Récit contemporain

Légende

Légende

Titre : Légende
Auteur : Sylvain Prudhomme
Éditeur : Gallimard (collection L’arbalète)
Date de publication : 19 août 2016

Synopsis : La Crau, désert de pierres aux portes d’Arles. Pays ras, pays nu, abandonné au mistral et aux brebis. C’est là que vivent Nel et Matt, l’un, fils et petit-fils de bergers, aujourd’hui photographe, l’autre, constructeur de toilettes sèches publiques, réalisateur à ses heures perdues. Entre eux une amitié forte, belle. Jusqu’au jour où, travaillant à un nouveau film, Matt s’intéresse à la vie de deux cousins de Nel aujourd’hui disparus. Deux frères maudits, qui ont traversé comme des comètes ces mêmes paysages, se consumant à toute allure, en pleines années 1980. Allers-retours à Madagascar, adolescence sans parents, fêtes, violence, liberté, insouciance : la trajectoire des deux frères, aussi brève qu’intense, se recompose peu à peu. Échos et correspondances se tissent entre passé et présent, renvoyant Matt et Nel à leurs propres choix, nous interrogeant, à notre tour, sur notre place dans le monde.

Note 4.0

-A mon âge, on se fiche de tout, on peut dire ce qu’on pense.
-A tous les âges on peut, vous ne croyez pas ?
-Oui, mais je vois que les jeunes sont beaucoup moins courageux que les vieux. Est-ce que c’est l’époque ? Est-ce que c’est la vieillesse ?

Matt et Nel sont amis, le premier est un grand gaillard cinéaste amateur, le deuxième photographe et descendant de bergers. En voulant faire un film sur « La Chau », boite de nuit qui anima de nombreuses soirées de la région, Matt découvre alors le destin tragique de deux cousins de Nel, disparus en pleine force de l’âge. Fabien croque la vie à pleines dents tandis que Christian, jeune homme torturé et violent, se réfugie dans l’alcool et la drogue. Malgré une certaine réticence de Nel, Matt décide de recueillir des témoignages de cette époque. Les portraits se font plus précis, kaléidoscope d’une époque, d’une jeunesse insouciante terrassée notamment par le Sida.

Sylvain Prudhomme nous invite sur une terre harassée de soleil, bercée par une certaine mélancolie, aux portes d’Arles. Les descriptions minutieuses permettent de ressentir presque physiquement l’amour des personnages pour ces lieux chargés de souvenirs et renforcent forcément notre empathie pour ces hommes attachés à leur terre. Le style est des plus agréable, on s’installe dans ce roman comme on feuillette un album photos, entre tristesse et gaité, nous interrogeant aussi sur nos propres souvenirs qui nous ont construits. Un roman fin, profond, sur des années souvent charnières, porté par la belle plume de Sylvain Prudhomme.

Si la rentrée littéraire est de ce calibre là, notre rentrée à nous sera plus douce. Une belle découverte. Merci aux Éditions Gallimard.

Livrovore passionné de lecture, de cinéma, de théâtre et en règle générale par tout ce qui a trait à la culture, sans prétention.

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