Fantasy

Sombres cités souterraines

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Titre : Sombres cités souterraines
Auteur : Lisa Goldstein
Éditeur : Les Moutons Électriques
Date de publication : 2017 (janvier)

Synopsis : Dans son enfance, Jerry avait été pris par sa mère comme modèle pour le héros d’une série d’aventures magiques. Reclus, le vieil homme a été retrouvé par une jeune journaliste, Ruthie, bien décidée a obtenir une interview. Ensemble, ils vont découvrir que la réalité ressemble étrangement à la fiction. Dans les souterrains du métro de la ville, d’anciens mythes rôdent et des dimensions différentes sont reliées.

Note 3.0

Il y a une tradition d’adultes qui inventent des histoires pour les enfants, mais peut-être… Peut-être qu’ils ont tous débuté comme votre mère a commencé ses livres, peut-être que c’était en fait les enfants qui ont raconté ces histoires aux adultes. Le point de vue établi veut que Lewis Caroll – Charles Dodgson – ait inventé ses histoires pour Alice et ses sœurs, et que J.-M. Barrie ait conté ses récits à cinq jeunes frères, dont l’un se prénommait Peter. Mais si ça s’était passé dans l’autre sens ? Si différents enfants, à différentes époques, étaient tombés par hasard sur cet endroit – le Monde d’en Bas – et avaient essayé de l’expliquer à un adulte ?

 

Nombreux sont les grands auteurs de livres jeunesse à avoir affirmer écrire leurs histoires pour des enfants de leur entourage. C’est le cas de Lewis Caroll et de son « Alice au pays des merveilles » inventée pour divertir la petite Alice Liddell, ou encore de James M. Barrie dont le « Peter Pan » aurait été destiné aux enfants de la famille Llewelyn Davies, sans parler de Kenneth Grahame ou même de J. R. R. Tolkien. Mais si c’était l’inverse qui c’était produit ? Si ces récits avaient été en fait seulement retranscrits par des adultes et inspirés des aventures véritablement vécues par des enfants dans un pays imaginaire ? C’est en tout cas le postulat de base de Lisa Goldstein dans « Sombres cités souterraines », roman initialement paru en 1999 et republié en ce début d’année par Les Moutons Électriques. L’idée de l’auteur est intéressante et nous permet de revisiter des lieux du quotidien à priori tout à fait banals (une banlieue résidentielle, un cimetière, le métro…) en les réenchantant au moyen du surnaturel. Difficile de ne pas faire le lien ici avec un autre roman, le fameux « Neverwhere » de Neil Gaiman qui envisageait lui aussi l’existence d’un monde souterrain inconnu des Londoniens « d’en haut » et peuplé de créatures farfelues et pour le moins inquiétantes.

Si le roman de Lisa Goldstein n’atteint pas le niveau de celui suscité, on se laisse néanmoins rapidement embarquer dans le récit qui pioche allègrement dans différents grands mythes dont les incarnations vont faire peser de graves dangers sur la vie (ou la raison) des protagonistes. Les lieux souterrains occupent également une place centrale dans le récit et, pour peu que vous soyez familier avec les lignes de métro de San Francisco, New York et surtout de Londres, vous ne manquerez pas d’éprouver un léger sentiment d’angoisse à voir ce décor du quotidien à priori dénué de tout mystère revêtir ici des aspects si inquiétants. Le seul véritable bémol que l’on pourrait signaler concerne le comportement des personnages qui acceptent avec à mon sens beaucoup trop de facilité la nature surnaturelle des événements dont ils sont témoins, ne manifestant que peu d’effroi face à la gravité ou l’étrangeté des scènes auxquelles ils se retrouvent confrontés. On pourrait également regretter quelques soucis de rythme dans le dernier quart dus à une complication à mon avis inutile de l’intrigue qui part alors dans trop de directions à la fois sans s’attarder suffisamment sur les révélation ou les personnages déjà évoqués.

Un roman surprenant qui regorge de références littéraires ou mythologiques intéressantes utilisées pour rendre un peu de son mystère et de sa magie à ces endroits souterrains dans lesquels nous circulons sans, à tort, leur accorder suffisamment d’attention.

Autres critiques :
Blackwolf (Blog-O-livre)
Célindanaé (Au pays des cave trolls)
Les chroniques du chroniqueur
Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres)

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

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