient de son existence. De ce qui dans les premières pages se présente comme un comics de Science-Fiction un peu bourrin est loin de s’arrêter à ces prémices appétissants. Ce premier tome est donc, cela a déjà été dit, rudement bien écrit. Il en découle d’ailleurs le seul défaut de cet opus, assez chargé en textes. Il y a beaucoup à lire et cela pèse un peu sur la fluidité de l’ensemble. C’est flagrant au travers de quelques pages de flash-back dans lesquelles les cases et leurs dialogues sont parallèlement accompagnées d’un petit texte. Deux textes pour une même case, c’est beaucoup, d’autant plus que cela porte préjudice à la taille de la case elle-même.
Cela se fait par ailleurs parfois au détriment du dessin de Sean Murphy. Et quel dessin ! Deux mondes se distinguent dans cet album: le monde urbain et pollué de Los Angeles, et l’univers plus organique de Neo Tokyo. Dans les deux cas, les cases fourmillent de détails en tous sens et donnent vie à l’ensemble. Il faut mentionner des perspectives absolument diaboliques, généralement autour de la moto de Led. Superbe. Les scènes d’action, nombreuses, brillent par leur dynamisme. Le tout s’accompagne d’un superbe travail sur la couleur de Matt Holligswhorth avec la prédominance de quelques teintes (bleu, rose, vert entre autres). La confrontation des deux univers dans ce même volume est vraiment grandiose.
Alors que le second tome sort dans toutes les bonnes librairies ce mois-ci, il était nécessaire de revenir sur l’excellente lecture qu’a constitué ce premier volume. Incontestablement l’un des meilleurs comics de 2016. A mon humble avis !
Voir aussi : Tome 2
Aucun commentaire
Aelinel Ymladris
En effet, les dessins sont très beaux. On dirait que le dessinateur s’est éclaté à les créer!
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