Conte de la plaine et des bois
Titre : Conte de la plaine et des bois
Auteur : Jean-Claude Marguerite
Éditeur : Les Moutons Électriques
Date de publication : 2016 (septembre)
Synopsis : De retour dans son pays natal, le patron d’un grand studio de dessins animés entend aboyer Dick, son premier chien, pourtant mort il y a longtemps. Il sort à sa recherche, traverse la rivière, se perd dans les bois… où il croise un garçon qui accompagne « son » Dick pour son ultime voyage. Débute un périple à la frontière du fantastique – ils dorment dans une maison hantée, partagent la dernière noisette de Mister Kreekle, son personnage fétiche… Toute fin étant une question de point de vue, chacun des trois voyageurs proposera la sienne.
-C’est beau, dit l’enfant d’un ton habité de gravité.
-La beauté est dans nos yeux, Manu. Si tu remarques les belles choses qui sont autour de toi, tu deviendras une belle personne, une personne qui a un beau regard….
De Jean-Claude Marguerite, on connaît surtout le « Vaisseau ardent », un pavé de plus de 1600 pages, imposant et exigeant, consacré aux mythes en lien avec la piraterie. Rien à voir avec son dernier roman en date, « Conte de la plaine et des bois », qui se compose d’à peine plus de cent pages et dans lequel l’auteur a troqué la mer pour la forêt. Une forêt que l’on découvre par les yeux d’un vieil homme, grand patron d’un studio de production de dessin animé désormais retiré dans la contrée de son enfance qu’il tente tant bien que mal d’isoler de tout bruit et présence humaine indésirables. Un matin, le vieillard croit entendre aboyer le chien de son enfance, Dick, mort dans de tragiques circonstances alors qu’il était adolescent. Ni une, ni deux, le voici dehors en train d’arpenter cette forêt qu’il connaissait si bien autrefois mais qui lui réserve aujourd’hui bien des surprises. Si l’intrigue n’a clairement rien à voir, je n’ai pas pu m’empêcher de penser pour ce qui est de l’ambiance et du décor à une autre parution récente des Moutons, « L’autre herbier », un album dans lequel Nicolas et Amandine Labarre contaient le voyage fabuleux d’une jeune fille dans une forêt plus vraiment de notre monde. C’est un peu la même sensation qui nous assaille ici : on se retrouve dans un décor d’abord familier mais qui, peu à peu, semble relever d’avantage du fantastique, avec ses promeneurs improbables et ses chemins qui changent en fonction du sens dans lequel on les arpente.
Le voyage que nous propose ici l’auteur est avant tout un voyage dans les souvenirs du héros qui se remémore avec nostalgie au fil de sa promenade les moments les plus marquants qu’il a vécu dans cette forêt : la naissance du premier personnage de dessin animé qui lui valu son succès, ses promenades en familles, les longues heures passées aux côtés de son chien… Une sorte de rétrospective qui amène l’auteur à brasser tout un tas de thèmes, de la vieillesse à la mort en passant par l’amitié, la transmission du savoir et surtout la nature et l’émerveillement constant qu’elle procure à ceux qui savent la regarder. Le tout est porté par une plume travaillée et poétique qui donne lieu à des passages vraiment très beau qui ne manqueront pas de toucher le lecteur (la croisade des feuilles contre l’hiver, par exemple). Si « Le vaisseau ardent » était sans doute un peu trop long en dépit de son indéniable qualité, ce roman ci est en revanche un peu trop court : on aurait aimé en apprendre un peu plus sur la vie du protagoniste et assister à davantage de scènes le liant au jeune Manu avec lequel il entretient une attendrissante relation. Si l’ambiance dans laquelle baigne l’ensemble du récit est certes agréable, l’ouvrage pâtit donc d’un petit problème de rythme et manque de scènes marquantes capables de véritablement happer le lecteur.
Avec ce « Conte de la plaine et des bois », Jean-Claude Marguerite signe une petite fable touchante faisant la part belle à la nature qui retrouve ici tout son potentiel d’émerveillement. Une lecture sympathique qui permet de passer un joli moment.
Autres critiques : Mr K. (Cafards at Home)
Aucun commentaire
Lutin82
J’aime beaucoup la couverture. Simplement ce n’est pas suffisant pour me lancer. Il a l’air sympa, je verrai plus tard. Merci
lorhkan
Sympa peut-être, mais 160 pages pour 14€, sans frais de traduction puisque c’est un récit francophone, c’est un peu pousser mémé…
Les Moutons Électriques nous avaient déjà fait le coup avec « Dévoreur » (c’était même pire côté rapport prix/pages), faudrait pas que ça devienne une (mauvaise) habitude (même si je sais bien que le nombre de pages ne peut pas être le seul critère pour juger du prix d’un bouquin, mais quand même)…
Boudicca
C’est vrai que niveau prix c’est malheureusement assez dissuasif…
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Marguerite
Quand on a commencé ce récit on ne le quitte plus… C’est touchant et plusieurs fois bien émouvant. Bravo
bouchondesbois
Hum ! Je suis un peu rétive, je l’avoue : Le vaisseau ardent m’avait donné tellement de mal que… Je ne sais pas. Mais ta chronique me tente ! A voir 🙂