Une demi-couronne
Titre : Une demi-couronne (Half a Crown)
Cycle : La trilogie du subtil changement (Small Change), tome 3
Auteur : Jo Walton
Éditeur : Denoël (Lunes d’Encre) (fiche officielle)
Date de publication : 22 avril 2016 (2008 en VO)
Synopsis : Londres. 1960. Dix ans ont passé depuis l’attentat contre Hitler déjoué par Peter Carmichael. L’homme qui fut un brillant inspecteur de Scotland Yard dirige maintenant le Guet, la redoutable police secrète créée par Mark Normanby pour juguler l’opposition et traquer les Juifs. Il a adopté Elvira Royston, la fille de son ancien adjoint.
Alors que la jeune Elvira se forge lentement mais sûrement une conscience politique et découvre avec effroi les coulisses d’une Angleterre vendue au fascisme, de nouveaux mouvements sur l’échiquier politique secouent le pays. Le retour du duc de Windsor, fasciné par Hitler, n’étant pas le moindre.
En danger, plus que jamais, Carmichael va être confronté au plus grand défi de son existence.
Avec Une demi-couronne, Jo Walton clôt en beauté sa trilogie du Subtil changement (Le Cercle de Farthing, Hamlet au paradis) et nous rappelle que les Justes, aussi, peuvent écrire l’Histoire.
– En parlant de bombes, général Nakajima, vous pensez vraiment que la bombe atomique permettra de maintenir la paix dans le monde ? Jusqu’ici, elle a surtout dévasté la Russie.
– Des régions entières de l’ex-URSS vont luire dans le noir pendant des centaines d’années, reconnut le général Nakajima. Mais maintenant que son effroyable puissance a été démontrée, plus personne d’aura besoin d’y recourir. La menace suffira. À l’avenir, personne ne sera assez bête pour déclarer la guerre à une nation qui dispose d’une telle arme, car ce serait risquer l’annihilation. Et bientôt, toutes les nations auront la bombe. Comme je vous l’ai dit, nous entrons dans une ère de paix absolue.
Les couvertures froncent et l’uchronie énoncée comme un « Subtil changement » par Jo Walton prend là son dernier virage puisqu’elle conclut sa trilogie avec Une demi-couronne.
L’Histoire n’attend pas et une fois son rouleau compresseur enclenché, il ne s’arrête plus. Dans cette uchronie où le Royaume-Uni s’est très vite arrangé des invasions allemandes et japonaises de 1940, nous sommes déjà en 1960 pour découvrir que Londres et ses alentours plient de plus en plus sous le joug des antisémites, des autocrates et des fascisants. À l’occasion d’une conférence internationale, les événements se bousculent autour de la « Gestapo britannique », le Guet. L’auteur réécrit la Guerre froide, avec l’Allemagne et le Japon se partageant le monde, alors que les États-Unis et l’ex-URSS ont été dévastés.
Dans ce contexte maintenant bien implanté puisque c’est un troisième tome, après ses déboires pour étouffer certaines affaires, cacher son homosexualité, faire face aux chantages et de temps à autre sauver quelques juifs du terrible destin qui leur est concocté par le gouvernement de Mark Normanby qui se rapproche d’Adolf Hitler, nous retrouvons Peter Carmichael qui dirige désormais le Guet, équivalent britannique de la Gestapo avec le même type de pouvoirs élargis. Comme dans chaque tome de cette trilogie, et saluons au passage la constance de l’auteur, Carmichael n’est pas le seul narrateur et cette fois encore, c’est une femme, Elvira Royston qui n’est autre que la petite fille qu’il a adopté après les événements du deuxième tome. Cette dernière a bien grandi et ouvre doucement mais sûrement les yeux sur la société britannique qu’elle intègre par la porte aristocratique.
Avec « Half a Crown », c’était ce coup-ci beaucoup plus simple de choisir le titre pour l’éditeur, car la double allusion à la monnaie et à la monarchie fonctionne aussi en français. L’expression est d’ailleurs plusieurs fois replacée par l’auteur dans le texte, comme si c’était un mot-code pour rappeler que l’intrigue va avancer à tel moment-clé. C’est vrai qu’il y a besoin de temps à autre, car en se laissant bercer, l’histoire de Carmichael a un petit creux en milieu de roman, mais finalement l’intrigue reprend de plus belle quand les enjeux deviennent beaucoup trop grands : les deux héros sont noyés entre la Résistance qui commence à s’organiser, le gouvernement qui se fait de plus en plus autocratique et la « bonne société » qui ne fait rien pour contenir les élans fascistes des foules.
Comme dans les deux précédents volumes, cela commence doucement et bon enfant, puis tout s’accélère vers les deux tiers du roman au point que le lecteur se demande bien comment l’auteur va conclure son intrigue, et finalement quand le dénouement survient, on regrette de n’avoir que ces quelques pages à se mettre sous la dent. Pour finir sur une considération générale de cette trilogie, Jo Walton a tenu bon pendant trois tomes pour faire comprendre combien un si « subtil changement » peut tout faire basculer dans la vie de millions de personnes des réactions desquelles dépendent notre avenir. Cela peut être instructif dans le contexte troublé qui nous attend…
Voir aussi : Le Cercle de Farthing (tome 1) ; Hamlet au paradis (tome 2)
Autres critiques : Lhisbei (RSF Blog) ; Xapur (Les lectures de Xapur)
Aucun commentaire
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belette2911
Faudrait déjà que je commence par lire le premier ! La moitié est faite puisque je l’ai acheté déjà…
Dionysos
Et ben alors ???^^ Allez, allez, on arrête de travailler, et on se met à lire tout de suite !
belette2911
Oui, c’est pas faux !
— Hé, boss, leave the Belette alone ♫
Lutin82
J’ai clé au premier tome. L’uchronie était intéressante mais le rythme un peu trop mollason pour moi.
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